— C’est un chien, Anne. Il ne sait pas parler.
Elle fronça les sourcils.
— Mais avant il faisait des petits jappements et il m’aboyait des trucs au téléphone. Tu vois ce que je veux dire ? Je crains qu’il n’ait développé une forme d’angoisse liée à l’abandon. C’est un animal ultra-sensible. Il est un peu comme Mal, en un sens.
— C’est un fou furieux qui court après sa propre queue jusqu’à ce qu’il tombe, la corrigeai-je. Si, tu as raison, en fait. Il est un peu comme Mal.
De tous les fantasmes que je nourrissais à propos de lui, le voir se réveiller dans ma chambre en ressemblant à un animal écrasé ne figurait pas vraiment en haut de la liste.
Si c’était ça le résultat d’une bonne partie de jambes en l’air, il était hors de question que je m’y recolle un jour. Je ferais même une croix sur le sexe médiocre. Terminé. Il se pourrait d’ailleurs que je fasse une croix sur la masturbation, juste au cas où. On n’était jamais trop prudent. Des attaques de sperme inopinées pouvaient se produire n’importe où, menaçant de foutre dans la merde une pauvre innocente.
— Lizzy ?
Si c’était ça le résultat d’une bonne partie de jambes en l’air, il était hors de question que je m’y
recolle un jour. Je ferais même une croix sur le sexe médiocre. Terminé. Il se pourrait d’ailleurs que
je fasse une croix sur la masturbation, juste au cas où. On n’était jamais trop prudent. Des attaques de
sperme inopinées pouvaient se produire n’importe où, menaçant de foutre dans la merde une pauvre
innocente.
Je me relevai en vacillant, posant mes mains moites sur la table pour me maintenir en équilibre.
— Je vais y aller, dis-je.
— Hey.
Une main vigoureuse m’attrapa par le menton. Des sillons s’étaient creusés entre les sourcils de
Ben et de part et d’autre de sa bouche, qu’on devinait seulement derrière sa
barbe. Il était clairement
mécontent, ce qui n’était pas difficile à comprendre.
— C’est bon, Liz, on va régler...
— Je suis enceinte.
Foolish heart and vagina. The brain knew better but no one was listening.
Time to put my heart and hopes back on ice.
Quoi ? Non ! aboya Jimmy de l’autre côté du fauteuil.
— Juste une petite, insista Lena en lui caressant le visage.
— Je ne me laisserai pas pousser une putain de barbe. Ça gratte.
— Mais…
— Ça te vient d’où cette lubie, d’abord ? s’écria Jimmy en braquant sur moi un regard assassin. Tu lui en as fait la promo, Liz, c’est ça ?
J’affichai une expression des plus innocentes, mais Jimmy secoua la tête.
— Vous ne devriez pas parler de sexe entre vous, bordel. On vit déjà suffisamment les uns sur les autres
Ben : Tu viens de m’envoyer une photo de ton déjeuner ?
Lizzy : Non. C’est une œuvre artistique à base de frites et de ketchup qui exprime mon immense tristesse que tu ne répondes pas à mes messages. Tu ne vois pas le visage au milieu ?
Ben : C’est quoi le truc vert ?
Lizzy : Des larmes en cornichons. Je les ai piquées dans le cheeseburger d’une copine.
Ben : C’est mignon.
Lizzy : Tu es ému ?
Ben : Absolument.
Lizzy : Alors tu acceptes de me parler ?
Lizzy : Haha. Tu manges de la pizza ?
Ben : Triste ou contente, selon toi ?
Lizzy : Elle a un regard lubrique. Comment oses-tu m’envoyer des pepperonis aussi tendancieux ? Je ne suis pas ce genre de fille.
Ben : Ah. Faut que j’aille bosser. À plus, ma belle.
http://lachroniquedespassions.blogspot.fr/
— Attends un peu, dis-je. Tout à l'heure on se fera des shots de lait chaud, ça va être dingue.
— Tu vis dangereusement.
— N'est-ce pas ?
— Ah, fit-elle, l'étonnement visible dans son regard. Tant mieux. Ça me donne une meilleure opinion du monstre à barbe.
— Mmh.
Bon, c'était toujours mieux que quand elle l'appelait Sperminator.