"C'est là qu'un jour tout a commencé, et c'est là que tout a fini."
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Nils, Benjamin et Pierre retournent dans leur ancienne maison d'été pour y répandre les cendres de leur mère. Un lieu chargé de souvenirs pour ces trois frères qui, un jour fatidique, ont quitté brutalement le monde de l'enfance. Mais il est parfois vital de se souvenir pour retrouver sa liberté, effacer le traumatisme.
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Dans la quiétude d'une nuit d'été, nous assistons à une violente bagarre entre frères. Cela arrive les bagarres entre frères. Après tout, ils sont en deuil. Leur mère est décédée et ils se retrouvent dans cet endroit qui, aussi beau soit-il, symbolise la fracture. Une maudite fracture, toujours là, irréparable. Car ces frères ne sont pas aussi soudés qu'ils devraient l'être. Comme un révélateur, l'endroit agit sur leur mémoire, surtout sur celle de Benjamin, le cadet. Peu à peu, il se souvient de ce qui s'est passé vingt ans auparavant. de ces souvenirs naît l'émotion.
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Je me suis prise d'affection pour ces frères, mais finalement surtout pour Benjamin. Dans une fratrie, il n'est pas toujours facile d'être celui du milieu. Ce garçon semblait vouloir attirer l'attention et regorgeait d'idées pas toujours très bonnes. D'un côté, il y avait Benjamin et Pierre, souvent ensemble, un peu comme les deux doigts de la main. de l'autre, il y avait Nils, un peu plus âgé, un peu plus posé, un peu à l'écart de cette "maison de fous". Une fratrie comme il en existe tant d'autres, avec ses rivalités et ses alliances. Et puis, il y avait les parents, souvent "absents", de passage entre deux siestes ou deux verres d'alcool. Une famille quelque peu dysfonctionnelle. Une mère lunatique, extrême dans ses attitudes, perturbante. Un père tantôt chaleureux, passif ou coléreux.
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On ressent combien il est difficile pour
Benjamin D extirper ces souvenirs de sa mémoire, de s'obliger à les revivre. Parfois le temps se distend, lui faisant perdre ses repères. Un malaise à la fois physique et sensoriel, qui nous oppresse. Dans ce récit, la joie, éphémère et vaporeuse, ne nous étreint pas longtemps, et laisse rapidement place à des sentiments plus étouffants. Alors on espère le salut, pour eux tous, pour continuer.
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Dans cette narration originale qui débute par la fin de l'histoire,
Alex Schulman mélange avec brio les temporalités. Une construction qui dessine avec acuité le drame qui se profile. Un récit à la fois lent et douloureux, qui nous plonge dans un suspense angoissant. Quand vient la chute, c'est le drame, littéralement. Il faut enregistrer l'information, l'accepter. Une fois la surprise du dénouement passée, je n'ai pu m'empêcher de vouloir revenir sur le livre, de relire une nouvelle fois certains passages, tel un petit poucet avec ses cailloux.
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Les survivants est un roman admirablement bien écrit et construit, d'une intensité saisissante. Une histoire qui laissera son empreinte dans ma mémoire.
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Je remercie Babelio et la maison d'édition pour l'envoi de ce roman.
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La chronique complète est sur le blog.