Sa figure allongée accusait des cernes dus au manque de sommeil. S’il évitait de sourire, c’était parce que les bagues en acier censées redresser ses dents mal alignées le complexaient. Féru d’informatique, il maîtrisait l’outil à la perfection. Sa passion – son obsession –, c’étaient les jeux en réseau. Lorsque sa mère s’inquiétait de constater qu’il préférait la solitude à la compagnie des autres, qu’il n’avait ni copains ni petite amie, il rétorquait qu’en comparaison des personnages et des créatures des jeux, les « vraies personnes » étaient fades, décevantes.
– De vous à moi, la vie sans alcool, c’est bien, très bien […] pour les autres. Parce que quand vous êtes sobre, vous captez tout ce qui se passe autour de vous, vous voyez les gens tels qu’ils sont, de quoi avoir le cafard. Les dîners sont interminables, les conversations à crever d’ennui, les vacances en famille à se flinguer. Les femmes, vous n’avez plus envie de draguer les moches et vous n’osez plus approcher les belles.