Bouleversant témoignage de
Samia Shariff qui nous raconte sa vie en Algérie à la fin des années '70, pays dans lequel, pour les musulmans extrémistes, la femme n'a pas le droit à la parole et est considérée comme un objet. Pis, elle reste sans cesse sous l'emprise, d'abord de son père puis de son mari ou, le cas échéant, de ses frères. Bref, naître femme au sein d'une famille algérienne, riche et pratiquante à l'extrême de surcroît , est considéré comme une malédiction. La femme n'est bonne qu'à enfanter...des garçons naturellement et est élevée dès sa plus tendre enfance à tenir une maison. du moment qu'elle sait lire et écrire, à quoi bon lui sert de continuer ses études ? Elle n'a droit ni à une instruction plus poussée ni à penser par elle-même. Heureusement, le sort des femmes n'est pas le même pour toutes mais nous parlons ici de celui qu'à connu l'auteure de cet ouvrage. Bien qu'ayant passé la majeure partie de son enfance en France, cette dernière n'échappait pas aux coutumes et à la religion de ses parents et eut une enfance très malheureuse, coupée du monde en quelques sorte et n'ayant pas le droit de connaître une enfance libre et normale comme toutes les petites filles de son âge. Son père étant un riche industriel, lorsqu'il trouva un nouveau filon à exploiter en Algérie, toute la famille dut déménager.
Mariée de force à seize ans à un homme qu'elle n'avait jamais vu et qui avait pratiquement le double de son âge, Samia a appris très tôt ce qu'était la condition de femme. D'abord battue par son père et n'ayant jamais reçu ni compassion ni signe d'affection de la part de sa mère, Samia sera par la suite violentée et violée à répétitions par son premier mari, Abdel. de cette première union, elle aura trois enfants, dont son premier, étant un garçon, lui sera enlevée par ses parents avec l'accord de son mari. Qu'y a-t-il de plus horrible pour une mère, aussi jeune soit-elle, que de se voir enlever de force la chair de sa chair ? Ses deux autres enfants, étant des filles, Norah et Mélissa, furent sa joie de vivre. Toutes trois durent faire front face aux violences répétées de cet homme sans coeur et brutal jusqu'à ce qu'elles réussissent, non sans mal, à se libérer de son emprise. Répudiée par ses parents, Samia ne pouvait donc compter que sur elle-même et vivre dans l'incertitude la plus totale, sans cesse menacée des pires atrocités car, dans ce pays, une femme n'a pas le droit de divorcer. C'est alors qu'elle rencontra son deuxième mari, Hussein, un militaire dont elle tomba amoureuse pour la première fois de sa vie et eut trois autres enfants, des garçons, pour le plus grand bonheur de son époux. C'est alors qu'elle se rendit compte que cet homme n'était pas si différent des autres en fin de compte. Après avoir passé quelques douces années de répit, elle se rendit compte qu'elle ne pouvait plus rester en Algérie car elle et ses enfants étaient sans cesse menacés. Hussein accepta alors qu'elle émigre en France mais refusa de la suivre.
Baladés de centres d'accueil en centre d'accueil, Samia et ses cinq enfants (le premier lui ayant été enlevé, ne l'oublions pas) connurent alors des moments des plus pénibles jusqu'à ce qu'un bon samaritain (comme se plaît à l'appeler Samia elle-même) leur suggère à émigrer de nouveau...très loin, au Canada car, selon lui, loin de tout ce qu'ils avaient endurer jusqu'à présent, ce n'est qu'en partant très loin qu'ils auraient une chance de trouver le salut. Et c'est ce qu'il advint.
J'ai vraiment été touchée au plus profond de moi par cette histoire que j'ai par moments trouvée invraisemblable en raison des atrocités qui y était décrites et du long périple que la famille a effectué à travers le monde mais j'ai bien été obligée de me rendre à l'évidence : encore aujourd'hui, de telles horreurs existent et c'est pourquoi je vous encourage vivement à lire cet ouvrage pour vous rendre compte par vous-mêmes que ce n'est pas que fabulation lorsqu'on parle de femmes bafouées ! A découvrir mais attention, vous ne pourrez pas ressortir de cette lecture indemne même si, je vous rassure, il ya a, pour une fois, un happy end mais gardons à l'esprit que ce n'est malheureusement pas toujours le cas !