Je voudrais que mes filles, un jour, retrouvent le meilleur de ma révolte. Qu'elles ne se laissent pas "mater" – ce verbe affreux que j'entendais, enfant. Qu'elles soient, elles aussi, provocatrices, artistes, indomptées. Qu'elles s'imprègnent de plusieurs sociétés pour qu'aucune ne les bride et ne les forge en ce qu'elles ne sont pas.
"Joëlle Kauffmann a rendu visite à l'ambassadeur d'Israël à Paris. Ce n'est pas très bon... Et toutes ces actions menées par le comité depuis l'enlèvement sont plutôt burlesques, non ?"
Il [Waddah] affectionne ce mot mais il est vrai que tout le monde, politiciens, syndicats, Communauté européenne, s'est mis de la partie. Je l'approuve.
"Une manifestation au métro Saint-Paul, une autre pour le Quatorze-Juillet. J'ai plutôt honte de voir promener la photo de Michel [Seurat] dans les rues. Pourquoi le gouvernement laisse-t-il le champ libre à ce remue-ménage ?"
[...] Comment faire comprendre à Joëlle [Kauffmann] que le militantisme, dans ce genre d'affaire, est inefficace et même dangereux ?
[...] en septembre 1971 [Michel Seurat] écrivait : « Au mois d'août, les camps de réfugiés au Liban tiennent un peu de Lourdes avec une pincée de Palavas-les-Flots. Tout ce que la Rive gauche compte de gauchistes ou d'intellectuels en mal de causes perdues se retrouve en famille. Au début, ça vous fait un choc. »
(p. 60)
La guerre comme une drogue. Alleurs, les plates réalités d'une vie normale auraient pesé sur notre couple jusqu'à l'étouffer. A Beyrouth, les névroses individuelles se perdent avec soulagement dans l'immense folie collective.