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Citations sur Le poids des secrets, tome 3 : Tsubame (69)

Je lève les yeux.
Couvert de nuages épais, le ciel s'étend à l'infini. Il fait anormalement chaud et humide pour une fin d'été. C'est encore le matin. Pourtant, je sens ma chemise déjà trempée de sueur.
Au-dessus de moi, un couple d'hirondelles passe rapidement. Elles vont et viennent entre le toit d'une maison et un fil électrique. Elles partiront bientôt vers un pays chaud. J'aimerais bien voyager librement comme elles.
Ma mère m'a dit une fois : " Si on pouvait renaître, j'aimerais renaître en oiseau. "
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Je regarde le visage du père. Les mains croisées, il observe sérieusement l’opération en contrebas. Ses paupières mongoles me rappellent les yeux de mon oncle. Je me demande s’il est d’origine coréenne et s’il cache son identité à ses enfants parce qu’il est devenu Japonais.
Je l’entends parler de ce qui s’est passé sur la digue après le tremblement de terre. L’armée avait obligé des Japonais à venir creuser ici. Les soldats avaient mis les Coréen en rangs et les avaient mitraillés. Ces Japonais avaient brûlé les cadavres avec du pétrole et les avaient enterrés…
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Le plus petit garçon demande : "Muette ? Qu’est-ce que ça veut dire ?" [...] La fille répond : "Elle ne peut pas parler." Le garçon dit : "Je ne le crois pas. Elle est seulement triste. Quand je suis triste, je ne veux pas parler non plus." Le prêtre lui dit : "Tu as raison, mon petit."
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Je reste silencieuse. Après un moment, il dit, hésitant :
- Je suis tellement peiné pour les gens comme vous, qui ont souffert de pareils désastres [NB : le fameux séisme de Tokyo de 1923 ET Nagasaki en 1945]. Pourtant, quand je pense à ces milliers de Coréens qui on été tués pendant la crise, mon cœur se déchire. J'ai honte d'être Japonais. Les gens ordinaires ont pris part au massacre en croyant les faux bruits que le gouvernement avait répandus.

[Ce que cet homme ne peut savoir, car la narratrice le cache depuis ce jour de 1923, c'est qu'elle a aussi échappé au massacre des coréens dont elle était une descendante alors adolescente...]
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- Pour toi, la nationalité de ton amie n’a pas d’importance. Ce qui est important, c’est que Yumiko soit ton amie.
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Le soleil se réchauffe rapidement. Les champs autours de l'église sont couverts d'astragale rose. Allongée sur l'herbe, je regarde le ciel. Un couple d'hirondelles passe en-dessous des nuages blancs. Ils sont revenus de leur pays chauds. L'une suit l'autre à la même vitesse. Elles volent haut, ensuite très haut au ras du sol. Elles remontent et se perchent un moment sur le toit d'une maison. Je me dis : «si on pouvait renaître, j'aimerais renaître en oiseau.»
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-C'est pour cela que vous aimez observer les hirondelles.
-Oui, dit-il. Chaque année, à la saison où ces oiseaux partent pour le sud, j'éprouve de la nostalgie, comme si leur pays était aussi le mien. (p. 52)
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Yukiko dit, les mains jointes :
- Pourvu que tu puisses retrouver un jour ta petite sœur.

Je la serre contre mon cœur. Je lève les yeux vers le ciel. Mes larmes tombent sur sa tête. Je voudrais la tenir ainsi à tout jamais. Elle lève son visage. Une grosse goutte tombe sur son nez. Elle sourit. Je lèche la goutte. Elle ferme les yeux. J'embrasse ses lèvres chaudes. Un frisson traverse mon corps.
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— Les gens ont tué les Coréens de diverses manières ; avec une lance de bambou, une scie, un couteau.
—L’as-tu vu?
Le père se tait un moment puis répond :
— Oui. Il y avait des centaines de cadavres laissés aux champs le cou coupé, le bras tordu, la tête fendue. Même celui d’une femme enceinte, le ventre ouvert, l’enfant visible. C’était une atrocité.
(p.80)
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« Mes enfants étaient toujours la cible de l’ijime [brimades] . Leurs camarades se moquaient du nom coréen en disant “Toi, Chôsenjin [Coréen] !” Souvent, nos fils rentraient à la maison, le visage blessé. Et notre fille pleurait constamment, car ses camarades lui volaient ses fournitures scolaires et les jetaient à la poubelle. À l’époque de la colonisation, le gouvernement du Japon exigeait que nous portions un nom japonais. Mais mon mari ne l’a jamais accepté. Quand mes enfants nous ont demandé de changer leur nom en japonais, mon mari leur a dit : “Nous ne changeons pas notre nom pour cacher notre identité coréenne. Vous n’avez rien à corriger. C’est vos camarades qui doivent corriger leur attitude !” Il avait tout à fait raison. Mais j’avais pitié de nos enfants. Je comprends le sentiment des parents qui utilisaient un nom japonais. Pourtant, ce n’est pas facile non plus de vivre en cachant son identité ; leur vie doit être aussi difficile que la nôtre, car ils ne peuvent échapper non plus aux obstacles que tous les zaïnichi coréens affrontent et ils doivent avoir un poids sur la conscience, comme s’ils se mentaient à eux-mêmes. »
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