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Citations sur Sans armes face à Hitler. La résistance civile en Europe,.. (5)

Phénomène bien connu des historiens que cette reconstitution du fait historique. Par-delà les faits, il y a l'idée qu'on s'en fait, la manière dont on les "parle" ou les écrit. Toutes sortes de facteurs contribuent à les distordre. Les premiers, et non les moindres, sont politiques. La façon d'écrire l'Histoire est un enjeu de première importance. A travers la manière de rendre compte de leur conduite passée, les pouvoirs justifient dans le présent l'autorité qu'ils entendent conserver ou conquérir.
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Le génocide n'est pas un accident de l'histoire. Il est le syndrome le plus grave de la pire maladie de l'homme : sa violence. Comme la guerre, le génocide est la manifestation spectaculaire de la faculté de l'homme à s'autodétruire. A cet égard, il est comparable à une forme de cancer qui ronge le corps social. En dépit de l'abondante littérature consacrée au sujet, rares sont les tentatives qui ont appréhendé le génocide comme une maladie de l'humanité. Or, c'est en commençant par avoir une bonne connaissance du génocide, en tant que phénomène pathologique, qui peut saisir n'importe quelle société humaine, que l'on pourra peut-être avoir quelques idées de thérapeutiques.
Le drame de l'homme est qu'il ne semble pouvoir se constituer une identité sociale qu'en niant celle d'un autre, à des degrés divers. Ainsi, la constitution d'un groupe humain conduit généralement à une hiérarchie sociale au sein de ce groupe, celui-ci prenant corps parallèlement par la désignation d'un ennemi commun. La guerre est traditionnellement le moyen d'affirmer l'identité du groupe belligérant contre cet Autre, dangereux, ennemi désigné.
D'une façon générale, l'observation historique montre au moins trois formes de cette affirmation de soi – d'un Soi collectif – par négation de l'Autre. Elles peuvent être interprétées comme des réductions de l'Autre à soi :
- l'assimilation : le groupe dominant oblige le groupe dominé à adhérer à ses propres valeurs, c'est-à-dire à épouser sa propre culture, sa religion, moyennant quoi les membres du groupe dominé peuvent conserver certains droits limités. C'est une sorte « d'absorption » de l'Autre par le Soi.
- l'asservissement : le groupe dominé est placé dans une position de totale servilité à l'égard du groupe dominant. Il contribue à son enrichissement et ses membres ne possèdent aucun droits. C'est la figure de « l'instrumentalisation » de l'Autre.
- l'extermination : c'est évidemment la forme la plus extrême de la « réduction » de l'Autre, celle de son éradication.
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Lutter sans armes ne va pas de soi. Sans armes, on s'imagine sans défense. Aucun individu n'est spontanément prêt à prendre des risques. Or, susciter la terreur et l'isolement des individus est l'arme favorite des tyrannies. Paralysé par la peur des sanctions les plus graves, l'individu se soumet. Aussi la paix des tyrannies est-elle la paix de la peur, la paix de la mort. Dans de telles conditions, lutter sans armes exige d'abord de dépasser sa peur. Pour prétendre vaincre l'ennemi en quelque point, ou du moins rivaliser avec lui, il convient au préalable de vaincre sa peur. La peur la plus profonde que l'homme puisse ressentir : celle de perdre la vie. Affronter la violence totalitaire, les mains nues, commence par cette maîtrise de la peur qui n'est autre que l'angoisse de sa propre mort. C'est là l'une des choses les plus difficiles que l'on puisse demander à un être humain et qui fait que le combat sans armes n'est pas si commun.
Face à la violence qui le menace, l'homme estime que la seule réponse qui vaille est celle de la contre-violence. Une arme à la main, à tort ou à raison, il se sent rassuré. La possibilité qu'il a de lui-même donner la mort lui semble une manière de se protéger d'elle. Mais lorsque l'individu ne possède pas d'arme, sur quoi peut-il s'appuyer pour affronter la situation? Il ne dispose de rien, sinon de son intelligence et de sa détermination. La ruse peut être le moyen de surmonter le danger. Mais elle ne suffit jamais à juguler l'angoisse de la mort qui menace. A la place de la force des armes qu'il n'a pas, un homme isolé, qui entend se confronter à la violence, sans fuir ni se soumettre, n'a d'autre solution que de faire preuve d'une force morale assez exceptionnelle. Croire à un idéal moral, être habité par une foi religieuse, sont deux des principales voies par lesquelles l'homme peut parvenir à dépasser sa peur. Il faut qu'il soit convaincu que certaines valeurs sont plus importantes que la vie "physique" de sa propre vie. Il faut qu'il se persuade que la force de l'esprit est plus forte que la force de la brute. Aussi a-t-il la possibilité de défier la mort à travers la transcendance de la vie. Il y a là quelque chose qui parait de l'ordre du sacrifice et qui fait que celui qui se montre "doué de non-violence" est souvent qualifié de martyr ou de saint. Que ce jugement soit fondé ou non, il est clair qu'un tel engagement n'est pas donné à tout le monde.
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La barbarie des hommes a accompagné bien des guerres. Mais après celle-ci, on éprouva le besoin de créer, pour dénommer ce qui venait de se passer, un nouveau mot, aussi nouveau que le phénomène qu'il désigne : ce fut celui de génocide. Certains s'irritent de la volonté de réserver une place à part à l’extermination des juifs européens. Il est vrai que bien d'autres personnes disparurent dans les camps nazis : des tziganes, des homosexuels, des slaves et, en fin de compte, des homme de toutes sortes de nationalités. Mais il reste que le base de ce processus exterminatoire, ce qui lui a donné sa dynamique, c'est l'antisémitisme nazi. La caractéristique fondamentale du régime nazi, son trait sui generis, réside dans cette planification industrielle de l'élimination de catégories particulières de populations civiles, principalement juives. A cet égard, le génocide doit occuper une place centrale dans l'interprétation de la politique nazie envers les nations tombées sous son influence.
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Le mouvement le plus remarquable de solidarité de toute l'histoire du génocide fut sans conteste le sauvetage des juifs du Danemark. La célébrité de ce cas tient à sa réussite quasi totale (plus de 95% de la population fut sauvée) et en ce qu'il prit l'allure d'une épopée (évacuation des juifs par bateau vers la Suède).
"L'histoire des juifs danois est très particulière et le comportement du peuple et du gouvernement danois envers les juifs est unique, écrit Hannah Arendt. Qu'il fut occupé, partenaire de l'Axe, neutre ou vraiment indépendant, aucun pays d'Europe ne réagit de cette manière. On est tenté de recommander cette histoire à tout étudiant en sciences politiques qui désirerait mesure la force de l'action non violente et de la résistance passive quand l'adversaire dispose de moyens violents et beaucoup plus puissants."
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