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Citations sur Darwin, Bonaparte et le Samaritain (16)

L'individu commun et le vrai commencement de l'histoire :
Méprisée comme utopique, la vision du personnage commun, banal, minuscule, individuel, faible, malade, infirmier, virtuel, oui, miraculeux, si délaissé dans son fossé, si oublié dans sa bonté, si concret dans son humilité qu'il passe pour inexistant ....et de sa puissance ascensionnelle de douceur, dévoile, il me semble, la vérité de la vieille histoire. Un nouveau retournement. Non, ne la firent ni les crimes de Staline, ou de Mao, ni les guerres de Cesar ou d'Alexandre, ni les décisions de génies législateurs, ni les fortunes économiques, ni la dialectique, ni aucune lutte, nulle haute majuscule ....ensembles massifs à hiérarchies forcenées qui ne produisirent plus que des morts, de la répétition, de l'éternel retour ... pour qu'existe le récit spectaculaire de l'histoire...mais chaque femme et chaque homme, sans nom, par leur conduite privée; les petits, les gauchers, les boiteux.
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Un arrêt sur paysage


Scandé de vignes et d’arbres, de prairies et de champs labourés, de carrés de luzerne et d’épis moissonnés, le paysage paysan requiert la paix -trois mots identiques-, la demande et la donne, la recueille en soi, dense, puis l’expose et l’inspire alentour. Il implique la patience lente du temps…
De la poussière des ancêtres ensevelis là, du labeur manuel repris au quotidien, des pactes calmes avec les voisins, l’apparence de la terre devint belle…De ces ingrédients élémentaires jaillit l’émotion ressentie devant le silence paisible du paysage, la palette de ses teintes, la sculpture propagée de ses moutonnements et les palissades basses des limites et des fermes… En un mot, l’esthétique désigne la perception du sensible et du beau parce que les cultivateurs et leur entourage, tous ceux dont la sapience et la sagacité ont construit longuement l’espace paysager du visible, du tangible, de l’à peine audible et de l’odorant, ont voulu, avec goût, qu’émane de lui cette nuée subtile. Par quel aveuglement au spectacle alentour, philosophes t esthéticiens n’ont-ils jamais eu de mot dire ce premier des beaux-arts, modeler la terre comme de la terre à modeler ?
De son bruit furieux, la guerre, inversement, l’efface et la détruit ; tout paysage dévasté révèle un conflit, ouvert ou latent. Quelles hostilités inavouées manifestent donc la sésagrégation et la ruine de nos paysages agricoles, naguère sereins et comme historiés, transformés en déserts plats, vidés de femmes et d’hommes pour les aises du tracteur et plongés par les passages mécaniques et la publicité sous les ordures vulgaires du bruit, de l’écriture et de la puanteur ? Si la beauté respire la paix, cette petite-fille du paysage-paysan, la laideur signe la violence. Ignobles, nous tuons l’agriculture, ce noble cénotaphe de la beauté. Oui, nous tuons moins les autres, mais ravageons le monde.
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Les lumières et la révolution industrielle plus les idéologies associées répondaient à l'envi la question : où allons nous ? Et nous promettaient le paradis sur terre. Les sciences, aujourd'hui, nous freinent brusquement sur cette voie devenue périlleuse, voire mortelle. Ou allons nous ? je ne sais, mais, au moins, n'allons pas.
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En refusant les lois de la jungle, nos pratiques combattent l'évolution. Nous opposons savoirs et techniques à la sélection naturelle. Nous naquîmes comme hommes en même temps que cette lutte.
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L'entropie et la mort ne cessent de dévaster, par nature et de nos propres mains, ce paysage à la fois naturel et humain, promis, dès lors, à la désertification ; la vie et l'information le cultivent pour le rendre riant et fertile. Voilà le choix. voilà aussi ce qui scande notre histoire, vouée longtemps aux forces de la port avant sur, conscience prise, nous appliquions un programme de vie.
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Quoi d'étonnant à ce que nous autres, humains, subissions et construisions, au sein de nos subjectivités, de nos savoirs, de nos pratiques et de nos groupes, une histoire proche de l'Univers où nous vivons ou analogue à lui ? Si ces deux mondes, naturel et culturel, au moins compatibles, s'éloignaient, s'opposaient ou se contredisaient, l'un détruirait l'autre et nous ne pourrions pas survivre
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Je reprends encore la même question. Récit parmi d'autres, fidèle parfois aux événements qu'elle relate, l'histoire a-t-elle un sens? De fait, elle en a beaucoup car elle bifurque en bouquet, se faufile à travers le réseau touffu des circonstances possibles ou réelles, au travers duquel ses ruissellements percolent, selon les mille carrefours et autant de ronds-points que son récit rencontre
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Au bilan de cette navigation dans les nombres, rectifions l'erreur des océanographes: l'île d'Utopie bienfaisante se révèle mer courante et continent commun. Inversement, le Mal surgit comme un haut-fond levé des abysses, comme une île aux pis abords. Les marins hauturiers l'entendent ainsi. Renversement total de nos perspectives : l'histoire et les histoires ne discourent que d'utopies, alors que ce que l'on nomme « utopie » décrit la réalité nombreuse et muette. Du coup, soucieuse du réel, la philosophie, lucide, quitte les historiens et se rapproche des utopistes. Décevrait-elle si elle dessinait une nouvelle carte de Tendre ou le paysage commun et sublime que sculptaient les paysans ?
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Dès qu’il se saisit du trône ou des armes, le spirituel chute dans le temporel. Une guerre armée, des affrontements corps à corps ne se réfèrent plus au spirituel, encore moins au saint, mais à la violence ordinaire, sous le masque d’une vérité à laquelle les belligérants ne s’attachent que par l’ivresse de la tuerie
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L'épisode atomique ferma un âge, en ouvrit un second ; quitta le subjectif et le local pour entrer dans l'objectif et le global. La mondialisation commença le 6 août 1945, à 8h, 16 minutes et 2 secondes, et mon histoire banale se renversa tout à coup et devint universelle, y compris dans son passé, en retrouvant le couple vie-mort issu du premier âge. Le feu allumé par le monstre Little Boy éclaire rétrospectivement d'une lumière unitaire ce que nous ne cessâmes de faire. Cette fournaise me conduisit à relire tout le temps amont, éclairé par elle
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    Michel Serres nous manque déjà...

    Certains les nomment génération Y ou "digital natives", les jeunes, (nouvelles ?), générations nous battent à plate couture devant un écran. Moi j'ai préféré les désigner sous le terme générique de ........?........

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