Citations sur L'Odyssée de l'Endurance (25)
"Notre îlot de glace a été jusqu'ici notre meilleur ami, mais maintenant il est capable à tout moment de se briser et de nous jeter tout au fond de la mer insondable. "
Notre îlot de glace a été jusqu'ici notre meilleur ami , mais maintenant il est capable à tout moment de se briser et de nous jeter tout au fond de la mer insondable .
Les rations suffisaient à nous entretenir en vie; mais nous nous sentions tous capables de manger trois fois plus. La ration d'un jour ordinaire consistait en une demi-livre de phoque et trois quarts de pinte de thé pour déjeuner, un hannock de quatre onces avec du lait pour le lunch, et trois quarts de pinte de ragoût de phoque pour souper. C'était très juste, même avec le peu de travail que nous fournissions. Naturellement pain et pommes de terre manquaient complètement. Quelques-uns souffraient plus que d'autres de ces privations, et le thème "nourriture" devint l'unique sujet de leur conversation; mais la plupart d'entre nous trouvaient qu'à trop parler de la chose, on ne faisait que développer un appétit impossible à satisfaire. Cela dit, notre désir de pain et de beurre n'était pas une fantaisie, mais bien un besoin de l'organisme.
Nous avions souffert et triomphé, rampant par terre en cherchant à saisir la gloire, grandissant au contact de l'immensité. Nous avions vu Dieu dans sa splendeur, entendu la voix de la Nature. Nous avions touché l'âme humaine dépouillée de tout artifice.
L'effort humain est quelque chose, mais c'est dans l'humilité que l'homme combat les forces géantes de la Nature. Il a alors le sentiment profond qu'il dépend d'un pouvoir plus haut que le sien.
Ce jour-là, le cuisinier, qui avait si bien travaillé sur la banquise et pendant le voyage, s'affaissa soudain. J'étais à la cuisine à ce moment-là et le vis tomber. Je l'emmenai dans sa tente et le mis dans son sac de couchage, avec ordre à ses compagnons de tente de ne pas l'en laisser sortir sans ma permission ou celle des docteurs. Je le remplaçai aux fourneaux par un homme qui avait exprimé le désir de se coucher par terre et de mourir. La tâche difficile et fatigante d'entretenir le feu éloigna ses idées noires. Je le retrouvai un peu plus tard, surveillant gravement le séchage d'une paire de chaussettes - naturellement pas lavées - pendue à proximité de notre lait du soir. L'occupation avait ramené ses pensées aux petits soucis de l'existence.
Le dimanche 10 octobre...le dégel nous incommoda beaucoup ; la température s'était élevée de - 18° à - 11°, record de chaleur depuis neuf mois. Neige et glace avaient fondu sur le pont supérieur ; l'eau suintait dans l'entrepont et les cabines étaient en piteux état. Les chiens, qui détestent l'humidité, avaient un air lamentable. Il est évident qu'on arrive à n'aimer que ce dont on a l'habitude : nous étions accoutumés à une température qui aurait semblé terrible dans les pays civilisés, et, maintenant, un degré de chaleur qui dans les régions tempérées aurait encore fait grelotter le humains nous gênait !
Nous n'étions qu'un fétu sur l'immense océan- l'océan qui est ouvert à tous et qui n'a de merci pour personne, qui menace même quand il semble caresser et qui jamais n'a de pitié pour la faiblesse. Par moment la pensée des forces déchaînées contre nous nous accablait. Puis l'instant d'après notre bateau s'élevait sur la crête d'une vague, dans une ondée aussi brillante que la vapeur couleur d'arc-en-ciel qui s'élève au pied d'une chute d'eau, et la confiance renaissait.
Nous n'étions qu'un fétu sur l'immense océan — l'océan qui est ouvert à tous et qui n'a de merci pour personne, qui menace même quand il semble caresser et qui jamais n'a de pitié pour la faiblesse.
LE VOYAGE EN BATEAU.
Nous avions souffert, endure la faim, et triomphé, rampé au plus bas mais agrippé la gloire, nous élevant dans la grandeur.
Nous avions vu dieu dans ses splendeurs, écouté le message de la nature. Nous avions atteint l’âme nue de l’homme.