AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,04

sur 180 notes
5
9 avis
4
20 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Avec la meilleure volonté du monde et en dépit de ma profonde admiration pour Sophie et Hans Scholl, je dois admettre que ce petit livre de leur soeur, Inge, m'a un peu déçu. Dans un pays où la résistance à ce fou furieux d'Hitler brillait, à quelques rares exceptions près, par son absence, le courage de ces jeunes contestataires impose certes tout notre respect, mais n'a eu, hélas, aucun effet sur le régime. La distribution de tracts à l'université de Munich et des graffitis sur les murs de la capitale de la Bavière, incitant à la résistance contre un régime archi-pourri, n'eut, en effet et malheureusement, aucune véritable suite, sauf leur condamnation à mort et exécution, au bout d'un simulacre de procès d'à peine 3 heures, le 22 février 1943.

Peut-être justement parce qu'une Résistance digne de ce nom au nazisme faisait défaut, leur exemple a été glorifié dans des proportions étonnantes par des livres et des films d'après-guerre. Comme le note l'historien allemand, Joachim Fest, dans son ouvrage important de ce phénomène "La résistance allemande à Hitler ", 3 jours après la liquidation physique des meneurs du mouvement 'la Rose blanche', un illustre inconnu, Jakob Schmied, le chef de file des étudiants nationaux-socialistes, dans la plus grande salle de la même université, tenait un "discours sarcastique", que les étudiants "acclamèrent en tapant du pied" (page 237). Pour les nazis, la page de ce petit fait divers dramatique était tournée, avec l'élimination de 5 jeunes idéalistes et un professeur de philosophie.

Le témoignage d'Inge Scholl, 4 ans plus âgée que Sophie et 1 an que Hans, a été publié 11 ans après les événements tragiques de sa famille, lorsqu'elle avait elle-même 36 ans. Il nous enseigne comment ces jeunes en sont arrivés lá.
S'ils ne voulaient croire leur père, Robert, qui leur avait expliqué que les nazis étaient des "brigands sans foi ni loi", ils se rendirent progressivement compte de la réalité fréquentant les jeunesses hitlériennes et apprenant des faits tels le programme d'euthanasie forcée. "Lentement la crainte, puis l'horreur et l'angoisse nous gagnaient". Mais ils décidèrent d'agir.

Pour se faire une idée de l'attitude de la majorité écrasante des Allemands en ces temps, je conseille de lire l'ouvrage inégalé de Géraldine Schwarz "Les amnésiques", qui explique aussi pourquoi des tentatives courageuses pour une action concertée contre la clique brune, comme celles des jeunes de la Rose blanche, étaient vouées à l'échec.
Personnellement, je suis persuadé que seule une action bien préparée et organisée dans le cadre de l'armée avait une chance de succès, bien que l'initiative d'attentat sur Hitler par le comte Claus von Stauffenberg du 20 juillet 1944 n'ait pas non plus été couronnée de succès et entraîné des représailles terribles.

Comme le livre d'Inge Scholl est très court (à peine 120 pages de texte + comme annexes quelques tracts), je tiens à préciser que sur Sophie Scholl et la Rose blanche plusieurs livres ont été publiés, parmi lesquels il convient de signaler de Hans et Sophie Scholl mêmes "Lettres et Carnets" (2008), "Sophie Scholl" de Didier Chauvet (2004), "La Rose blanche" de José García Pelegrín (2009) et une BD de Heiner Lünstedt et Ingrid Sabisch (2015), avec une postface remarquable par la présidente de la Fondation Rose blanche, Hildegard Kronawitter.

Il existe 2 films sur ce sujet : "La Rose blanche" ("Die weiße Rose") de Michael Verhoeven de 1982 avec une excellente Lena Stolze dans le rôle de Sophie et "Sophie Scholl : Les derniers jours" de Marc Rothemund de 2006 avec Julia Jentsch comme Sophie. Je n'ai pas vu ce dernier film, mais le premier m'a fort impressionné, probablement grâce au style documentaire de Verhoeven qui s'est avéré exceptionnellement efficace.

Pour les amateurs des belles-lettres, je termine par la citation d'un passage de tract de la Rose blanche : ... Hitler dans son livre - l'ouvrage écrit dans l'allemand le plus laid qu'on puisse lire, et qu'un peuple dit de poètes et de penseurs a pris pour bible - ...(page 127).
Commenter  J’apprécie          644
Un livre qu'il est nécessaire d'avoir lu une fois dans sa vie. Et pour une raison simple : il retrace l'histoire d'un des seuls mouvements de résistance allemande au nazisme après 1939.

Pour refuser une idéologie omniprésente, écrasante et dans laquelle on avait baigné depuis son enfance, il fallait une intelligence et une puissance d'esprit rare. Pour se lever et prendre le risque de défier la Gestapo, la torture, le risque d'un lynchage par une populace fanatisée, il fallait un courage hors du commun. C'est pour cela qu'ils ne furent que neuf, avec à leur coeur Hans et Sophie Scholl. Les risques étaient démentiels. Dans un monde gagné à l'idéologie et où tout le monde espionnait tout le monde, ils étaient condamnés à très court termes. C'est pour cela qu'il n'y eut que six tracts. Six tracts. C'est infime… Et énorme, au regard du danger.

Ce livre fut écrit après la guerre par Inge Scholl, soeur de Hans et Sophie. Il raconte comment, de membres des jeunesses hitlériennes enthousiastes, ils prirent peu à conscience de la perversité et de la cruauté de l'idéologie dans laquelle ils avaient grandi, jusqu'à se dresser contre elle. Deux choses les guidèrent dans cette voie. En premier lieu l'étendu de leur culture, et notamment les enseignements de leur professeur de philosophie, Kurt Huber, qui fut arrêté et exécuté avec eux. En deuxième lieu la profondeur de la foi chrétienne qu'ils partageaient tous. Le prêche de Monseigneur von Galen, évêque de Münster, qui dénonça en chaire l'euthanasie des handicapés, les inspira particulièrement.

Mais la vraie richesse de ce livre est dans ses annexes, où sont reproduits les tracts de la Rose Blanche. Ce sont de longs textes, complexes, et il faut les lire. J'ai un jour prêté ce livre à une amie gauchiste, altermondialiste, végan et ainsi de suite. Elle trouva le livre très beau, mais cru que je voulais la convertir. Avait-elle lu les tracts ? Non, pourquoi ? Parce que c'était pour eux que je le lui avais prêté. Pour lui montrer combien la rhétorique des altermondialistes était faible et intellectuellement pauvre en comparaison de ces gens qui citaient la ‘Législation de Lycurgue et Solon', Goethe, Lao Tseu, Aristote, Novalis... Leur langue était magnifique, leur pensée profonde, et leurs textes pourtant simples et compréhensibles par tous. Elle le prit mal mais pas trop.

De nos jours, et en ce moment surtout, la contestation est partout. Et force est de constater que les revendications portées, qu'elles soient justes ou non, s'expriment à base de simplismes grossiers, et avec une indigence intellectuelle hallucinante. Des êtres humains sans culture ne peuvent pas plus former un peuple et aspirer à la démocratie qu'une foule désordonnée être une armée. C'est pourquoi il est bon de lire ce livre, et plus encore de lire ces tracts écrits par ceux qui moururent exécutés…
Commenter  J’apprécie          505

Ce livre est le témoignage de Inge Scholl sur les activités de son frère Hans et de sa soeur Sophie pendant la seconde guerre mondiale en Allemagne. Elevés dans une famille protestante, ayant fréquenté les jeunesses hitlériennes, ils vont peu à peu analyser et contester l'endoctrinement officiel. Etudiants, ils créent et animent le groupuscule La Rose Blanche. Suite à une délation, ils sont exécutés à la hache après un procès expéditif avec quatre compatriotes. Inge Scholl nous décrit l'engagement et l'action de sa fratrie de manière très, trop succincte. Une deuxième partie, à mon sens la plus intéressante, reproduit les six tracts écrits et diffusés par le groupe. Etudiants fréquentant un cercle d'amis cultivés et philosophes, ils ont lu Mein Kampf et analysent la situation de manière argumentée.

Je ne connaissais pas La Rose Blanche avant la lecture de ce livre qui apporte un éclairage intéressant sur cette période. Peut-être d'ailleurs n'ont-ils pas été les seuls à essayer de résister en Allemagne. Il serait intéressant de remettre en perspective les textes quatre-vingts ans après les faits. Il ressort une naïveté (« Reproduisez et répandez ce tract. » à la fin de leurs écrits) dans une atmosphère de délation.


Commenter  J’apprécie          400
Quelques années avant la guerre, malgré les avertissements de leur père signalant que les jeunes fascistes sont à la solde de bandits, Inge Scholl et ses frères et soeurs y vivent des moments fabuleux, marches, nuits à la belle étoile, jusqu'à ce que les 'chefs' commencent à bannir certains chants ou les poèmes de Séphane Zweig, jusqu'à ce qu'ils constatent les attaques contre les juifs, les couvents, les 'inutiles' vieux ou handicapés. Ils se rendent compte que le mouvement va à l'encontre de leur idéal de pureté, d'un peuple humain, mais chacun dans son coin ne peut rien faire.

Un groupe d'étudiants de Munich appelé 'La rose blanche', commence à faire circuler des tracts, exhorte les chrétiens à une résistance passive, à des actes de sabotage.
Pourchassés par la Gestapo, ils seront décapités 6 mois plus tard au printemps 43.

Le chômage était, à l'instar de nos samedis noirs (et jaunes) le terrain fertile pour une telle dictature...
Commenter  J’apprécie          333
1943, quelque part en Allemagne, du côté de Munich et Ulm, un petit groupe d'étudiants fonde « la rose blanche », un mouvement de résistance au nazisme. Leur objectif n'est pas de s'illustrer par des actions violentes, bien au contraire, ils souhaitent, d'une manière ou d'une autre, faire prendre conscience aux gens de l'absurdité et la folie meurtrière de l'appareil nazi.

Des tracts seront rédigés et distribués (six au total), quelques graffitis peints sur les murs de la ville, des liens commenceront à se créer avec des étudiants issus d'autres villes du pays… Mais ces jeunes humanistes se sont engagés dans un combat bien incertain, c'est une lutte bien inégale qui les opposent aux masses silencieuses de la cité asservie et apeurée. Comment échapper, malgré toutes les précautions du monde, à l'irrésistible puissance destructrice du Reich ?

Le matin du 18 Février 1943, Hans et Sophie Scholl furent arrêtés alors qu'ils distribuaient des tracts à l'université de Munich. Rapidement leurs « complices » furent identifiés. le procès eut lieu le 22 Février, le même jour, vers 17 heures, Hans, Sophie et leur ami Christophe Probst furent décapités en application de la sentence prononcée à leur encontre. Dans les semaines qui ont suivis, plusieurs de leurs camarades furent interpellés et confrontés à la justice expéditive des nazis, rares sont ceux qui en sortiront indemnes.

C'est un formidable témoignage que nous propose ici Inge Scholl, la soeur de deux des condamnés. Plus encore qu'une description du mouvement « la rose blanche » et de sa fin tragique, elle s'attache dans ce récit à montrer au lecteur l'évolution d'une conscience, la naissance d'un sentiment d'injustice et de honte, d'un besoin de résistance. L'arrivée au pouvoir de Hitler et la vague d'espoir qui l'accompagnait, les premiers questionnements, les premières exactions qu'on ne peut cautionner, le constat de l'horreur, le refus, puis la lutte… vaine, sans doute, mais tellement nécessaire…
Lien : http://testivore.com/la-rose..
Commenter  J’apprécie          250
"N'oubliez pas que chaque peuple mérite le gouvernement qu'il supporte."

Six allemands contre le nazisme.
Sophie et Hans Scholl, Kurt Huber, Christoph Probst, Willi Graf et Alexander Schmorell.

Ils fondent le mouvement de résitance passive "La Rose Blanche."
Dès 1942.
Ils se réunissent clandestinement, distribuent des tracts, écrivent des slogans sur les murs, parcourent les villes pour prêcher la courageuse parole.

"Il fallait une force presque surhumaine pour aller toujours à contre-courant."

Inge Scholl, la soeur de Sophie témoigne.
"Un matin, j'entendis sur les marches de l'école une camarade dire aux autres : ça y est, Hitler est au pouvoir."

La plupart des membres de la Rose Blanche sont de jeunes étudiants catholiques amoureux de Schiller, Rilke, Platon ou Socrate.
Malgré le doute, malgré la peur, ils vont oser dire non, braver toutes les forces contraires.

"Comment pouvait-on, dans une période de meurtre et de détresse, retrouver le chemin qui mène à Dieu ?"

Insouciants, ils se sentent seuls, à la merci de la dénonciation d'un voisin...d'un ami même.
Sophie et Hans sont dénoncés par le concierge de leur Université alors qu'ils distribuaient des tracts.
Gestapo, interrogatoires, condamnation à mort pour haute trahison...décapitation !
Le bourreau avoua qu'il n'avait encore jamais vu personne mourir avec autant de calme et de dignité.
Ils avaient voulu alerter le peuple allemand : la mort fut leur seule récompense.
Ce document est une leçon de courage. Ces héros sont notre mauvaise conscience : ne nous taisons plus, ne laissons aucun repos aux tyrans, présents ou à venir.

Leur mémoire nous l'implore !
Lecture obligatoire et devoir imposé !

"Et tu dois te conduire comme si de toi et de ton acte seul dépendait le destin de ton peuple, et que toute responsabilité te soit impartie."
Gottlieb Fichte.
Commenter  J’apprécie          190
A lire et à faire lire pour ne jamais oublier ces jeunes gens qui se sont levés et resistés dans un pays et à une époque où il valait mieux se taire et suivre le mouvement.
Parce que même en Allemagne, des personnes n'étaient pas d'accord et avec leurs "armes" et sans jamais tuer, l'ont fait savoir au risque d'être sacrifié.
Commenter  J’apprécie          170
« Ont été condamnés à mort pour haute trahison :
Christoph Probst, 24 ans,
Hans Scholl, 25 ans,
Sophie Scholl, 22 ans.
La sentence a été exécutée. »

Je connaissais l'histoire de Hans et Sophie Scholl, avant de découvrir récemment que leur soeur aînée Inge avait écrit La Rose blanche, du nom du mouvement de résistance fondé par ces derniers, une dizaine d'années après leur disparition. Éloge du courage de ces jeunes idéalistes, dressés contre l'injustice et l'infamie, incitant leurs compatriotes à réagir par des tracts imprimés et distribués au péril de leur vie, ils iront à la mort intacts, dans la préservation des idéaux qui les auront animés, forts de se sacrifier pour que leurs proches n'aient pas à payer pour leurs actions. C'est bien en martyrs que Inge Scholl nous les présente, sereins face à la mort, prenant le parti de la grandeur du geste sacrificiel. Je ne connais pas le contexte de la rédaction de cet ouvrage ni les intentions de l'auteure au moment de sa publication, et peut-être est-il le reflet de son époque, mais j'en ressors quelque peu déçue. C'est un bien grand drame qui a secoué cette famille et plein d'angles auraient pu être développés, qui ne le sont pas. L'ensemble reste plutôt distant et idéalisé, et même les tracts, reproduits en deuxième partie, le sont froidement, sans commentaires. À lire, certainement, pour qui ne connait pas La Rose blanche; d'autres ouvrages seront à lire pour qui veut aller plus loin.
Commenter  J’apprécie          140
C'est avec pudeur qu'Inge Scholl nous livre dans La rose blonde blanche, nom d'un groupe de résistants allemands, l'aventure qui a mené à l'échafaud cinq jeunes et un professeur d'université, parmi lesquels son frère Hans et sa soeur Sophie, laquelle a inspiré de nombreuses publications et trois films.

Et pourtant. Inge Scholl aurait pu être moins détachée de cette histoire qui est aussi la sienne puisque celle des siens. Mais peut-être que la raconter autrement que de manière factuelle aurait été trop dur. du moins peut-on l'imaginer quand on lit ce récit publié une première fois en 1953 et réédité à plusieurs reprises depuis, alors que rien ne nous est cachée de l'issue. du moins nous est-il permis de le penser près de 70 ans après les événements alors qu'ils ont tant et si bien laissé leurs marques que nul ne peut avancer aujourd'hui la passivité totale de la population allemande.

Mais six, cela ne constitue qu'un grain de sable. Pas de quoi enrayer le mécanisme de la machine bien huilée et hautement disciplinée des nazis. Ce qui nous donne à poser une question à laquelle le livre ne répond pas. Combien de mouvements du même acabit et combien de résistants allemands y a-t-il eu? Juste six? J'ose espérer que non et aussi que d'autres livres éclaireront ce pan de l'histoire trop peu dévoilé.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
Commenter  J’apprécie          141
Témoignage intéressant. Ces jeunes Allemands - dont je ne connaissais pas l'histoire avant que plusieurs membres Babelio ne me donnent envie de la découvrir et je les en remercie - ont eu un courage incroyable. On peut toujours se dire que "nous, dans une telle situation, on serait des héros", rien n'est moins sûr et je ne tiens vraiment pas à le savoir... En tous cas, les idées qu'ils ont portées leur ont survécu (moins par l'aspect religieux) et ont gagné, et j'espère pour longtemps encore malgré la période trouble que nous vivons. Très bonne idée d'avoir mis également quelques tracts de la Rose blanche.
Commenter  J’apprécie          130



Lecteurs (397) Voir plus



Quiz Voir plus

QUIZ LIBRE (titres à compléter)

John Irving : "Liberté pour les ......................"

ours
buveurs d'eau

12 questions
288 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , littérature , témoignageCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..