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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Asne Seierstad, l'auteure, est une reporter de guerre norvégienne. "Embarquée" pendant six semaines, juste après le 11 septembre 2001, avec les troupes de l'Alliance du Nord qui combattent les taliban, elle arrive à Kaboul en novembre, après la chute de ces derniers. Elle y rencontre Sultan Khan, libraire, puis sa famille, avant de s'installer chez eux pendant quelques semaines, pour y vivre et raconter, de l'intérieur, le quotidien d'une famille afghane.
Une famille dont Sultan est le chef incontesté. Craint plutôt que respecté, il préside aux destinées de ses enfants et des membres de sa famille sous son autorité comme il gère ses affaires, d'une main de fer sans le gant de velours. Sultan Khan est amoureux des livres, que depuis toujours il achète et vend, protège et cache, tente de faire échapper aux autodafés des communistes, puis des moudjahidin, puis enfin des taliban. Si Sultan aime les livres, il aime aussi beaucoup l'argent qu'ils lui rapportent, au point, paradoxalement, de faire travailler (d'exploiter 15 heures par jour) tous ses fils dans ses librairies plutôt que de les envoyer à l'école. Commerçant impitoyable, il est aussi tyrannique avec ses enfants, et n'a absolument rien à faire de leurs aspirations ou de leurs rêves d'émancipation. Ce sont évidemment les femmes qui sont les principales victimes de cette société clanique et patriarcale aux traditions séculaires. Certaines trouvent une échappatoire dans le mariage, quand elles ont la chance qu'on leur attribue un mari un brin libéral. D'autres ne quittent le joug de leur père que pour tomber sous celui de leur belle-famille, condamnées à être mères et esclaves domestiques. C'est le sort de Leila qui m'a le plus fendu le coeur : « "Ressens-tu la même chose que moi ?" a-t-il écrit [son amoureux secret]. En fait, elle ne ressent rien du tout. Elle est morte de peur. C'est comme si une nouvelle réalité lui apparaissait. Pour la première fois de sa vie, quelqu'un exige d'elle une réponse. Quelqu'un veut savoir ce qu'elle ressent, ce qu'elle pense. Mais elle ne pense rien du tout, elle n'a pas l'habitude d'avoir une opinion. Et elle se persuade qu'elle ne ressent rien parce qu'elle sait qu'elle ne doit rien ressentir. Les sentiments sont une honte, a appris Leila ».
A travers ces chroniques de la vie d'une famille citadine et relativement aisée, l'auteur nous fait voir un Afghanistan qui se remet à peine de la terreur d'un régime obscurantiste et quasiment analphabète. Dans son récit, elle reste à distance, n'intervenant jamais en tant que protagoniste dans les scènes qu'elle relate. Un regard et un ton journalistiques, sans pathos, qui ne l'empêchent pas de dire, dans l'avant-propos, sa révolte et son désarroi face à la situation des femmes afghanes.
Dans un pays où, à l'époque, les moins de 20 ans n'ont connu que des guerres successives, tous aspirent à la paix, au renouveau, à la modernité. Au printemps 2002, malgré le poids de la tradition et la situation politique instable, l'espoir fleurissait. Et je ne peux pas m'empêcher de me demander ce qu'il est advenu de cette famille depuis lors...
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Portraits de la vie quotidienne dans l'Afghanistan du début du XXIe siècle.

Si le règne des Talibans s'est achevé, la société est loin d'être remise de la guerre, l'électricité et l'eau courante y sont encore peu fiables, les écoles ne sont pas bien pourvues et les mentalités oscillent entre les traditions rigides et les espoirs de liberté.

Bien qu'on nomme le libraire dans le titre, ce n'est pas vraiment un héros. Même si on apprend qu'il a été emprisonné pour avoir continué à vendre des livres, ses comportements avec ses femmes et ses enfants sont loin d'être exemplaire. C'est le maître absolu de la famille et on ne peut lui désobéir sans être exclus du clan. Ses livres sont des possessions précieuses, mais il semble qu'il ne tienne pas à transmettre le goût de la littérature quand même un de ses fils n'a pas le droit d'aller à l'école.

Ce n'est pas vraiment un roman, plutôt une série de portraits, des chapitres qui se suivent, racontant l'histoire de l'un ou de l'autre. L'écriture est simple, plutôt journalistique, en gardant une certaine distance face aux situations terribles des femmes.

C'est une description d'un pays dur, des habitants dont les traditions sont très dures aussi, et où dans une famille, l'honneur passe bien avant l'amour…
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Le titre m'avait laisser présager un roman. Mais c'est plutôt un récit ou un recueil de chroniques sur la société afghane au sortir du joug des talibans. Ça a le poids du témoignage direct et c'est pire que ce qu'on aurait pu imaginer. Ce n'est pas le quotidien d'une famille pauvre et illettrée que l'autrice nous donne à partager mais, comme le titre l'indique, celui de la famille d'un libraire, d'un homme amoureux des livres, des textes anciens et des éditions rares. On imagine alors que cet homme respectueux de la littérature ne peut qu'être ouvert d'esprit et libéral mais il n'en est rien. Il est au contraire tyrannique au point d'exploiter sa famille, faisant travailler frères et fils comme des esclaves pour la prospérité financière de son commerce au détriment de leur scolarisation, sans parler des femmes qu'il maintient dans une dépendance encore plus grande si tant est que ce soit possible. Les talibans ont été chassé mais la société afghane n'en reste pas moins celle où le port de la burkha est généralisé et où les crimes d'honneur perpétrés au nom de la loi de Dieu sont loin d'être rares ! Ce récit m'a rappelé les écrits de Svetlana Alexievitch qui donnent eux aussi le pouls d'une société par des témoignages directs. Dans les deux cas, bien que les problématiques ne soient pas semblables, on sent qu'on a affaire à une société malade qui n'arrive pas à digérer son passé douloureux; dans les deux cas, on a peine à imaginer un remède tant les travers sont ancrés profondément dans les mentalités. C'est extrêmement déprimant…
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Les journaux télévisés ont débordé d'informations sur l'Afghanistan. Kaboul, les taliban, la guerre… Mais jamais ou rarement sont-ils entrés dans l'intimité d'une famille Afghane. Ane Seierstad nous fait pénétrer dans ce cercle familial régi avec autorité par Sultan Khan, le libraire.
L'auteur, tout en restant parfaitement impartiale nous fait partager la terrible condition des femmes entièrement soumises à leurs époux, leur extrême impuissance, leur résignation à un sort imposé par les hommes. Leur peur.
Sa condition d'occidentale lui a permis d'observer de près les femmes comme les hommes (ainsi qu'elle l'a dit elle-même, elle pensait être considérée comme une espèce d'hermaphrodite !!!), et même, parfois, d'intervenir en faveur de la fille cadette, Leila, qui sert d'esclave à toute sa famille, bien qu'elle soit probablement la plus éduquée de la maison.
Encore un livre qui nous fait mesurer la chance que nous avons, quand on est une femme, de vivre dans un pays occidental !
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Le hasard a voulu que je tombe sur ce roman dans une boîte à livres au moment où l'Afghanistan revenait dramatiquement dans l'actualité...

Roman, pas vraiment en fait , et c'est d'autant plus intéressant . L'auteure est une journaliste reporter de guerre norvégienne qui a vécu la chute des taliban fin 2001 et qui a choisi de rester sur place , dans la famille de Sultan Khan, libraire à Kaboul, pour raconter de l'intérieur la vie d'une famille afghane de classe moyenne alors que la fuite des taliban ramène « un fragile espoir » chez les habitants.

C'est donc plus une série de portraits que nous fait Åsne Seierstad et on plonge avec elle dans le quotidien de Sultan et de sa famille élargie : femmes, enfants, frères et soeurs , mère.

A travers l'histoire de Sultan Khan, c'est l'histoire de l'Afghanistan qui défile : « D'abord, les communistes ont brûlé mes livres, puis les moudjahidin les ont pillés, avant que les taliban ne les brûlent de nouveau , racontait-il » On a d'abord de la sympathie pour cet homme qui aime les livres, a trois librairies à Kaboul où militaires et journalistes vont chercher un peu d'air et de culture .... Et puis, au fil du récit, on s'aperçoit que le libraire a aussi un sens très prononcé des affaires et qu'il aime peut être surtout les livres pour l'argent et la considération qu'ils lui apportent... Et malheur à qui s'en prend à ses biens : il n'hésite pas à faire condamner à trois années de prison un pauvre menuisier qui a eu l'audace de lui voler des cartes postales.

Mais surtout on découvre un chef de famille très autoritaire et même tyrannique.
Il interdit à ses enfants d'aller à l'école et de choisir leur métier, obligeant ses deux fils à travailler pour lui. On prend ainsi en pitié le jeune Aimal , 12 ans, qui travaille 12 heures par jour,sept jours sur sept, dans une petite échoppe dans le sombre lobby d'un hôtel de Kaboul, boutique qu'il appelle « la chambre triste ». « Jigar khoon », « mon coeur saigne », dit-il, devant son enfance gâchée .

Enfin ce sont surtout les femmes qui font pitié dans ce livre, principales victimes de cette société patriarcale et dont la situation a souvent fait bondir l'auteure, comme elle le dit dans son avant-propos : « jamais je n'ai ressenti une telle envie de frapper quelqu'un que pendant mon séjour chez les Khan. C'est toujours la même raison qui me faisait sortir de mes gonds : le comportement des hommes envers les femmes. La supériorité des hommes est si ancrée en eux qu'elle n'est qu'exceptionnellement contestée. »

« Le désir d'amour d'une femme est tabou en Afghanistan. Il est interdit aussi bien par le strict code de l'honneur des clans que par les mollahs » Tout est dit : si les taliban et leur « ministère de la Promotion de la Vertu et de la Prévention du Vice » plus connu sous le nom de ministère des Bonnes Moeurs , ont fait « disparaître tous les visages féminins des rues de la ville » sous les burkhas bleu ciel dans les familles et la tradition, avec ou sans taliban, « tout reste inchangé : les hommes décident. »

(A noter qu'un chapitre intitulé « Ondoyantes, flottantes, serpentantes » décrit de manière assez drôle, paradoxalement, la sortie au bazar des femmes en burkhas )

« Les jeunes femmes sont avant tout un objet d'échange ou de vente ». L'auteure nous décrit en détail les tractations , la préparation du mariage, la cérémonie. Si elles ont de la chance, elles gagneront un peu d'autonomie dans le mariage, mais elles peuvent aussi passer d'un « esclavage » à l'autre . le portrait féminin le plus poignant est celui de la jeune soeur de Sultan, Leila, qui rêve d'enseigner l'anglais mais, « élevée pour servir, elle est devenue servante » et trime du matin au soir pour satisfaire les moindres désirs des 11 puis 13 personnes de la maison avant que sa mère ne la donne en mariage à un « grand dadais » inculte avec trois doigts en moins dont elle ne voulait pas... elle a essayé de trouver une porte de sortie pourtant, la pauvre Leila au coeur brisé qui piétine « dans la boue de la société et la poussière des traditions »

Ce n'est pas un roman, c'est parfois un peu décousu mais, à l'heure où les taliban reprennent le pouvoir en Afghanistan, ce quasi reportage au coeur de la société afghane est très instructif, déprimant aussi devant le sort fait aux femmes et l'impression d'une société figée dans ses archaïsmes...




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Ce livre m'a été offert par une amie. Personnellement, je ne l'aurais peut-être jamais choisi, la couverture étant peu captivante et le titre peu intéressant, je l'ai laissé traîner au fin fond de ma bibliothèque depuis plus d'un an. Mais après sa lecture, j'ai pu encore une fois confirmer qu'il ne fallait jamais juger un livre à sa couverture.

Il s'agit de la famille Khan, l'une des rares familles afghanes ayant survécu décemment aux Talibans et surtout de Sultan Khan, ce libraire cultivé et ambitieux qui se bat pour que les enfants de son pays, filles et garçons, puissent aller à l'école et avoir un support d'apprentissage sain et sans aucune incitation à la guerre ou à la violence mais qui se transforme en tyran une fois rentré chez lui, devenant autoritaire, injuste et exigeant obéissance quelles que soient les circonstances.

Je conseille ce livre à tous ceux qui sont intéressés par la condition féminine en Afghanistan.
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L'auteure norvégienne nous fait partager la vie dans la famille d'un libraire afghan, Sultan Khan. Elle raconte le parcours de cet homme, de ses femmes, de ses enfants, à travers les vicissitudes de l'histoire de ce pays tourmenté par les guerres et le passage des talibans.

C'est un livre touchant, bien que pas très bien construit, à mon avis. D'abord centré sur le personnage du libraire et ses difficultés à maintenir son commerce, le livre s'attache ensuite aux figures féminines de la famille et l'histoire devient plus touchante car, on s'en doute, ce n'est pas facile d'être femme dans ce pays où la burqa fait partie du paysage... Au final, je n'ai pas eu l'impression que le titre rendait compte du véritable contenu du livre, plus centré sur les femmes que sur le libraire. En tout cas, l'histoire de ce pays est passionnante et complexe et c'est finalement le plus intéressant dans cet ouvrage.
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L'auteur va vivre quelques mois dans la famille de Sultan.
Nous sommes en 2001 et les taliban ont été chassés de Kaboul.
Elle est femme et a obtenu l'accord du chef de famille, Sultan de vivre avec lui, ses femmes, ses enfants de le suivre partout, sans tabous, sans interdits.
Sultan, chef incontesté de famille accepte.
Trois fois il a vu sa librairie saccagée, ses livres brulés, il a été enprisonné, c'est réfugié au Pakistan........mais toujours, il a recommencé. Maintenant, les talibans chassés, il veut devenir le grand éditeur afghan.
Dans la famille, il est LE chef incontesté, il a le pouvoir, l'argent, décide de tout, choisi le mari des filles, le métier des garçons...un regard et le silence se fait.
L'auteur nous méne dans cette société patriarcale, fermée ou les espoirs ....d'une autre vie, rêvée sont aussitôt écrasés par le poids des traditions. Nous vivons parmi ces femmes qui révent d'autre chose et pour les jeunes surtout d'apprendre avec la volonté de voir un peu de ciel bleu.............mais non
J'ai pris ce livre comme l'image d'un monde réel dont nous ne soupçonnons même pas l'existence....Je venais de lire "les hirondelles de Kaboul" de Yasmina Khadra en espérant une évolution positive..........si peu
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Cela fait un bon moment que j'ai lu ce roman écrit par une journaliste indépendante norvégienne. Basée sur sa propre expérience de l'Afghanistan durant les conflits avec les États-Unis, elle nous emmène dans une sorte d'exploration d'une famille afghane. Apparemment, elle connaissait le libraire, le père de la famille, et a peut être brodé autour de ce qu'il lui a raconté. Je n'ai pas su démêler les aspects réels, de la fiction. Certaines parties du roman sont difficiles à croire, je ne parle pas tant des conditions de vie à Kaboul ou ailleurs mais plutôt des comportements de certains membres de la famille envers leurs proches.

C'est une société horriblement dure qui est apparue sous le régime des talibans et spécialement pour les femmes qui n'ont le droit de rien faire à part rester enfermées chez elle. Heureusement comme dans tout régime tyrannique, les gens trouvent des moyens de s'amuser quand même et de contourner les règles. Cependant quand le patriarche lui-même impose les règles, toute la famille doit s'y plier.

C'est un roman vraiment intéressant, bien écrit et agréable à lire. On a envie de connaître les péripéties de cette famille et de ses différents membres. Par certains côtés, cela m'a rappelé "Pierre de patience" de Atiq Rahimi très beau roman sur l'Afghanistan également. Mais à la différence de ce dernier, le libraire de Kaboul, nous montre que la société afghane n'est pas morte, qu'elle peut renaître de ses cendres malgré tout ce qu'elle a pu subir.
Lien : http://nekobus.wasabout.net/..
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Oh que je suis contente de ne pas être née femme dans cette famille! Sultan, le chef de la famille, a beau être un amoureux des livres, il n'en demeure pas moins un tyran qui ne pense qu'à l'argent. Heureusement pour lui que l'auteure, qui a séjourné dans sa famille, n'a fait que relater les événements dont elle a été témoin et qu'elle ne livre pas ses pensées. On a donc tout le loisir de constater de quoi est composée leur vie quotidienne et de se faire notre propre idée. Puisqu'elle a vécu avec eux pendant un certain temps, elle a pu se lier avec les différents membres de la famille et entendre leurs confidences, que'elle couche sur papier dans ce livre. Une façon de découvrir l'Afghanistan dans son quotidien du début des années 2000, au delà de ce qu'on avait pu voir dans les nouvelles de l'époque.
Lien : https://leschroniqueslittera..
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