- Il leur a dit simplement : "Il ne faut pas retenir ceux qui veulent partir."
- Peut-on jouer au kaïawase ? Je vous montre comment.
Il met les coquilles des hamaguris sur la table. Il explique :
- Les règles du jeu sont très simples : trouver les deux coquilles qui formaient la partie originale.
Harbin est merveilleuse. On l'appelle "le Petit Paris" ou le "Petit Moscou". En descendant de la gare, on voit le toit en coupole de l'église orthodoxe et une rue européenne.
Il ne faisait pas d'efforts pour passer des moments agréables avec ma mère, qui s'occupait de moi et de la maison. Ma mère était tout le temps frustrée. Elle m'aimait comme si elle avait tenté de compenser l'amour qui lui manquait. Cela me suffoquait, mais je ne pouvais que le supporter. Encore aujourd'hui, les choses n'ont guère changé entre nous, ni entre mes parents.
Je n'ai pas changé d'opinion depuis cette époque. Pourtant, quand je pense aux catholiques qui ont défendu leur foi, quoi qu'il arrive, je ne peux m'empêcher de reconnaître mon point faible. Le mot "résistance" me pique le cœur.
Je songe à l'histoire des catholiques au Japon, qui ont été exilés, torturés ou tués à cause de leur résistance contre le régime. Je l'ai apprise dans un livre quand j'étais encore adolescent. Je ne comprenais pas la mentalité de ces gens. Je me demandais : "Pourquoi sacrifier sa vie avec une telle obstination pour une religion occidentale qui ne s'accorde pas avec la culture japonaise ?" Je ne croyais pas que nous puissions comprendre la notion de Dieu absolu, de contrat avec lui, et l'idée que Jésus soit né d'une vierge. Je doutais fort qu'on pût implanter cette religion dans un terrain déjà imprégné de bouddhisme et de shintoïsme.
Le nom du prêtre n'est pas japonais. C'est un nom occidental. Je me demande aussitôt : "Qu'est-ce qu'il fait dans un pays bouddhiste et shintoïste ? Si la guerre commence, les étrangers comme lui devront quitter le pays."
"La Chine est un immense territoire. Je l'ai traversé en train jour après jour. Ce que nous faisons ici, c'est comme si un chat tentait de mordre un éléphant."
Néanmoins, plus je faisais l'amour avec des inconnues, plus je me sentais vide. J'ai couché une fois avec une prostituée. Lorsque j'ai tenté d'embrasser ses yeux et sa bouche, elle a refusé aussitôt en disant : "Non. Ça, je ne l'accepte que de mon petit ami." Ces paroles m'ont déprimé encore plus. Depuis, je n'ai couché avec aucune femme.
Je regrette de ne pas l'avoir défendu auprès de mes parents. Maintenant, je ne peux souhaiter que son bonheur.