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Citations sur Disparitions (10)

Il faut se livrer au temps qui passe et savoir qu’à tout instant on court le risque d’être débordé, puisqu’on ne peut pas tout retenir, parce que nos mains ne peuvent endiguer tant d’eau qui déborde et coule entre nos doigts.

Et au milieu de cette avalanche, de ce flux qu’on aimerait arrêter, mais qui fuit de toutes parts, quelque chose finit par se détacher dans l’épiphanie de certains visages arrachés à la foule.
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Toucher la poignance, parfois dans le plus infime détail de l’enquête, de la dérive, du voyage. Le regard d’une femme sur un marché africain. Une poupée cassée qu’on brûle au Japon.
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Dans chaque recoin, tout passe et tout défile. Impossible d’arrêter ce flux, faute de temps. Le film c’est du temps, c’est dans le temps, bien sûr, mais on sent qu’on touche ici peu à peu à son tissu même, à sa matière, car tout n’est que passage et transition, montage analogique, rythmique : ce qui motive et ouvre un passage entre une jeune fille capverdienne vue en contre-jour et une statue de chat japonais, ce ne peut être seulement une similitude de silhouette découpée dans la lumière, ni un simple jeu formel… c’est une communication en profondeur, ou mieux une communion, un mystère d’incarnation.
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Les correspondances, les analogies secrètes entre les temps et les lieux, laissent un sentiment inouï de richesse et de profusion, mais aussi d’égarement, comme si nous étions perdus dans les couloirs du temps. Sans soleil est semblable à ce qu’il montre : un film qui est une ville, un pays, une architecture vivante, une population fluctuante, une mémoire.
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Ce qu’il invente, c’est un poème qui coupe et taille dans le temps, un poème fait de raccords de souvenirs enregistrés par la caméra. Ce qu’il nous livre, c’est une méditation, en forme de vertige.

Ce vertige, je le ressens à chaque pas, et je voudrais justement pouvoir lui donner une forme. C’est vers lui qu’il faut aller.
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On a le sentiment qu’il filme ce qu’il découvre en même temps qu’il le découvre, et j’ai la conviction que les images qu’on saisit à ce moment, qui est l’une des questions principales à laquelle nous sommes confrontés, ne sont jamais les bonnes : ce sont des passages obligés, des images réflexes, au fond inutiles : ce sont des écrans vides, relais pur et simple de tout ce qui vibre à la surface des immeubles de Tokyo. Ces premières images ne sont jamais que des négociations plus ou moins pertinentes avec le cliché et se ressemblent toutes. Au bout de quelques jours, de quelques semaines à arpenter une ville inconnue, on ne prend déjà plus les mêmes images.
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Nous disons que voir c’est toujours déjà se souvenir et qu’en se tenant à la limite du sommeil, à l’instant où les paupières se baissent, où la conscience se relâche, on se souvient déjà de ce qu’on est en train de voir, qu’on voit le souvenir se faire avant de s’oublier, qu’il apparaît sous les yeux dans le temps présent qui fuit, qu’il est le présent, parce qu’on ne pourrait pas expliquer la mémoire sinon, elle n’aurait aucun sens, aucun sol, aucune matière. Nous pensons que c’est de là que vient cette impression de déjà-vu, et nous pensons que toutes les images enregistrées depuis le commencement racontent cela : l’apparition de leur disparition.
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Nous sommes seuls dans le silence de notre chambre noire. Nous lâchons prise. Les histoires arrêtées se poursuivent en nous. Nous imaginons leur suite. Nous sommes leur suite et leur avenir.
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Les images essaient de revenir à nous mais elles se perdent. Nous repensons aux lieux, aux instants impressionnés par la pellicule. Nous repensons aux visages aimés, tus, oubliés, inconnus. Nous aimerions les revoir. Les redévelopper à l’intérieur de nous. Nous voudrions que notre corps tout entier soit une chambre noire, et notre esprit l’enregistreur indéfectible de tout ce qui a été vu. Et puis c’est un rideau qui tombe, un escalier qui tourne, une porte qui se referme.
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Chacun est pris dans l’expression complète de sa vie, qui s’accroche à celle des autres, nous le sentons, nous le voyons sur leurs visages. Nous avons l’impression d’être en eux, de nous retrouver au plus près de ce qu’ils pensent, de ce qu’ils voient. Nous voyons par leurs yeux. Ce qu’ils voient se reflète à la surface de notre œil. C’est troublant. Nous avons la certitude de reconnaître certains d’entre eux. Ils nous sont familiers, comme les visages sur les photos anciennes : le souvenir des autres, mêlé au nôtre, indistinctement. La sensation est confuse. Le film va commencer, les gens s’installent, le silence se fait peu à peu. Nous avons envie de nous asseoir sur l’un des fauteuils capitonnés de la salle mais il fait si sombre, nous avons peur de nous assoupir, et craignons de ne plus rien reconnaître en nous réveillant, nous redoutons de passer de l’autre côté du miroir. Nous sourions à l’idée de cette peur enfantine qui nous a traversé l’esprit.
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