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Critique de le_Bison


L'histoire commence comme un conte pour enfants. Un jeune chilien de 17 ans découvre « Moby Dick » de Herman Melville et s'émerveille de cette aventure passionnante. Pendant ses longues vacances scolaires, il décide donc de partir seul tout au sud pour embarquer sur un baleinier et découvrir véritablement l'âme de son pays. le Sud, la mer, Terre de Feu et la Patagonie, les dauphins et baleines... Que d'histoires à raconter à ses camarades restés pour bronzer à la plage et tourner autour des filles...Cependant, parce que Luis Sepúlveda reste un des plus fervents défenseur de la Nature, le roman change radicalement de cap et prend une nouvelle tournure : celle d'un thriller écologique.

Troisième lecture de cet auteur, et je reste toujours aussi subjugué par ses décors. J'arrive à ressentir ces embruns et ce vent glacial qui me fouette sèchement le visage pendant que je prends mon quart sur la passerelle. Je garde les yeux bien grand ouvert en regardant défiler des images de Terre de Feu et en espérant apercevoir au loin un de ces souffleurs si majestueux et magiques. Mais avec Luis, le voyage n'est jamais gratuit. Il me fait prendre conscience des atrocités humaines : la déforestation et la pollution des terres me faisaient déjà frémir dans « le neveu d'Amérique » ou « le vieux qui lisait des romans d'amour », mais je découvre que les hommes peuvent se montrer encore plus irrespectueux et atrocement barbares envers mers et océans.

Ces atrocités, dont j'ignorais tout (ou du moins je ne voulais pas les connaître), me font terriblement peur. Pour moi il est déjà trop tard, mais pour mon fils... Quel monde vais-je lui laisser ? Quelle image aura-t-il de notre génération pour laquelle le mot d'ordre semble être « profit, profit, profit », sans concession aucune et sans pitié pour notre planète. Des peuples autochtones ont été rigoureusement anéantis, des forêts ont été entièrement décimées, des océans irrémédiablement pollués...Et dire que mers et forêts représentent la survie de l'espèce humaine, ce qui laisse présager du niveau d'intelligence de l'homo sapiens sapiens.

J'ai mauvaise conscience quand je lis Sepúlveda. Un malaise m'étreint et j'ai honte d'appartenir à l'espèce humaine et honte d'être français. Il arrive presque à me culpabiliser par certaines irresponsabilités de nos chers gouvernants élus « démocratiquement ». le Japon en prend pour son grade avec sa chasse à la baleine à outrance (le Chili aussi puisque c'est le gouvernement chilien qui délivre des droits sur la tuerie des animaux dans ses eaux territoriales, un concept bizarre, non ? de se sentir tellement supérieur au point de délivrer des permis de tuer sur des espèces en voie d'extinction) mais la France n'en est pas moins égratignée et ses agissements loin de ses frontières montrent bien sa politique dominante et supérieure qu'elle s'octroie (au nom de quoi ?).

De la mer et des fjords, des images du Chili et de la Patagonie, un roman d'aventures océanes et écologiques...Voilà tout ce qu'un roman de Luis Sepúlveda donne au lecteur. Mais cette fois, ce dernier ressort avec l'odeur nauséabonde d'une pourriture de chair et de sang gisant à la surface des mers. Il repart avec le sentiment d'un terrible gâchis humain anéantissant les ressources océanes. La mer peut-être belle, soyeuse et magique, du moment qu'elle reste vide de toute présence humaine...
Lien : http://leranchsansnom.free.fr/
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