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"Pour "Femmes, Vie, liberté"
Pour la liberté
Pour la liberté
Pour la liberté." Hymne de Femme, Vie, Liberté!

Masha Amini est tuée par le régime, après avoir été arrêtée pour un voile mal porté...

Le despotisme est rétabli après le révolution de 1979: les premières lois abrogées sont celles qui accordaient aux femmes, des droits durement acquis. Les femmes sont "invitées " à quitter l'espace public et à rester des mères procréatrices et obéissantes. le hijah et le voile deviennent obligatoires...

L'âge légal du mariage repasse à 9 ans.
Masha Amini est devenue l'icône de ce combat et
"Femme, Vie, Liberté" fleurit lors des manifestations!

L'interdiction du vin, des chants, des rires, des danses et des concerts de femmes. Les femmes ne peuvent pas quitter le pays, ou subir une opération, sans l'autorisation d'un "mâle".

Un quota de femmes dans les universités, et certaines études leur sont interdites... Pourtant, Maryam Mirzakhani a été la première femme honorée par la médaille Fields, équivalent d'un prix Nobel de mathématiques, en 2014.

80% des Iraniens dit "NON" à la tutelle autoproclamée des mollahs, grâce au pillage des caisses publiques pour financer les guerres par procuration, et aux "Gardiens de la révolution"... le bras armé du régime, depuis 44 ans, ils torturent, tuent ou violent en toute impunité...

"Et par le pouvoir d'un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer" liberté, Paul Eluard
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Femme, Vie, Liberté est un superbe roman graphique en soutien aux Iraniens.
Le 16 septembre 2022, en Iran, après avoir été arrêtée pour un voile mal ajusté, mourait sous les coups de la police des moeurs, Masha Jinâ Amini.
Son décès soulève alors une vague de protestations dans tout le pays et c'est le point de départ d'un mouvement féministe sans précédent, soutenu par les hommes.
Sophie de Sivry, l'âme des éditions de l'Iconoclaste et amie de Marjane Satrapi a souhaité faire quelque chose de concret pour rendre hommage à cette jeunesse iranienne.
Elle décide que le premier roman graphique de sa maison d'édition s'appellera Femme, Vie, Liberté, le slogan adopté par la foule iranienne, qui rallie les contestataires. Il paraît à quelques jours du premier anniversaire de la mort de Mahsa Jinâ Amini.
Sous la direction de Marjane Satrapi, autrice et réalisatrice, devenue célèbre avec la bande dessinée Persepolis, quatre dessinateurs iraniens et treize autres venant d'Europe et d'Amérique ont accepté de réaliser des bandes dessinées ou des illustrations à partir des textes ou des scénarios préparés par les experts que sont le politologue Farid Vahid, le reporter Jean-Pierre Perrin et le professeur historien Abbas Milani. Marjane Satrapi, quant à elle, a fait quelques dessins, la couverture (magnifique) et quelques textes.
C'est un ouvrage qui a deux vocations : expliquer ce qui se passe en Iran, décrypter les évènements et donner un signe aux Iraniens pour leur rappeler qu'ils ne sont pas seuls et que la société civile en Occident est engagée à leurs côtés.
Le résultat est un livre collectif graphique puissant, moderne, très riche et très instructif, un livre extrêmement poignant.
La première partie « Les évènements » raconte comment l'assassinat de Mahsa Amini a donné naissance à la première révolution féministe soutenue par les hommes de l'histoire, comment est né le slogan Femme, Vie, Liberté, comment la chanson Barâyeh (« pour » en persan) composée par le jeune chanteur iranien Shervin Hajipour, compilant des tweets sur les revendications des manifestants, est devenue virale, devenant l'hymne du mouvement et retrace les différents épisodes marquants de ce mouvement, puis la mobilisation des Iraniens et des Iraniennes, au risque d'être emprisonnés dans la prison d'Evin à la renommée sinistre et parfois au prix même de leur vie.
Une deuxième partie est intitulée « Un peu d'histoire », l'historique, afin de comprendre la complexité et la profondeur de ce qui se passe en Iran aujourd'hui, mais aussi le politique et le social.
À ce jour, l'ayatollah Khamenei est le guide suprême, le commandant en chef des forces armées et il détient la plus grande autorité légale et extra-légale pour contrôler et gouverner le pays. C'est de lui dont dépend le CGRI (Corps des Gardiens de la Révolution Islamique) qui, depuis quarante-quatre ans, arrête, torture et vole le peuple iranien.
L'Iran possède de nombreuses richesses naturelles mais aussi un système très corrompu qui contrôle tout.
Quant à la censure que ce soit au cinéma ou dans la littérature, on pourrait la qualifier de comique si elle n'était malheureusement pas aussi dramatique.
Le titre de la dernière partie « Un régime de fer… Un peuple qui résiste », résume à lui seul l'âme de ce roman graphique.
En effet, le peuple iranien, depuis plus de quatre décennies, résiste au régime de la République islamique qui essaie d'imposer sa loi.
Farid Vahid et l'illustratrice Bahareh Akrami brossent le portrait d'opposantes et opposants exécutés : absolument révoltant !
Si la république islamique interdit aux femmes de pratiquer le sport, mais également de soutenir des évènements sportifs, cela n'empêche pas les femmes iraniennes de braver cet interdit. C'est Jean-Pierre Perrin et les dessins de Coco qui mettent en scène cette chasse gardée et nous content l'histoire de « la fille bleue », Sahar Kodayari, qui elle aussi aimait le foot…
Mais l'espoir demeure, et pour les Iraniennes, l'art de la révolte est un combat quotidien qui se mène par pleins de petits gestes interdits mais qui sont loin d'être anodins et de son côté la diaspora iranienne se bat pour faire savoir et réagir l'opinion publique et les autorités occidentales. Cet ouvrage remarquable se termine sur des mots d'optimisme prononcés par Marjane : « Mais ce régime va tomber. le prochain soulèvement leur sera fatal. Ils ont fêté leurs 45 ans, ils n'iront pas jusqu'à 50. Il y a des choses qu'on ne peut pas arrêter. Comme une avalanche. »
Une situation politique iranienne sur le point d'exploser fait qu'un jour ou l'autre, ce régime va s'effondrer. Lentement ou rapidement. L'avenir le dira.
Des chapitres brefs, très explicites, facilement accessibles, des pages avec des dessins en noir et blanc, d'autres aux couleurs vives ou sombres composent ce roman graphique.
J'ai particulièrement apprécié la mise en image de la chanson Baraye, l'hymne de la révolte, par la graphiste Shabnam Adiban.
De même, j'ai trouvé originaux les deux petits personnages que rajoute Bahareh Akrami dans les planches qu'elle dessine. L'un, à son effigie, commente tandis que l'autre sous la forme d'un canard plein de gouaille, permet de sortir du politiquement correct. de plus, elle joue avec les polices de caractère, leur taille, rendant le texte très visuel et très attractif.
Il est impossible de résumer tous les attraits et intérêts de ce livre plein d'espoir, tant il est dense, varié et ô combien d'actualité.
J'ai été émerveillée par le courage qu'on peut qualifier d'insensé, dont fait preuve cette jeunesse que rien n'effraie et qui après quarante ans d'oppression silencieuse, s'est soulevée. La voix des femmes s'est élevée, soutenue pour la première fois par l'ensemble des classes de la société.
Il est tout à fait crucial et indispensable de ne pas laisser tomber ce combat dans l'oubli.
Je remercie très sincèrement et chaleureusement les Éditions de L'Iconoclaste et PAGE des libraires, la revue qui booste vos envies de lecture pour ce beau cadeau !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Baraye ! le chanteur iranien de 26 ans Shervin Hajipour, auteur de la chanson Barâyeh (Pour) a été condamné par un tribunal iranien, le 1er mars 2024, à trois ans et huit mois de prison pour «propagande contre le système» et «encouragement à manifester».
Sa superbe chanson, devenue un hymne mondial pour la paix a été composée en hommage à Mahsa Jîna Amini, cette jeune femme rouée de coups à la tête pour quelques mèches de cheveux qui dépassaient de son voile, et qui en est décédée.
Une très belle lecture qui met en lumière et en perspective les luttes des Iraniens jeunes et moins jeunes pour leurs droits, leurs libertés, et tout particulièrement sur la cause des femmes.
Je connaissais la plupart des faits, sans forcément les relier très bien entre eux, c'est la grande force de l'ouvrage, de nous apporter un éclairage puissant, une ouverture sur ce pays fermé.
Différents auteurs de BD, 17 si j'ai bien compté (Coco, Johann Sfar, Marjane Satrapi, Winschluss, …) illustrent avec talent des tranches de vie de militants, chacun luttant avec ses propres moyens (se couper les cheveux, assister à un match de foot masculin dans un stade pour une femme, faire un jogging, chanter, manifester…). Ces styles différents montrent avec force les difficultés au quotidien, les tortures, les arrestations subies par ceux qui se dressent contre les gardiens de la révolution islamique.
J'ai écouté en boucle cette chanson tout le week-end, tant elle est superbe, avec une émotion à fleur de peau et visionné le magnifique clip réalisé par Shabnam Adiban. La version avec Coldplay et Golshifteh Farahani (passée tout récemment à la grande librairie, un moment très émouvant qui en a fait perdre ses moyens à Augustin Trapenard) est également de toute beauté.
J'ai découvert le concept de torture blanche qui consiste à enfermer les prisonnières politiques dans une pièce entièrement blanche, sans repère de temps ni lumière naturelle. Torture blanche est le nom du livre (sorti hier 13/03) de Narges Mohammadi qui a subi cette torture ainsi que 14 autres prisonnières (p.239).
J'ai refermé ce superbe roman graphique le souffle coupé face au courage et à la ténacité du peuple iranien, qui nous rappelle à quel point nos droits ne doivent jamais être pris pour acquis.
Parler pour ne pas oublier. Ne pas oublier, Majidreza Rahnavard, 23 ans, pendu le 12 décembre 2022 à une grue sur une place de Mashhad, la grande ville sainte du Nord-Est de l'Iran. le jeune condamné à mort dit dans une vidéo ses dernières volontés : « Ne pleurez pas, ne lisez pas le Coran, ne priez pas, soyez joyeux et écoutez de la musique. » (p.80)
Les auteurs en fin d'ouvrage, et parmi eux Marjane Satrapi, dont j'avais tant aimé Perspepolis il y a quelques années, prennent le pari qu'un vent de liberté soufflera bientôt enfin sur l'Iran…
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Club N°55 : BD sélectionnée ❤️
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Essentiel, didactique et profondément humain.

MR
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Marjane Satrapi, entourée de spécialistes de l'Iran (politologues, historiens, journalistes) et de dessinateur propose, sous forme de chapitre de découvrir le mouvement révolutionnaire "Femme Vie Liberté".

De la mort de Masha Amini jusqu'à aujourd'hui, cet album rend hommage à tous les iraniens et les iraniennes qui combattent pour leur liberté.

Les histoires mises en cases sont parfois complétées de textes documentaires.

C'est une très belle réussite !

A lire absolument !

Virginie
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Un livre sur les origines et les motivations du mouvement Femme, Vie, Liberté qui est apparu par suite de la mort de Masha Amini, et plus généralement un livre recueil qui éclaire sur l'Iran depuis la Revolution Islamique de la fin des années 70 et des citoyens qui se battent aujourd'hui pour pouvoir vivre plus librement.

De nombreux collaborateurs aux dessins et à l'écriture, qui couvrent ce pays en quatre parties principales, les évènements depuis la mort de Masha Amini, une rétrospective historique du pays, la résistance de la population et une dernière partie plus faible sur l'après.

C'est assez complet et intéressant, et mérite clairement de trouver une très large audience.

Greg
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Lien : https://mediatheque.lannion...
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J'ai dans mes classes de FLE, des étudiants iraniens d'une vingtaine d'années, qui nous racontent, toujours le sourire aux lèvres mais avec une franche détermination, les combats contre la répression qu'ils ont laissés là-bas. La fuite des cerveaux, c'est eux. La jeunesse révoltée, prête à tout pour faire tomber le régime, c'est eux aussi. Les filles diplômées, courageuses, effrontées, et les garçons qui marchent à leurs côtés, les soutiennent, se battent ce sont eux aussi.
Du coup, de lire ce livre qui regroupe des dizaines d'auteurs de bandes dessinées et des spécialistes de l'Iran, sous la direction de Marjane Satrapi, m'a permis de retrouver leurs paroles, mais aussi de mieux les comprendre, de mieux comprendre pourquoi ces étudiants en particulier sont si déterminés et si curieux.
Ce livre, magnifique, permet de mieux comprendre le contexte à la fois historique, politique, religieux et sociétal de ce pays si riche culturellement. ET il est aussi terriblement révoltant de penser qu'en ce moment-même, des jeunes de vingt ans risquent à tout moment d'être emprisonnés arbitrairement et torturés voire fusillés et pourtant, continuent à manifester, organiser des fêtes clandestines, acheter de l'alcool, ôter le voile dans la rue, de simples gestes qui sont autant de signes de révolte.

En Iran, une faible partie de la population (moins de 20%) soutient le régime des Mollahs et ceux-ci jouissent de privilèges incroyables, d'une grande hypocrisie. Imaginez dans quelle sorte de schizophrénie vivent tous ces Iraniens: ce que les médias leur montrent, ce qu'on leur enseigne à l'école, ce qu'ils montrent publiquement est à l'opposé de ce qu'ils pensent et vivent en secret.

Femme vie liberté est le slogan des manifestations qui ont suivies la mort de Mahsa Amini, battue à mort pour un foulard mal mis. Depuis, les Iraniens ne décolèrent pas: la révolution est en marche.
Hasard des lectures: aujourd'hui, les enfants de Narges Mohammadi ont reçu le prix Nobel de la Paix en son nom à Stockholm; Narges est elle-même emprisonnée depuis 8 ans dans la tristement célèbre prison d'Evin, et a été condamnée à 31 ans d'emprisonnement pour sa défense des droits humains. Elle s'apprête à entamer une nouvelle grève de la faim.
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Jim, Jiyan, Azadi
slogan féministe kurde qui,
traduit, donne: Femme Vie Liberté.
16 septembre 2023 , premier anniversaire
de la mort de Masha Jina Amini .
Marjane Satrapi a réuni journalistes,
politologues, historiens et bdeîste
pour concocter ce très beau livre qui dit
l'enfer vécu au quotidien par le peuple iranien
et plus spécifiquement par les femmes
Cette mosaïque de témoignages est très argumentée.
L'Iran a la pendaison et les coups de fouets faciles
en réponse à tout manquement à l'ordre établi .
Ordre qui régente la vie publique
et les profondeurs de l'intime.
C'est passionnant, édifiant, très rythmé,
Les tons et les traits diffèrent
mais l'ensemble choral dirigé par Satrapi
cible au coeur.
A lire, à partager, à offrir sans aucune modération !

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Femme Vie Liberté poursuit deux objectifs. Celui d'essayer d'expliquer la complexité des événements qui se sont passés. Puis, le second est de signifier aux Iraniens que la communauté internationale reste à leurs côtés, même si l'ouverture vers le monde leur est bloquée.

Sous la direction de Marjane Satrapi, le roman graphique Femme Vie Liberté, composé de trois parties, rassemble les histoires dessinées d'auteurs et autrices qui, engagés dans ce combat, souhaitent relayer leurs explications, leurs ressentis pour une meilleure appréhension de la situation à l'international.

Hymne au courage et à la détermination
La première partie de Femme Vie Liberté reprend les événements du début de la révolte jusqu'aux exécutions et la cybersurveillance subit actuellement. Dans cette rubrique, “Ils vous regardent”, illustrée par Mana Neyestani, l'emprise du régime décrit l'implacabilité de la répression.

Bahareh Akrami est une de ces dessinateurs qui a repris ses publications sur Instagram, lors des premiers mois, pour les publier ici. Avec le récit des événements, intitulé L'étincelle de la révolte, la dessinatrice y intercale avec sa figure féminine, son avis, peu politiquement correct. Avec le canard, la dessinatrice exprime sa conscience. Paco Roca a aussi collaboré notamment à l'histoire de “Se révolter à vingt ans”.

La seconde partie de Femme Vie Liberté présente à partir de l'histoire contemporaine, l'analyse de la corruption entretenue par une élite iranienne décomplexée. C'est une véritable oligarchie qui concentre toutes les richesses. La nature de la propagande et de la répression avec les “gardiens de la révolution” est décrite dans ses différents aspects. Les fondements de la censure générale du régime y sont expliqués.

La troisième partie de Femme Vie Liberté est consacrée à la résistance organisée depuis le début du régime des Mollahs, soit plus d'une quarantaine d'années. La présentation du parcours de certains résistants est édifiante.

Coco raconte l'histoire de Sakar Khodayari, “la fille bleue”, qui a assisté à un match de foot et devait faire six mois de prison. Elle s'est immolée devant le tribunal. Elle avait 23 ans ! Évidemment, sont rappelés l'engagement de Nasrin Sotoudeh et son action comme avocate et militante. Mais, aussi, est rappelée l'importance de la diaspora iranienne qui permet à la communauté internationale de connaître ce qui se passe actuellement dans leur pays d'origine.

Pour ne pas oublier
À l'aide d'universitaires et d'historiens spécialistes de l'Iran, ce roman graphique rassemble autour de Marjane Satrapi dix-sept dessinateurs venant de tous horizons mais évidemment sensibilisés par leur engagement, leur histoire, et leurs idées auprès de ce mouvement Femme Vie Liberté.

Publié simultanément dans plusieurs pays, Femme Vie Liberté est accessible gratuitement en ligne en Persan pour tous les Iraniens.

Femme Vie Liberté est à découvrir pour apprendre sur ce pays qu'on connaît mal et pour ne pas oublier cette population qui aspire à la Liberté.
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Femme, Vie, Liberté est un superbe roman graphique en soutien aux Iraniens, une lecture indispensable pour comprendre ce qui se passe actuellement dans ce pays.
L'événement déclencheur a eu lieu le 16 septembre 2022 : ce jour-là Mahsa Amini est arrêtée pour un voile mal ajusté. Jetée en prison, elle meure peu après sous les coups de la police des moeurs.
Son décès soulève alors une vague de protestations dans tout le pays et c'est le point de départ d'un mouvement féministe sans précédent, soutenu par les hommes.
Leur slogan est Femme, Vie, Liberté.
Sous la direction de Marjane Satrapi, autrice et réalisatrice, devenue célèbre avec la bande dessinée Persepolis, quatre dessinateurs iraniens et treize autres venant d'Europe et d'Amérique ont réalisé des bandes dessinées ou des illustrations à partir des textes ou des scénarios préparés par un groupe d'experts : le politologue Farid Vahid, le reporter Jean-Pierre Perrin et l'historien Abbas Milani.
Le roman graphique qui découle de leur travail est riche, instructif, et très poignant.
Deux parties composent ce roman graphique : la première partie « Les évènements » retrace les différents épisodes marquants de ce mouvement féministe; la seconde « Un peu d'histoire », nous donne des repères afin de comprendre la complexité de la situation iranienne.
Malgré la répression brutale des autorités, l'espoir demeure, et pour les Iraniennes, la révolte est un combat quotidien qui se mène par pleins de petits gestes interdits mais qui sont loin d'être anodins. On a tous vu les images de ces lycéennes se découvrir et montrer leur majeur face aux portraits de l'ayatollah Khamenei.
Les mots pleins d'optimisme de Marjane qui clôturent ce récit seront également ma conclusion (en croisant les doigts) : « Mais ce régime va tomber. le prochain soulèvement leur sera fatal. Ils ont fêté leurs 45 ans, ils n'iront pas jusqu'à 50. Il y a des choses qu'on ne peut pas arrêter. Comme une avalanche. »
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femme-vie-liberté est bien plus qu'un slogan : c'est notre avenir.

Ce sont les femmes qui donnent la vie et souhaitent la liberté pour les enfants qu'elles mettent au monde. Ce sont les hommes qui donnent la mort et emprisonnent.
Bien sûr, "not all men" et "not all women" ; mais pour une criminelle, combien de meurtriers ?
Connaissez-vous le féminin de dictateur ? de mollah ? de taliban ? de bourreau ? de violeur ?
Djihadistes du Sahel, terroristes du hamas, du hezbollah, putschistes de Birmanie et d'ailleurs, poutine, kim, assad, khamenei, etc. peuvent-ils s'écrire au féminin ?

femme-vie-liberté : ces 3 mots sont indissociables. Comme sont indissociables les régimes et groupuscules qui asservissent, massacrent, emprisonnent, torturent, exécutent leurs propres populations ou les populations voisines.
Ce sont les mollahs qui financent hamas et hezbollah, responsables des massacres effroyables perpétrés en Israël ces derniers jours ; et ce sont les mêmes qui fournissent des drones meurtriers à poutine ; lequel tend la main vers toutes les mains sanglantes de cette terre, dans une ronde de l'horreur, de la mort et du mensonge à la fois prévisible et désespérante.

femme-vie-liberté est un livre d'une grande richesse, tant par la multiplicité des contributeurs et contributrices (au dessin ou pour les textes) que pour la variété des thèmes abordés : la révolution en cours en Iran, lancée par des femmes et soutenue par des hommes ; des hommages à quelques victimes emblématiques, parfois très jeunes, tombées pour la liberté ; l'histoire et les traditions du pays ; les méthodes du régime ; la vie de luxe et de débauche des fils et filles des dirigeants (lesquels ruinent leur pays et prônent la décence en tabassant à mort des adolescentes).

femme-vie-liberté est un livre indispensable : il faut l'acheter pour nous ouvrir à la réalité en Iran, pour financer sa diffusion dans le pays, en version électronique gratuite et traduite en persan et, enfin, pour faire vivre ce slogan, cette clé pour l'avenir : femme-vie-liberté.
Et nous l'approprier, puis la diffuser ; femmes et hommes ensemble.
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545 lecteurs pour ce titre …
108 notes …
22 critiques …
Cela résume bien la difficulté d'écrire à partir de ce monument !

Un tour d'horizon édité le 14 septembre 2023 essayant de résumer la situation actuelle de l'Iran en nous donnant un maximum de détails sur l'avant et essayant de nous faire espérer en un après !

Pour résumer :
Il était une fois …
« Le 16 septembre 2022, en Iran, Mahsa Amini mourait sous les coups de la police des moeurs parce qu'elle n'avait pas «bien » porté son voile. »
C'est le point de départ de ce livre …
« Pour les un an de la mort de Mahsa Amini, pour le combat noble et brave du peuple iranien et à la mémoire de Sophie, qui nous a quittés à la fin du printemps, nous partageons avec vous notre humble participation à la liberté que les Iraniens méritent tant. »
C'est le but souhaité pour ce livre qui rappelons le, est accessible gratuitement en ligne, en persan pour tous les iraniens.
Le régime laissera t il cette publication en accès libre ?
C'est souhaitable mais ose t on y croire ?

Un document à découvrir et à faire découvrir en écoutant simultanément la chanson Baraye (mot persan signifiant « pour » ou « à cause de ») écrite et composée mi septembre 2022 par Shervin Hajipour (1).
Cette chanson a aussi été interprétée par cinquante personnalités francophones, dans un clip réalisé par Marjane Satrapi sur les arrangements de Benjamin Biolay, produit par Le Collectif 50/50 (2).



(1)
Shervin Hajipour l'a écrite à partir des messages de revendications des manifestantes Iraniennes et Iraniens publiées sur twitter. Il a depuis été réduit au silence après avoir été d'abord arrêté puis libéré sous caution. Sa chanson a été supprimée du réseau social, mais on la retrouve sur internet, interprétée par lui, revisitée en anglais par toute une jeunesse qui s'en est emparée.

(2)
On y retrouve entre autres, les comédiennes Chiara Mastroiani, Camille Cottin et Aure Atika, ou encore l'acteur Hugo Becker et les chanteuses Yaël Naïm, Pr2B et Aurélie Konaté qui se succèdent et chantent en persan cette mélodie, en soutien au peuple iranien.
Le premier couplet de Barayé s'ouvre sur ces paroles en français : À cause de la danse dans la rue, À cause de la peur en s'embrassant, À cause de ma soeur, ta soeur, notre soeur, À cause de l'évolution des esprits pourris
Les paroles de Barayé ont pris une dimension internationale, en les faisant résonner, au-delà des frontières avec le slogan : Femme, Vie, Liberté, les trois mots puissants qui concluent la chanson.

Barâyeh …
Pour danser dans la rue
Pour avoir peur lors de s'embrasser
Pour ma soeur, ta soeur, nos soeurs
Pour changer les cerveaux qui ont pourri
Pour avoir honte, pour n'avoir pas d'argent
Pour le regret d'une vie ordinaire
Pour l'enfant poubelle et ses rêves
Pour cette économie par décret
Pour cet air pollué
Pour "Valiyeasr" et ses arbres pâles
Pour Pirouz (guépard persan) et sa possible extinction
Pour les chiens innocents interdits
Pour les sanglots sans répit
Pour l'image répétée de ce moment
Pour un visage souriant
Pour les élèves, pour l'avenir
Pour ce paradis imposé
Pour cette élite enchaînée
Pour les enfants afghans
Pour tous ces arguments différents
Pour tous ces slogans vides
Pour la ruine de fausses maisons
Pour se sentir en paix
Pour le soleil après de longues nuits
Pour les sédatives et les hypnotiques
Pour l'homme, la patrie, le développement
Pour une fille qui souhaitait être fils
Pour "Femmes, Vie, Liberté"
Pour la liberté
Pour la liberté
Pour la liberté
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