Un Seul amour

Il ne reparaît pas pour dîner ce soir-là. Quand Olympia s'enquiert de lui, Catherine dit qu'il a été appelé au dispensaire. Pendant tout le repas, Olympia se force à manger. L'absence de Haskell l'affecte beaucoup plus qu'elle n'aurait pu s'y attendre. C'est la première de bien des soirées qu'elle passera où sa vie, qui paraissait complète la veille seulement, présente un vide crucial.

L'amour n'est pas que la somme de douces retrouvailles et de séparations déchirantes, de baisers et d'étreintes, il est surtout fait du souvenir de ce qui s'est passé et du rêve de ce qui est à venir

Il ne reparaît pas pour dîner ce soir-là. Qaund Olympia s'enquiert de lui, Catherine dit qu'il a été appelé au dispensaire. Pendant tout le repas, Olympia se force à manger. L'absence de Haskell l'affecte beaucoup plus qu'elle n'aurait pu s'y attendre. C'est la première de bien des soirées qu'elle passera où sa vie, qui paraissait complète la veille seulement, présente un vide crucial.

"Tu courtises le danger, dit-elle.
- Ce n'est pas normalement dans ma nature." Il appuie la main sur sa jambe. "Parfois je me dis que nous ne devons plus jamais nous revoir, et je suis très résolu..."
A cette déclaration, le coeur d'Olympia s'arrête.
" ... et en quelques secondes, je comprends que je n'en aurais jamais la force."

Un livre extraordinaire. J'ai été fascinée page par page. J'aurais bien aimé écrire à Anita Shreve que j'admire son travail. Ecrire une histoire d'amour c'est une chose - la rendre palpitante jusqu'à la dernière page et la mettre si vivement dans un cadre historique ou un pays étranger (son livre "A change in altitude") n'est pas chose courante.

"Tu courtises le danger, dit-elle.
- Ce n'est pas normalement dans ma nature." Il appuie la main sur sa jambe. "Parfois je me dis que nous ne devons plus jamais nous revoir, et je suis très résolu..."
A cette déclaration, le coeur d'Olympia s'arrête.
" ... et en quelques secondes, je comprends que je n'en aurais jamais la force."

Dans le peu de temps qu'il lui faut pour aller de la cabine au pied de la digue de Fortune's Rocks, où elle a laissé ses bottines et retiré discrètement ses bas, jusqu'au bord de l'eau où la mer lèche sans répit le sable rose et argenté, elle apprend ce qu'est le désir. Le désir qui ralentit le souffle, qui provoque une pause soucieuse au milieu d'une phrase, qui rive le regard sur le progrès de pieds nus marchant vers l'eau. Cette première brève conscience du désir - d'être l'objet du désir, un état dont elle n'avait jamais eu la moindre idée - lui vient comme un lent accès de fièvre, comme si l'air se comprimait autour d'elle, et lui donne, semble-t-il, le premier frisson de sa vie adulte.