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Citations sur Mangue amère (23)

Je te le dis cela me fait peur. Autant d'arrogance, ce n'est pas bon pour une femme, qui sait ce qu'elle pourrait faire un jour.
Je m’inquiète pour mon pauvre fils, lui qui est si gentil. Continua Gitasri, et son époux lui répondit d'un doux ronflement.
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Tout ce dont il se souvenait, c'est qu'il émanait toujours d'elle un léger parfum qui la suivait partout où elle allait, mais ce n'était que maintenant, dans le jardin, qu'il comprenait que ce parfum venait des fleurs qu'elle avait dans les cheveux.
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Dans cette maison où sa mère lui avait dit qu'elle devrait vivre jusqu'à la fin de ses jours, il n'y avait qu'un vieux domestique. Elle était encore en train d'enlever les pétales de roses quand il se présenta devant sa porte, dans le couloir, et toussa.
- Qu'y a-t-il ? finit-elle par demander après qu'il eut toussé de nouveau et se fut éclairci la gorge à plusieurs reprises ; elle n'était pas sûre d'avoir le droit de parler à qui que ce soit et encore moins à un homme.
- Bhabhi est tombée malade. Dada demande si vous pouvez cuisiner quelque chose ou s'il doit faire venir quelqu'un du village.
Nanni, abrutie par le parfum des roses fanées, prit une décision qui allait ruiner sa vie entière.
Elle se leva, trébucha sur la bas de son sari de jeune mariée, et dit de sa voix claire d'adolescente de seize ans :
- C'est moi qui vais cuisiner aujourd'hui. Dis à Babhi de se reposer.

Sept - L'histoire de Nanni
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On avait envoyé Maya cueillir des goyaves sur l'arbre qui poussait au milieu de la cour. Seules les femmes étaient autorisées à cueillir les fruits parce que "leur toucher rend l'arbre plus fertile", affirmait Bhagwan. Mais uniquement es jeunes mariées, pas les veuves ou les stériles. Ces femmes-là avaient les mains sales, elles étaient maudites par les dieux, rejetées par les hommes. L'arbre aurait cessé de donner des fruits si une veuve ou une femme stérile en avait touché ne fût-ce qu'une feuille. Maya était exactement le genre de créature qu'il aimait. Jeune, la chair ferme, les yeux pétillants et les cheveux brillants. Des dents blanches comme des perles et une haleine au parfum de musc. Mais depuis qu'il avait prononcé ses vœux, il devait les tenir à distance et supporter ces vieilles harpies desséchées qui s'asseyaient à ses pieds toute la journée. Leurs yeux tristes et éteints qui le regardaient avec adoration, leurs cheveux blancs qui sentaient la vieillesse. Elles s'inclinaient devant lui et s'accrochaient à son corps de leurs mains noueuses. Maya était un fruit interdit, mûr à point, dans lequel il aurait adoré mordre. Peut-être dans une autre vie.
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La féline ne savait pas cuisiner. Sona en était sûre parce qu'elle était instruite et tout le monde sait que les femmes instruites ne savent pas cuisiner. Sona était allée à l'école, mais sa grand-mère avait ordonné à son père de l'en retirer à l'âge de dix ans. "Je ne veux pas qu'elle porte des jupes courtes et qu'elle montre ses genoux à tout le monde. Elle en a assez appris. Elle sait lire et écrire l'hindi, et compter jusqu'à cent en anglais. Qu'est-ce qu'une femme a besoin de savoir de plus ? Plus tu les laisses étudier, plus c'est difficile de leur trouver un mari. Déjà qu'elle est trop grande et qu'elle a la peau top foncée... L'éducation serait un fardeau supplémentaire..."
Alors Sona avait quitté l'école et appris à cuisiner un bon curry sans oignons ni tomates, à faire toutes sortes de légumes en saumure, à broder des nappes gigantesques qu'ils n'utilisaient jamais puisqu'ils mangeaient à la cuisine.
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Une calebasse verte amère, une longue calebasse, un chou-fleur, des épinards frais, des feuilles d'amarante rouge, des haricots plats et une dizaine d'aubergines se balançaient dans le panier au rythme des pas pressés du garçon. C'étaient les légumes préférés de feu Bhanurai Jog et ils devaient tous être cuisinés aujourd'hui pour l'anniversaire de sa mort. Les femmes n'étaient pas sûres qu'il aimait les aubergines - la plupart des hommes trouvaient que ça n'avait aucune "force", aucune vertu -, mais les femmes adoraient ça, surtout coupées en tranches épaisses et frites dans de l'huile de moutarde, alors elles avaient décidé d'en mettre quand même au menu du jour.
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De nombreuses pleines lunes passèrent, ses enfants grandirent, en pleine santé et heureux, mais les femmes ne se manifestèrent plus jamais dans les rêves de son épouse. La récolte de fruits était normale, le riz et le blé poussaient bien, mais sans l’abondance qu’ils avaient connue cette année-là. Tout le village parlait encore de cet étrange été et se demandait ce qui avait bien pu se passer. Somu savait mais préférait se taire. Il demandait souvent à Parvati si les femmes apparaissaient encore dans ses rêves. Ils ne savaient pas qu’elles avaient enfin traversé le fleuve des morts et s’étaient élevées vers d’autres cieux, là où la terre n’existait plus et où les maris et les chèvres n’avaient plus la moindre importance.
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Il aimait aider les étudiants, surtout ceux qui étaient brillants et pauvres, parce qu'ils se montraient toujours reconnaissants. C'était agréable de voir des jeunes garçons s'incliner et lui embrasser les pieds quand il entrait dans une pièce. L'hiver, il ramenait souvent chez eux en voiture un ou deux étudiants qui traînaient devant les bureaux dans l'espoir d'obtenir un peu de travail. Mais il les faisait toujours asseoir à l'avat avec le chauffeur et n'échangeait jamais plus de quelques mots avec eux pendant le trajet qui durait près d'une heure. Il n'était pas nécessaire de se montrer trop amical avec les étudiants, ils auraient pu prendre ça pour une marque de faiblesse ou un symptôme de solitude, ce qui aurait été une terrible méprise car Jog n'était absolument pas concerné par ce genre de choses.

Huit - L'histoire de feu Bhanurai Jog
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Gita et Savitri lui sourirent en retour. Puis les mots se mirent à couler comme un torrrent. Pendant qu'elles mélangeaient les ingrédients dans les énormes casseroles avec des karchi à long manche qui avaient été amenés d'Inde, les trois femmes parlaient à voix basse. Parfois elles s'entendaient, et d'autres fois les mots disparaissaient, engloutis dans les chaudrons pour se mélanger au bhog frémissant. Petit à petit, elles déversèrent leur mal du pays avec les tasses d'eau chaude, jetèrent leur solitude avec le riz basmati, saupoudrèrent leurs rêves oubliés et leurs déceptions avec le sel. Quelques larmes mouillèrent les petits pois, les carottes et les haricots, mais les pommes de terre furent teintées d'éclats de rire. Puis elles hachèrent leur tristesse en petits bouts très fins, presque invisibles, et la mélangèrent à la cannelle, la cardamome et le poudre de clous de girofle.
Doucement, alors que le bhog commençait à bouillonner et que son parfum montait pour envahir tout le temple, la cour de récréation vide, les classes silencieuses, les femmes se turent. Elles plongèrent une louche dans le bhog pour le goûter. Il fallait ajouter un peu de douceur. D'un joli mouvement de doigts, les trois veuves posèrent leurs paumes les unes sur les autres, et leurs mains, tels des poissons faisant l'amour, versèrent dans le chaudron tout l'amour qu'elles avaient dans le cœur. Elles le tordirent, le pressèrent, jusqu'à ce qu'il coule comme un torrent dans le chaudron, déborde sur le sol, tache les carreaux blancs immaculés. Quand on leur servit le bhog, les gens qui s'étaient réunis au temple pour le festin furent surpris par la riche saveur du plat, et Purohit Baba leur dit dans un sourire :
- C'est simplement la générosité du Seigneur.

Quatre - L'histoire de Savitri
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Pendant qu’elles mélangeaient les ingrédients dans les énormes casseroles avec des karchi à long manche qui avaient été amenés d’Inde, les trois femmes parlaient à voix basse. Parfois elles s’entendaient, et d’autres fois les mots disparaissaient, engloutis dans les chaudrons pour se mélanger au bhog frémissant. Petit à petit, elles déversèrent leur mal du pays avec les tasses d’eau chaude, jetèrent leur solitude avec le riz basmati, saupoudrèrent leurs rêves oubliés et leurs déceptions avec le sel. Quelques larmes mouillèrent les petits pois, les carottes et les haricots, mais les pommes de terre furent teintées d’éclats de rire. Puis elles hachèrent leur tristesse en petits bouts très fins, presque invisibles, et la mélangèrent à la cannelle, la cardamone et la poudre de clous de girofle.
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