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Jacques Delpeyrou (Traducteur)
EAN : 9782707302601
156 pages
Editions de Minuit (01/01/1962)
4.04/5   179 notes
Résumé :
"Le printemps 1943. La bataille de Stalingrad venait de se terminer par la défaite des forces allemandes. Apparurent alors à Munich des affiches où on lisait : "Ont été condamnés à mort pour haute trahison : Christopher Probst, 24 ans,
Hans Scholl, 25 ans,
Sophie Scholl, 22 ans."

Les trois étudiants décapités à la hache étaient, avec trois de leurs compagnons qui seront exécutés plus tard, les animateurs d'un mouvement de résistance,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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Avec la meilleure volonté du monde et en dépit de ma profonde admiration pour Sophie et Hans Scholl, je dois admettre que ce petit livre de leur soeur, Inge, m'a un peu déçu. Dans un pays où la résistance à ce fou furieux d'Hitler brillait, à quelques rares exceptions près, par son absence, le courage de ces jeunes contestataires impose certes tout notre respect, mais n'a eu, hélas, aucun effet sur le régime. La distribution de tracts à l'université de Munich et des graffitis sur les murs de la capitale de la Bavière, incitant à la résistance contre un régime archi-pourri, n'eut, en effet et malheureusement, aucune véritable suite, sauf leur condamnation à mort et exécution, au bout d'un simulacre de procès d'à peine 3 heures, le 22 février 1943.

Peut-être justement parce qu'une Résistance digne de ce nom au nazisme faisait défaut, leur exemple a été glorifié dans des proportions étonnantes par des livres et des films d'après-guerre. Comme le note l'historien allemand, Joachim Fest, dans son ouvrage important de ce phénomène "La résistance allemande à Hitler ", 3 jours après la liquidation physique des meneurs du mouvement 'la Rose blanche', un illustre inconnu, Jakob Schmied, le chef de file des étudiants nationaux-socialistes, dans la plus grande salle de la même université, tenait un "discours sarcastique", que les étudiants "acclamèrent en tapant du pied" (page 237). Pour les nazis, la page de ce petit fait divers dramatique était tournée, avec l'élimination de 5 jeunes idéalistes et un professeur de philosophie.

Le témoignage d'Inge Scholl, 4 ans plus âgée que Sophie et 1 an que Hans, a été publié 11 ans après les événements tragiques de sa famille, lorsqu'elle avait elle-même 36 ans. Il nous enseigne comment ces jeunes en sont arrivés lá.
S'ils ne voulaient croire leur père, Robert, qui leur avait expliqué que les nazis étaient des "brigands sans foi ni loi", ils se rendirent progressivement compte de la réalité fréquentant les jeunesses hitlériennes et apprenant des faits tels le programme d'euthanasie forcée. "Lentement la crainte, puis l'horreur et l'angoisse nous gagnaient". Mais ils décidèrent d'agir.

Pour se faire une idée de l'attitude de la majorité écrasante des Allemands en ces temps, je conseille de lire l'ouvrage inégalé de Géraldine Schwarz "Les amnésiques", qui explique aussi pourquoi des tentatives courageuses pour une action concertée contre la clique brune, comme celles des jeunes de la Rose blanche, étaient vouées à l'échec.
Personnellement, je suis persuadé que seule une action bien préparée et organisée dans le cadre de l'armée avait une chance de succès, bien que l'initiative d'attentat sur Hitler par le comte Claus von Stauffenberg du 20 juillet 1944 n'ait pas non plus été couronnée de succès et entraîné des représailles terribles.

Comme le livre d'Inge Scholl est très court (à peine 120 pages de texte + comme annexes quelques tracts), je tiens à préciser que sur Sophie Scholl et la Rose blanche plusieurs livres ont été publiés, parmi lesquels il convient de signaler de Hans et Sophie Scholl mêmes "Lettres et Carnets" (2008), "Sophie Scholl" de Didier Chauvet (2004), "La Rose blanche" de José García Pelegrín (2009) et une BD de Heiner Lünstedt et Ingrid Sabisch (2015), avec une postface remarquable par la présidente de la Fondation Rose blanche, Hildegard Kronawitter.

Il existe 2 films sur ce sujet : "La Rose blanche" ("Die weiße Rose") de Michael Verhoeven de 1982 avec une excellente Lena Stolze dans le rôle de Sophie et "Sophie Scholl : Les derniers jours" de Marc Rothemund de 2006 avec Julia Jentsch comme Sophie. Je n'ai pas vu ce dernier film, mais le premier m'a fort impressionné, probablement grâce au style documentaire de Verhoeven qui s'est avéré exceptionnellement efficace.

Pour les amateurs des belles-lettres, je termine par la citation d'un passage de tract de la Rose blanche : ... Hitler dans son livre - l'ouvrage écrit dans l'allemand le plus laid qu'on puisse lire, et qu'un peuple dit de poètes et de penseurs a pris pour bible - ...(page 127).
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Un livre qu'il est nécessaire d'avoir lu une fois dans sa vie. Et pour une raison simple : il retrace l'histoire d'un des seuls mouvements de résistance allemande au nazisme après 1939.

Pour refuser une idéologie omniprésente, écrasante et dans laquelle on avait baigné depuis son enfance, il fallait une intelligence et une puissance d'esprit rare. Pour se lever et prendre le risque de défier la Gestapo, la torture, le risque d'un lynchage par une populace fanatisée, il fallait un courage hors du commun. C'est pour cela qu'ils ne furent que neuf, avec à leur coeur Hans et Sophie Scholl. Les risques étaient démentiels. Dans un monde gagné à l'idéologie et où tout le monde espionnait tout le monde, ils étaient condamnés à très court termes. C'est pour cela qu'il n'y eut que six tracts. Six tracts. C'est infime… Et énorme, au regard du danger.

Ce livre fut écrit après la guerre par Inge Scholl, soeur de Hans et Sophie. Il raconte comment, de membres des jeunesses hitlériennes enthousiastes, ils prirent peu à conscience de la perversité et de la cruauté de l'idéologie dans laquelle ils avaient grandi, jusqu'à se dresser contre elle. Deux choses les guidèrent dans cette voie. En premier lieu l'étendu de leur culture, et notamment les enseignements de leur professeur de philosophie, Kurt Huber, qui fut arrêté et exécuté avec eux. En deuxième lieu la profondeur de la foi chrétienne qu'ils partageaient tous. Le prêche de Monseigneur von Galen, évêque de Münster, qui dénonça en chaire l'euthanasie des handicapés, les inspira particulièrement.

Mais la vraie richesse de ce livre est dans ses annexes, où sont reproduits les tracts de la Rose Blanche. Ce sont de longs textes, complexes, et il faut les lire. J'ai un jour prêté ce livre à une amie gauchiste, altermondialiste, végan et ainsi de suite. Elle trouva le livre très beau, mais cru que je voulais la convertir. Avait-elle lu les tracts ? Non, pourquoi ? Parce que c'était pour eux que je le lui avais prêté. Pour lui montrer combien la rhétorique des altermondialistes était faible et intellectuellement pauvre en comparaison de ces gens qui citaient la ‘Législation de Lycurgue et Solon', Goethe, Lao Tseu, Aristote, Novalis... Leur langue était magnifique, leur pensée profonde, et leurs textes pourtant simples et compréhensibles par tous. Elle le prit mal mais pas trop.

De nos jours, et en ce moment surtout, la contestation est partout. Et force est de constater que les revendications portées, qu'elles soient justes ou non, s'expriment à base de simplismes grossiers, et avec une indigence intellectuelle hallucinante. Des êtres humains sans culture ne peuvent pas plus former un peuple et aspirer à la démocratie qu'une foule désordonnée être une armée. C'est pourquoi il est bon de lire ce livre, et plus encore de lire ces tracts écrits par ceux qui moururent exécutés…
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Ce livre est le témoignage de Inge Scholl sur les activités de son frère Hans et de sa soeur Sophie pendant la seconde guerre mondiale en Allemagne. Elevés dans une famille protestante, ayant fréquenté les jeunesses hitlériennes, ils vont peu à peu analyser et contester l'endoctrinement officiel. Etudiants, ils créent et animent le groupuscule La Rose Blanche. Suite à une délation, ils sont exécutés à la hache après un procès expéditif avec quatre compatriotes. Inge Scholl nous décrit l'engagement et l'action de sa fratrie de manière très, trop succincte. Une deuxième partie, à mon sens la plus intéressante, reproduit les six tracts écrits et diffusés par le groupe. Etudiants fréquentant un cercle d'amis cultivés et philosophes, ils ont lu Mein Kampf et analysent la situation de manière argumentée.

Je ne connaissais pas La Rose Blanche avant la lecture de ce livre qui apporte un éclairage intéressant sur cette période. Peut-être d'ailleurs n'ont-ils pas été les seuls à essayer de résister en Allemagne. Il serait intéressant de remettre en perspective les textes quatre-vingts ans après les faits. Il ressort une naïveté (« Reproduisez et répandez ce tract. » à la fin de leurs écrits) dans une atmosphère de délation.


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Quelques années avant la guerre, malgré les avertissements de leur père signalant que les jeunes fascistes sont à la solde de bandits, Inge Scholl et ses frères et soeurs y vivent des moments fabuleux, marches, nuits à la belle étoile, jusqu'à ce que les 'chefs' commencent à bannir certains chants ou les poèmes de Séphane Zweig, jusqu'à ce qu'ils constatent les attaques contre les juifs, les couvents, les 'inutiles' vieux ou handicapés. Ils se rendent compte que le mouvement va à l'encontre de leur idéal de pureté, d'un peuple humain, mais chacun dans son coin ne peut rien faire.

Un groupe d'étudiants de Munich appelé 'La rose blanche', commence à faire circuler des tracts, exhorte les chrétiens à une résistance passive, à des actes de sabotage.
Pourchassés par la Gestapo, ils seront décapités 6 mois plus tard au printemps 43.

Le chômage était, à l'instar de nos samedis noirs (et jaunes) le terrain fertile pour une telle dictature...
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1943, quelque part en Allemagne, du côté de Munich et Ulm, un petit groupe d'étudiants fonde « la rose blanche », un mouvement de résistance au nazisme. Leur objectif n'est pas de s'illustrer par des actions violentes, bien au contraire, ils souhaitent, d'une manière ou d'une autre, faire prendre conscience aux gens de l'absurdité et la folie meurtrière de l'appareil nazi.

Des tracts seront rédigés et distribués (six au total), quelques graffitis peints sur les murs de la ville, des liens commenceront à se créer avec des étudiants issus d'autres villes du pays… Mais ces jeunes humanistes se sont engagés dans un combat bien incertain, c'est une lutte bien inégale qui les opposent aux masses silencieuses de la cité asservie et apeurée. Comment échapper, malgré toutes les précautions du monde, à l'irrésistible puissance destructrice du Reich ?

Le matin du 18 Février 1943, Hans et Sophie Scholl furent arrêtés alors qu'ils distribuaient des tracts à l'université de Munich. Rapidement leurs « complices » furent identifiés. le procès eut lieu le 22 Février, le même jour, vers 17 heures, Hans, Sophie et leur ami Christophe Probst furent décapités en application de la sentence prononcée à leur encontre. Dans les semaines qui ont suivis, plusieurs de leurs camarades furent interpellés et confrontés à la justice expéditive des nazis, rares sont ceux qui en sortiront indemnes.

C'est un formidable témoignage que nous propose ici Inge Scholl, la soeur de deux des condamnés. Plus encore qu'une description du mouvement « la rose blanche » et de sa fin tragique, elle s'attache dans ce récit à montrer au lecteur l'évolution d'une conscience, la naissance d'un sentiment d'injustice et de honte, d'un besoin de résistance. L'arrivée au pouvoir de Hitler et la vague d'espoir qui l'accompagnait, les premiers questionnements, les premières exactions qu'on ne peut cautionner, le constat de l'horreur, le refus, puis la lutte… vaine, sans doute, mais tellement nécessaire…
Lien : http://testivore.com/la-rose..
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Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
Qui a compté les morts ? Hitler ? Goebbels ? Certes, ni l'un ni l'autre. Des milliers d'hommes tombent chaque jour en Russie. C'est le temps des moissons, mais le moissonneur s'est fait soldat, et il roule à plein gaz dans les blés mûrs. Le deuil entre dans les chaumières. Il n'est personne pour sécher les pleurs de la mère. Hitler lui a pris ce qu'elle avait de plus cher, il a mené son enfant à une mort absurde, et maintenant il lui ment encore.
Chaque parole qu'Hitler prononce est un mensonge. Quand il dit : paix, il pense : guerre, et s'il cite, en blasphémant, le nom du Tout-Puissant, il ne songe qu'à la force du mal, à l'Ange déchu, à Satan. Sa bouche est la gueule puante de l'enfer, réprouvée est sa puissance.
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Notre « État » actuel est la dictature du mal. On me répond peut-être : « Nous le savons depuis longtemps, que sert-il d'en reparler ? » Mais alors, pourquoi ne vous soulevez-vous pas, et comment tolérez-vous que ces dictateurs, peu à peu, suppriment tous vos droits, jusqu'au jour où il ne restera rien qu'une organisation étatique mécanisée dirigée par des criminels et des salopards ? Êtes-vous à ce point abrutis pour oublier que ce n'est pas seulement votre droit, mais aussi votre devoir social, de renverser ce système politique ? Qui n'a plus la force de faire respecter son droit, doit, en toute nécessité, succomber. Nous mériterons de nous voir dispersés sur la terre, comme la poussière l'est par le vent, si nous ne rassemblons pas nos forces et ne retrouvons, en cette douzième heure, le courage qui nous a manqué jusqu'ici. Ne cachez pas votre lâcheté sous le couvert de l'intelligence. Votre faute s'aggrave chaque jour, si vous tergiversez et cherchez des prétextes pour éviter la lutte.


Page 134
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Sophie passa la nuit chez son frère. En s'endormant, elle revivait cette soirée. Les étudiants avaient parlé de leur travail dans les hôpitaux où, pendant leurs vacances, ils accomplissaient des stages. « Il n'y a rien de plus beau, avait dit Hans, que de s'occuper ainsi des malades. Je trouve là des instants où je suis parfaitement heureux. - Mais, demanda quelqu'un, n'est-ce pas un non-sens de rester dans nos chambres à apprendre comment guérir les hommes quand l’État envoie, sans relâche, tant de jeunes gens à la mort ? Qu'est-ce que nous attendons ? Qu'un jour, la guerre soit terminée et que tous les peuples nous accusent d'avoir supporté un tel gouvernement sans résistance ? »
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De sa caverne sombre
le larron part rôder ;
il veut voler de l'or
et trouve mieux encore :
une vaine querelle,
des théories de fou,
des drapeaux déchirés,
un peuple à la dérive.

Partout sur son chemin
c'et famine et disette,
il peut marcher sans honte,
il se sacre prophète ;
le voici qui s'avance
dans l'ordure et la fange
et salue à voix basse
un monde abasourdi.

Vautré dans la bassesse
comme dans un nuage,
mentant devant le peuple
il conquiert le pouvoir.
Des complices nombreux
placés à tous les postes,
guettent les occasions
et s'offrent à son choix.

Ils sèment sa parole
tels les anciens apôtres
les grains miraculeux ;
leurs discours se répandent.
L'exemple du mensonge
par tous est bien suivi.
En tempête s'élève
la puissance du mal.

La mauvaise herbe couvre
les terres désolées.
Le peuple est dans la honte
le criminel triomphe.
On reconnaît trop tard
la vérité perdue :
les bons ont disparu
les méchants sont légion.

Quand enfin les criminels
seront chassés du pays,
on en reparler longtemps
ainsi que de la mort noire.
Sur la lande, nos enfants
brûleront un mannequin :
Joie s'élève des souffrances,
le jour a vaincu la nuit.

Pages 53-54
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Pendant le voyage qui les menait au front, ils s’étaient arrêtés quelques minutes dans une gare polonaise. Des femmes et des jeunes filles, courbées sur la voie, effectuaient avec des pioches un travail d’hommes. Elles portaient l’étoile jaune sur la poitrine. Il avait sauté par la fenêtre de son wagon pour aller rejoindre ces femmes. La plus proche de lui était une jeune fille famélique, avec des mains très fines et un beau visage intelligent, où se lisait une tristesse indicible. N’avait-il rien à lui donner ? Il lui lança une ration militaire, du chocolat, des noix. La fille, prestement, la ramassa, puis, dans un geste très fier de femme souffrante et persécutée, la rejeta aux pieds de Hans. Il la reprit, et lui dit en souriant : « J’aurais tant voulu vous faire une petite joie. » Il cueillit alors une marguerite qu’il déposa près du paquet, en esquissant une révérence. Le train partait déjà, et Hans sauta en marche. De loin, il aperçut encore la jeune fille, qui regardait le train s’éloigner. Elle avait mis la marguerite blanche dans ses cheveux.
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