Découvrez l'événement spécial organisé par Albin Michel à l'occasion de la Journée Internationale des Droits de la Femme le 8 Mars, pour la sortie de "Torture Blanche" de Narges Mohammadi, une militante des droits humains et lauréate du Prix Nobel de la Paix 2023.
Racontant son témoignage poignant depuis la prison de Zanjan, et décrivant le traitement inhumain réservé aux prisonnières politiques en Iran, ce livre célèbre le combat courageux des femmes pour la liberté et la justice.
Découvrez "Torture blanche" : https://www.albin-michel.fr/torture-blanche-9782226492678
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Le "voile obligatoire" est la source principale de domination et de répression dans la société visant à maintenir et à perpétuer un gouvernement religieux autoritaire.
Personne n'entendait alors les histoires et les voix des mères endeuillées en quête de justice des années 1980, une décennie d'exécutions, de tortures, de viols et d'agressions dans les cellules et les prisons dont l'actuel président de la république islamique d'iran, Ebrahim Raisi, était l'un des instigateurs et des bourreaux. Parce que la tyrannie, sous le couvert de "religion", faisait régner sur l'Iran, l'oppression, la domination, la pauvreté généralisée et la misère débridée.
Je n'avais plus l'impression d'être un être humain normal.
Être dans une cellule d'isolement, c'est comme vivre dans une boîte de conserve.
La victoire n'est pas facile, mais elle est certaine.
Ce qui ne tue pas rend plus fort.
L’arrestation de mon époux, Taghi Rahmani, le 28 février 2001 aux côtés des membres du « Mouvement pour la Liberté » et des « National-religieux », marque le point de départ de mes activités contre les agissements illégaux du pouvoir judiciaire et des Gardiens de la révolution (pasdarans) en Iran. À cette occasion, j’ai rejoint les familles des détenus qui organisaient des rassemblements devant le Palais de Justice, le Parlement, les bureaux de l’ONU à Téhéran, et prenaient la parole dans les médias nationaux et internationaux, s’adressant aux divers responsables. Suite à ces faits, j’ai été rapidement convoquée à la 26ème chambre du Tribunal de la Révolution sous la direction de Hassan Zaré et interrogée par un membre des pasdarans au sujet des interview que j’avais accordés à la presse écrite. J’ai été ensuite conduite à la 26ème chambre où l’ordre de mon arrestation a été prononcé. Le juge en était absent, mais son remplaçant s’est chargé de la paperasserie. Le responsable du bureau a contacté ensuite le juge pour qu’il vienne signer l’ordre de ma détention. Il a mis une heure à arriver. Il a finalement signé le document sans m’adresser la moindre parole ni me poser de question.
Lors de mes interrogatoires, il m’arrivait de dire qu’Ali et Kiana me manquaient beaucoup. Un jour ils m’ont fait descendre de deux étages par le monte-charge. « Le maître est là ! » dit l’interrogateur. J’ai pénétré une pièce où étaient installés des caméras et des projecteurs. Je n’ai pas caché mon étonnement. Un homme de grande taille, dans la fleur de l’âge, en costume de ville, s’y trouvait. Si je l’avais rencontré ailleurs, je n’aurais jamais soupçonné son métier. Je crois qu’il méritait vraiment le titre de « maître » en la matière. Son visage était figé et sans expression. Lorsque je lui ai dit que j’étais une mère et que mes enfants se trouvaient en bas âge, il m’a rétorqué sèchement : « Et les mères de Gaza, ne sont-elles pas des mères ? » Cette réponse m’a fait comprendre qu’il était endoctriné et qu’il serait inutile de discuter avec lui.
Dès mon arrivée, j’étais choquée par ce comportement éhonté ainsi que par la grossièreté et l’impudence de ces gardiennes. Elles l’exprimaient sans honte et s’en vantaient ensuite avec fierté comme s’il s’agissait d’une prouesse remarquable. Elles m’ont remis un ensemble synthétique composé d’un manteau et d’un pantalon de couleur bleu marine. Je l’ai refusé en rétorquant que j’exigeais des vêtements confortables. « Tu n’as pas le choix », m’ont-elles répondu en y ajoutant un foulard noir aux fleurs blanches, un bandeau pour les yeux et un tchador. Une fois habillée de ces nippes, j’ai été emmenée directement à l’interrogatoire.
Ils m’ont mis un bandeau sur les yeux avant de me faire descendre de la voiture. J’ai pénétré le quartier de détention et regagné une toute petite cellule d’isolement. C’était la première fois que je mettais les pieds dans une cellule. Quel étrange endroit ! Une espèce de cube sans fenêtre ni issue vers l’extérieur. Une minuscule lucarne s’ouvrait vers le ciel, mais il était si haut sous le plafond que la lumière n’y passait presque pas. Une petite ampoule de 100 watt nichée en hauteur dans le creux du mur ne s’éteignait jamais.