Un soir, à la maison

Mieux vaut connaître son malheur pour tenter de l’apprivoiser.

On ne corrige pas un gamin qui a cassé quelques carreaux quand l’ennemi menace les frontières. On se dit que la vie se chargera de lui apprendre à vivre. Ou à mourir.

On se reverra face à l’Éternel. Souviens-toi que pour être sauvé faut pas manquer de réciter au moment fatal un acte de contrition.

Malgré que les cours te débectent t’es un gars plutôt scientifique alors tu ris de ce qui me stresse, moi qui écris des poèmes.
Ben oui, c’est con d’être poète. Vaut mieux s’intéresser aux équations et aux formules.

Quand on s’appelle Robert avec Bébert pour petit nom pas étonnant que les mecs ça les excite. Pour les astuces ils sont là, même s’ils comprennent rien au calcul.

Y en a qui se lavent les mains vingt fois par jour, y en a d’autres qui se donnent un mal fou pour que leurs livres sur l’étagère, leurs papiers sur le bureau, leurs chaussures en bas du placard soient parfaitement alignés. Les vérificateurs reviennent encore une fois vérifier que leur porte est fermée. Paraît que ce sont des malades.

Des produits de beauté que les femmes préfèrent acheter en cachette comme si le partenaire risquait de découvrir que leur charme n’était qu’artifice, ou des articles d’hygiène un peu vulgaires, déodorant, tampax.

La solitude, on croit en jouir pleinement. Et puis à la longue on déchante, ça suffit, on se rend compte qu’à nouveau on a envie d’affection, de partage.

Quand on a vécu une enfance tout encombrée de parents de frères et sœurs et de copains on est satisfait d’en être débarrassé on se sent libéré. À l’âge adulte me retrouver seul ça a été pour moi comme un cadeau.

Le soir, quand les parieurs ne pensent plus qu’à l’argent, rêvant de gagner le jackpot, on peut rester là longtemps et aux grandes marées se laisser doucher par les vagues.