Une hypothèse qui a pris place dans la tête, ou qui même y est née, y mène une vie comparable à celle d'un organisme, en ce qu'elle n'emprunte au monde extérieur que ce qui lui est avantageux et homogène, tandis qu'elle ne laisse pas parvenir jusqu'à elle ce qui lui est hétérogène et nuisible, ou, si elle ne peut absolument l'éviter, le rejette absolument tel quel.
Car il n'y a pas beaucoup à gagner dans ce monde: la misère et la douleur le remplissent, et, quand à ceux qui leur ont échappé, l'ennui est là qui les guette à tous les coins.
La beauté est une lettre ouverte de recommandation, qui nous gagne les cœurs à l’avance.
"Par une froide journée d’hiver un troupeau de porcs-épics s’était mis en groupe serré pour se garantir mutuellement contre la gelée par leur propre chaleur.
Mais tout aussitôt ils ressentirent les atteintes de leurs piquants, ce qui les fit s’écarter les uns des autres.
Quand le besoin de se réchauffer les eut rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de sorte qu’ils étaient ballottés de çà et de là entre les deux maux jusqu’à ce qu’ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendît la situation supportable."
Extrait.
Comme quoi...
On peut partager les penseurs en ceux qui pensent pour eux-mêmes, et ceux qui pensent pour les autres. Ceux-ci sont la règle, ceux-là l'exception. Les premiers sont en conséquence des penseurs personnels au double sens du mot, et des égoïstes au sens le plus noble ; c'est d'eux seuls que le monde reçoit un enseignement. car la lumière qu'on a allumée soi-même peut seule éclairer ensuite les autres ; de sorte que ce que Sénèque affirme au point de vue moral : "Il faut que tu vives pour autrui, si tu veux vivre pour toi-même" (lettre XLVIII), doit être retourné ainsi au point de vue intellectuel : "Il faut que tu penses pour toi, si tu veux penser pour tous."
Par une froide journée d’hiver, un troupeau de porcs-épics s’était mis en groupe serré pour se garantir mutuellement contre la gelée par leur propre chaleur. Mais aussitôt, ils ressentirent les atteintes de leurs piquants; ce qui les fit s’écarter les uns des autres. Quand le besoin de se réchauffer les eut rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de sorte qu’ils étaient ballottés de ça et de là, entre les deux maux, jusqu’à ce qu’ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendît la situation supportable.
Ainsi, le besoin de société, né du vide et de la monotonie de leur vie intérieure, pousse les hommes les uns vers les autres ; mais leurs nombreuses manières d’être antipathiques et leurs insupportables défauts les dispersent de nouveau. La distance moyenne qu’ils finissent par découvrir et à laquelle la vie en commun devient possible, c’est la politesse et les belles manières. [...] Par ce moyen le besoin de se réchauffer n’est, à la vérité, satisfait qu’à moitié, mais, en revanche, on ne ressent pas la blessure des piquants.
Les religions sont comme les vers luisants : pour briller, elles ont besoin d'obscurité. Un certain degré d'ignorance générale est la condition de toutes les religions, le seul élément dans lequel elles peuvent vivre.
Le médecin voit l'homme dans toute sa faiblesse ; le juriste, dans toute sa méchanceté ; le théologien, dans toute sa sottise.
La parabole des hérissons
Par une froide journée d'hiver, un troupeau de hérissons s'était mis en groupe serré pour se protéger contre le froid et la gelée grâce à la chaleur de leur propre corps.
Mais tout aussitôt ils ressentirent des douleurs à cause de leurs piquants, ce qui les fit s'éloigner les uns des autres. Mais là, ils se retrouvèrent seuls à souffrir du froid.
Quand le besoin de se chauffer les eut rapprochés de nouveau, le même inconvénient se renouvela, de façon qu'ils étaient ballotés de ça de là entre deux souffrances, jusqu'à ce qu'ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendît la situation supportable.
Ainsi, le besoin de société pousse les hommes les uns vers les autres ; mais leur nature méchante et leurs insupportables défauts les dispersent de nouveau. La distance moyenne qu'ils finissent par découvrir et à laquelle la vie en commun devient possible, c'est la politesse et les bonnes manières
Le monde n'est pas une fabrique et les animaux ne sont pas à l'usage de nos besoins.