Nous allions voyager à la dure, salle poltrone numéro huit, logés avec la foule bruyante des exclus et des hors-la-loi qui s'embarquaient pour le Nouveau Monde. C'était le seul endroit qui convienne à des aventuriers de notre trempe. Nous avons cherché la salle, un peu tendus, dans un dédale d'escaliers et de coursives. En y entrant, nous nous sommes figés l'un et l'autre. Il m'a semblé entendre un soupir de soulagement.
- Comment ? j'ai fait.
- Tu disais ? il a répondu.
- Non rien.
La salle poltrone numéro huit était climatisée, le sol recouvert d'une moquette bleue et les murs parés d'élégantes boiseries. Des fauteuils moelleux s'alignaient devant les écrans de télévision. Une lumière douce provenait de spots incrustés dans le plafond en myriades d'étoiles. Quelques passagers s'installaient, calmes et respectueux de la tranquillité des autres.
- Ca joue les palaces et ça vous sert une bière en boîte sans même vous donner un verre, c’est une honte. Il était furieux. Il n’aimait pas la sensation d’être pris pour un imbécile. Certes, le capitalisme international l’écœurait et il préférer voyager à la dure. Seulement, quand il entrait dans un palace, il appréciait d’être traité en magnat du pétrole. Il a fait un signe au barman et exigé un verre. L’autre est allé ranger des bouteilles, essuyer une table, servir cinq autres personnes. Enfin il est venu poser deux gobelets en plastique d’un coup sec sur le comptoir. – Et voilà le travail, a fait mon cricri. Le loufiat est mouché. Tu vois, dans les voyages, le plus difficile, c’est de rester vigilant. Sinon, on perd vite tout savoir-vivre. Puis il a écrasé son gobelet du plat de la main. Cela faisait dix minutes qu’il avait sifflé sa bière.
La diplomatie, c'est l'art du compromis.
Oh, le mal de mer est une arme redoutable. Si Hitler avait misé sur le mal de mer plutôt que sur les missiles balistiques, les nazis auraient sûrement gagné la Seconde Guerre mondiale.
Quand tu débarques là-bas avec ta grisaille de soucis d'Occidental typique, avec ton putain de monde intérieur, c'est une claque de joie que tu te prends dans la figure. Ils sont dans la nasse et ils n'en sortiront pas. La joie de vivre est leur réponse.