Je veux ma dose. La voix dans ma tête qui murmure "Je te ferai tout oublier" à la lisière de mon esprit me fait l'effet d'une démangeaison.
- Tu ne... Il ne t'arrive jamais de souhaiter qu'ils ne t'aient pas réanimée, hein ? me demande-t-elle.
Elle a les yeux rivés sur sa main, comme si elle ne pouvait supporter d'affronter mon regard au cas où je lui donnerais la mauvaise réponse.
Je ne peux pas lui dire la vérité. Elle lui ferait peur presque autant qu'à moi. Alors je lui offre ce qu'elle attend :
- Bien sûr que non.
La vérité ?
Je ne sais pas.
Peut-être.
Parfois.
Oui.
Toujours devoir ce justifier même pour les choses les plus simple.
« Je pense à la force dont tu as fait preuve. Tu n’as jamais cessé de te battre, même quand ton cœur s’est arrêté. Tu es revenue. Tu m’es revenue. »
Comme s'il n'y avait pas des années de déni, des montagnes de mensonges et des garçons autorisés à toucher nos corps, mais qui jamais n'ont eu la moindre Chance d'atteindre nos coeurs.
- Vous...J'avais dit... j'avais dit que j'était clean.
- Oui tu me l'avais dit. Reste éveillée, OK? Continue à me parler.
- Ne les laissez pas me donner quoi que ce soit,
- Sophie! Reste avec moi.
- Pas de drogue. C'est important. Je n'en veux pas. Pas comme la dernière fois.
Certaines barrières sont faites pour être renversées.
La route est longue. Et elle n'a pas de fin, car on ne se remet jamais d'avoir perdu quelqu'un.
Il l'aimait. Cela me fait mal au cœur, mais je n'en doute pas une seconde. Et je comprends trop bien la frustration, la souffrance insoutenable de l'avoir aimée et de l'avoir perdue.
- Admets-le, il n'y a nulle part où tu préférerais être qu'ici avec moi.
Je ferme les yeux et laisse la pluie couleur sur mon visage, laisse le poids de Mina peser sur moi, sa chaleur pénétrer ma peau, et réponds :
- Grillée.