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Critique de clude_stas


Bruxelles en 1946. On paie toujours ses frites « Chez Bertje » avec des tickets de rationnement. le Congo est toujours belge, et les touristes américains découvrent l'Europe, sous un soleil torride. Spirou, toujours groom au Moustic Hôtel, noie ses déceptions amoureuses dans l'alcool. Pendant que Fantasio écoute « les Zazous » et tente de comprendre l'existentialisme, sur les toits de la capitale, une femme-léopard et de massifs robots se poursuivent. Ailleurs, d'anciens nazis, spécialistes de l'uranium, sont au coeur d'un coup d'état en Afrique. La clef de tout cela est-elle dans un double fétiche à clous (un Koso) ?
Ainsi jetés sur le papier, les éléments de cette nouvelle aventure de Spirou semblent bien disparates et pourtant, cela fonctionne très bien. A la vitesse supérieure même. Une des grandes qualités de cette série (d'autres, plus nostalgiques que moi, diront un défaut) est qu'elle a connu, au fil des années, différents auteurs et dessinateurs aves des bonheurs plus ou moins heureux. Ainsi il existe une série parallèle à la série initiée par Franquin, elle s'appelle « le Spirou de … » ; elle devait, au départ, n'être composée que de one-shots mais les différents tomes précédents ayant connu un succès bien plus qu'honorable, l'éditeur a décidé de renouveler sa confiance dans le duo Yann-Scwartz. Voici donc la suite de « le Groom vert-de-gris ».
Yann (1954) est souvent qualifié de scénariste drôle, cynique, féroce, romantique à l'occasion, érudit, féru d'Histoire, curieux de tout. Ce qui explique très probablement la diversité de son inspiration (de « Bob Marone » aux « Innommables », de « XIII Mystery » » à « Dent d'ours », de « la Tigresse blanche » aux « Hauts de Hurlevent » d'après Emily Brontë). Quant à Olivier Schwartz (1963), souvent comparé au très regretté Yves Chaland, il est un des dessinateurs les plus inventifs (les mises en page), des plus vivaces mais également des plus raffinés. Parfait, pour ce premier tome, où nous retrouvons aussi bien Bruxelles que Paris ou Anvers. Parfait pour croquer quelques figures culturelles de l'époque : Jean-Paul Sartre et son Castor (Simone de Beauvoir), Boris Vian et sa trompette, Juliette Gréco et son nez … Parfait pour nous proposer une sculpturale femme-léopard, croisement improbable entre Skin de Skunk Anansie et Grace Jones. Bref, graphiquement séduisant.
Un autre aspect, tout aussi séduisant, mais plus personnel, est que les dialogues sont truffés de mots propres au patois bruxellois. Il y a bien sûr tous ces jurons mais également « brol » (bric-à-brac), « zinneke » (chien bâtard) ou « frituur » (friterie). Et le parcours est émaillé de références visuelles : il y a même la citation d'un personnage de Tintin. Un hommage très certainement ! Pour un personnage très lisse par un personnage qui l'est de moins en moins, ce qui le rend de plus en plus passionnant.
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