Gorilla girl

On t'apprend rarement à te battre, quand t'es une fille. On t'apprend à avoir peur. "Sois sage, un peu craintive, et tais-toi".

Sexe, punk et artivisme, voilà ce qui nous anime dans la vie. Pour la musique, on joue à droite à gauche, dans des bars. Pour l'artivisme, nous avons Paris, dont nous avons fait notre livre de coloriage. Pour le sexe, c'est plus hasardeux. Les gens prétendent parfois que le punk est une musique sans nuances. C'est faux. La palette du chaos est d'une étonnante richesse.

Sa conclusion à mi-parcours d'une carrière de flic, c'est que bien souvent, t'es impuissant à aider qui que ce soit. Parce que l'être humain, c'est un putain de paquet de nœuds dans le cerveau, qui finit par se calcifier avec le temps et sur lequel t'as finalement pas tellement d'action.

Le comportement humain est assez proche de celui de l'otarie : tu serais surprise de savoir tout ce que tu peux obtenir d'un Homo Sapiens en échange d'un cadeau ou d'un truc gratuit.

Dans l'appartement, tout est calme. Sans surprise, je tombe sur Ball-Trap qui compose son château de Chambord en 6000 pièces. Il porte le même pull que la dernière fois - en un peu plus froissé -, la même barbe - en un peu plus longue -, la même coiffure - en un peu plus foutraque. Chaque jour, les contours de mon beau-père deviennent plus vagues.

Prudent, c'est pas le mot le plus chiant de la langue française ? Celui qui fait que tu passes à côté des trucs les plus excitants de l'existence ?

Je porte une ceinture de chasteté symbolique : la sympathie !

Ce n'est pas du punk, plutôt du néo-yéyé. " J'aime regarder les filles", ça s'appelle. La première fois qu'on a entendu cette chanson, Céleste, Pauline et moi, on s'est mises d'accord sur un point : on n'a rien contre l'idée qu'un mec regarde passer les filles. C'est juste que nous aussi, on veut mater les mecs qui marchent sur la plage, et le crier haut et fort, sans être aussitôt propulsée dans la sombre catégorie des salopes-qui-l'auront-bien-cherché.
Alors, on l'a réécrite à notre sauce.

La rue Lepic est déserte. Même le Sacré-Coeur est éteint, et forme une grande masse sombre. Je m'attends presque à voir une horde de zombies. Comme ce serait chouette ! Ma mère arrêterait de me demander ce que je compte faire de ma vie.

Je sors du bar dans un bel état. Plus très sûre de connaître mon propre prénom. Céleste, elle, n'avait rien à oublier, mais elle pratique la cuite compassionnelle.