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Critique de kielosa


Avec la meilleure volonté du monde et en dépit de ma profonde admiration pour Sophie et Hans Scholl, je dois admettre que ce petit livre de leur soeur, Inge, m'a un peu déçu. Dans un pays où la résistance à ce fou furieux d'Hitler brillait, à quelques rares exceptions près, par son absence, le courage de ces jeunes contestataires impose certes tout notre respect, mais n'a eu, hélas, aucun effet sur le régime. La distribution de tracts à l'université de Munich et des graffitis sur les murs de la capitale de la Bavière, incitant à la résistance contre un régime archi-pourri, n'eut, en effet et malheureusement, aucune véritable suite, sauf leur condamnation à mort et exécution, au bout d'un simulacre de procès d'à peine 3 heures, le 22 février 1943.

Peut-être justement parce qu'une Résistance digne de ce nom au nazisme faisait défaut, leur exemple a été glorifié dans des proportions étonnantes par des livres et des films d'après-guerre. Comme le note l'historien allemand, Joachim Fest, dans son ouvrage important de ce phénomène "La résistance allemande à Hitler ", 3 jours après la liquidation physique des meneurs du mouvement 'la Rose blanche', un illustre inconnu, Jakob Schmied, le chef de file des étudiants nationaux-socialistes, dans la plus grande salle de la même université, tenait un "discours sarcastique", que les étudiants "acclamèrent en tapant du pied" (page 237). Pour les nazis, la page de ce petit fait divers dramatique était tournée, avec l'élimination de 5 jeunes idéalistes et un professeur de philosophie.

Le témoignage d'Inge Scholl, 4 ans plus âgée que Sophie et 1 an que Hans, a été publié 11 ans après les événements tragiques de sa famille, lorsqu'elle avait elle-même 36 ans. Il nous enseigne comment ces jeunes en sont arrivés lá.
S'ils ne voulaient croire leur père, Robert, qui leur avait expliqué que les nazis étaient des "brigands sans foi ni loi", ils se rendirent progressivement compte de la réalité fréquentant les jeunesses hitlériennes et apprenant des faits tels le programme d'euthanasie forcée. "Lentement la crainte, puis l'horreur et l'angoisse nous gagnaient". Mais ils décidèrent d'agir.

Pour se faire une idée de l'attitude de la majorité écrasante des Allemands en ces temps, je conseille de lire l'ouvrage inégalé de Géraldine Schwarz "Les amnésiques", qui explique aussi pourquoi des tentatives courageuses pour une action concertée contre la clique brune, comme celles des jeunes de la Rose blanche, étaient vouées à l'échec.
Personnellement, je suis persuadé que seule une action bien préparée et organisée dans le cadre de l'armée avait une chance de succès, bien que l'initiative d'attentat sur Hitler par le comte Claus von Stauffenberg du 20 juillet 1944 n'ait pas non plus été couronnée de succès et entraîné des représailles terribles.

Comme le livre d'Inge Scholl est très court (à peine 120 pages de texte + comme annexes quelques tracts), je tiens à préciser que sur Sophie Scholl et la Rose blanche plusieurs livres ont été publiés, parmi lesquels il convient de signaler de Hans et Sophie Scholl mêmes "Lettres et Carnets" (2008), "Sophie Scholl" de Didier Chauvet (2004), "La Rose blanche" de José García Pelegrín (2009) et une BD de Heiner Lünstedt et Ingrid Sabisch (2015), avec une postface remarquable par la présidente de la Fondation Rose blanche, Hildegard Kronawitter.

Il existe 2 films sur ce sujet : "La Rose blanche" ("Die weiße Rose") de Michael Verhoeven de 1982 avec une excellente Lena Stolze dans le rôle de Sophie et "Sophie Scholl : Les derniers jours" de Marc Rothemund de 2006 avec Julia Jentsch comme Sophie. Je n'ai pas vu ce dernier film, mais le premier m'a fort impressionné, probablement grâce au style documentaire de Verhoeven qui s'est avéré exceptionnellement efficace.

Pour les amateurs des belles-lettres, je termine par la citation d'un passage de tract de la Rose blanche : ... Hitler dans son livre - l'ouvrage écrit dans l'allemand le plus laid qu'on puisse lire, et qu'un peuple dit de poètes et de penseurs a pris pour bible - ...(page 127).
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