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EAN : 978B003TX2IBE
Hachette (30/11/-1)
3.5/5   1 notes
Résumé :
221 pages. Couverture détachée ou se détachant.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Cet ouvrage, écrit en 1950, s'efforce de cerner à la fois les profondes différences entre les peuples occidentaux (France, Angleterre, Allemagne, Russie, Etats-Unis) et, en même temps, ce que leurs cultures ont en commun : un socle qui a finalement été la source de la domination occidentale sur le reste du monde.
Pourquoi le lire 70 ans plus tard ?
Le lecteur y verra que les traits nationaux, finement observés, n'ont guère changé depuis. A un moment où l'Europe continue à chercher son unité, il trouvera des pistes pour comprendre ce qui justifie cette quête en dépit des différences considérables de mentalité entre les peuples. Il découvrira que déjà en 1950 on s'interrogeait sur un développement qui ne se préoccupait pas de l'épuisement progressif des ressources naturelles. Il constatera que l'auteur avait également bien perçu qu'un certain nombre d'évolutions alors déjà amorcées peuvent faire perdre à la culture occidentale ce qui fait sa spécificité, et donc ses atouts.
En revanche, les pages finales sur l'infériorité de "l'Orient" apparaissent bien faibles : à suivre les analyses de l'auteur l'émergence de la Chine est inexplicable. Ce qui peut donc conduire le lecteur à douter quelque peu de la pertinence de celui-ci expose par ailleurs...
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
André Siegfried, L’âme des peuples (1950]
7

[p. 5]
Chapitre I LE VISAGE NOUVEAU DU MONDE
Retour à la table des matières
Il y a, dans la psychologie des peuples, un fond de permanence qui se retrouve toujours. Nous sommes encore, par combien de traits, semblables aux Gaulois nos ancêtres, et les caractéristiques que Tacite notait chez les Barbares ou les juifs de son temps sont encore reconnaissables dans les Allemands, les Israéliens d'aujourd'hui. Il faut cependant qu'il y ait des adaptations. Nous nous demanderons, dans les pages qui suivent, ce qui constitue le fondement solide des peuples occidentaux, et dans quelles mesures ils sont actuellement à même de s'adapter aux circonstances révolutionnaires dans lesquelles il leur faut vivre. Deux guerres, et quelles guerres, ont, en trente ans, changé la face et l'équilibre du monde. Nous avons conscience qu'il s'agit, non d'une simple évolution, mais, au sens exact et fort du terme, d'une révolution : rien n'est plus à sa place, la valeur des choses n'est plus la même, les rapports [p. 6] des hommes entre eux sont bouleversés ; l’idée même qu'ils se font de l'Univers et de ses lois a subi des détours si brusques qu'il n'est pas jusqu'aux fondements de la morale et des méthodes du raisonnement qui ne soient ébranlés. Cette crise, à vrai dire, couvait depuis longtemps. Dès la fin du siècle dernier, les conséquences profondes de la Révolution industrielle se faisaient sentir : le machinisme, pénétrant partout, pénétrait tout, faisant craquer les cadres multiséculaires d'une société toute marquée encore d'influences néolithiques. Rendons-nous compte que les deux guerres mondiales n'ont pas été, en elles-mêmes, des causes ; elles ont seulement accéléré, mais dans des proportions fantastiques, un mouvement de fond qui se fût vraisemblablement produit de toute façon.
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Ce Français, qui vote en doctrinaire intransigeant de la gauche, c'est souvent le même qui, dans la défense de ses intérêts, glisse à l'égoïsme le plus absolu, et le fait que cet égoïsme est familial n'en change pas au fond le caractère. Ce communiste propriétaire – et combien n'en connaissons-nous pas – est prêt à défendre âprement sa propriété : il trouverait scandaleux qu'on lui imposât le régime du kolkhoze ! Et tous ces gens qui votent, avec conviction, avec passion, pour les nationalisations, nous voyons bien qu'ils se méfient de l'État et que, quand il s'agit de choses qu'ils estiment sérieuses, c'est sur eux-mêmes qu'ils comptent en somme.
(...)
Ainsi donc le Français, quand il recourt à la puissance publique, se trouve-t-il tenté de la considérer, non comme une entreprise dont il est l'associé solidaire, mais comme une vache à lait dont il faut tirer pour lui le maximum. (...) Le rentier social croit encore que la caisse de l'État est sans fond, que l'industrie nationalisée peut sans inconvénient tourner indéfiniment à perte. Il lui faudra une difficile éducation pour comprendre qu'en l'espèce il n'est pas en somme, comme il le croit, un obligataire, mais l'actionnaire d'une grande société qui est la France elle-même.
En attendant, avec des dons merveilleux, avec une dépense étonnante de talent, et du reste aussi de dévouement, ce qui nous frappe surtout en France, c'est l'inefficacité de la vie publique faisant contraste avec l'efficacité de l'individu.
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Le machinisme, tel que l'Occident le pratique, ne serait donc pas possible sans la science ni sans le raisonnement à la grecque, que l'Orient ne possède pas plus aujourd'hui qu'autrefois. Ce machinisme est néanmoins surtout une technique : celle de la captation des forces naturelles, asservies par l'homme, dont la puissance se trouve de la sorte démesurément accrue. L'outil, instrument de l'âge néolithique, n'est mû que par l'énergie musculaire de l'homme, strictement limitée, mais la machine, qui n'a plus aucun rapport avec la force humaine, ne connaît pas de limite à son rendement, de sorte que par elle tout semble désormais possible. Une forme de vie sociale entièrement nouvelle naît de ce fait, car la science, mise au service de l'industrie, devenant tout autre chose qu'une curiosité désintéressée, se transforme en une discipline attachée aux faits pour les plier aux besoins de l'homme. Ce qui domine c'est une volonté de puissance, une impatience de mettre la planète en valeur. L'homme est maître de ses procédés, mais il n'est plus maître de lui-même –, une sorte de romantisme déchaîné l'entraîne, c'est, suivant le mot de Barrès, «une méthode au service d'une passion ».
Il s'agit en somme, non d'une période historique distincte, mais d'un âge nouveau de l'humanité : après l'âge néolithique en train de passer, l'âge de la machine. Il coïncide avec une politique de dilapidation forcenée des richesses naturelles du monde, sans aucun souci de ménager l'avenir, et c'est en partie ce qui explique l'impression d'enrichissement subit et démesuré que donne cette civilisation qui dépense son capital. Pendant un siècle et demi l'Occident a possédé le monopole de la science et celui de l'industrie mécanisée. Il en a tiré une puissance à laquelle rien ne pouvait résister. L'équilibre qui existait encore au XVIIe siècle entre l'Europe et l'Asie s'est rompu, et celle-ci, découvrant tardivement que la technique occidentale était synonyme de domination, s'est efforcée de l'assimiler, moins par admiration que par souci de défense. Aujourd'hui tous les continents, tous les pays, toutes les races réclament la machine. Mais se servir d'un instrument est facile, l'inventer, le renouveler est autre chose, et c'est ici qu'apparaît le fondement, malgré tout solide, sur lequel s'édifie la supériorité occidentale. Il s'agit en apparence d'une avance technique, mais le succès de l'Occident dépend de facteurs aussi complexes que les sources lointaines et diverses d'où il provient. Nous voyons ici s'indiquer à l'horizon une crise possible de notre civilisation : sa technique se nourrit profondément de sa culture ; en reniant sa culture, ou en penchant exagérément du côté de la technique, elle compromettrait les sources mêmes de sa vitalité.
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Tout le bien et tout le mal, toute la grandeur et toute la faiblesse de la France viennent de sa conception de l'individu : conception splendide, éventuellement aussi pathologique.
Il s'agit d'abord d'une revendication d'indépendance, essentiellement d'une revendication d'indépendance intellectuelle. Le Français prétend penser et juger par lui-même, il ne s'incline devant aucun mandarinat et par là il est profondément non conformiste, antitotalitaire. S'il lui arrive de suivre fanatiquement, aveuglément une consigne, en sacrifiant délibérément tout esprit critique, c'est par dévouement fanatique à un principe, à un système, à une politique, mais ce n'est pas, comme chez l'Allemand, par tempérament d'obéissance. En Amérique on obtient tout de l'individu au nom de l'efficacité, c'est au nom d'un principe qu'on peut tout demander au Français. À cet égard, la pensée française, que ce soit sous l'angle de la critique ou sous l'angle du fanatisme idéologique, peut apparaître, à juste titre, non seulement comme un instrument de libération, mais comme un ferment dangereux, éventuellement révolutionnaire.
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Toute l'histoire européenne est une succession de guerres à proprement parler intestines, entre des États rivaux dont aucun n'est assez fort pour dominer les autres. Pourtant jusqu'ici l'unité de la civilisation européenne n'a jamais été compromise, c'est même un de ses traits distinctifs que cette désunion politique coïncidant avec une culture commune. Il y a coexistence d'un esprit de création, d'organisation positive, et d'un esprit critique, prêt à se muer en esprit de révolte, qui pèse, mesure, discute et au besoin nie. Sans cette contradiction, l'Europe conserverait-elle sa vitalité ? Mais c'est aussi cette contradiction qui la tue.
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CHAPITRES : 0:00 - Titre
M : 0:06 - MÉCHANCETÉ - Henry Becque 0:16 - MÉDECINE - Jean de Villemessant 0:28 - MÉDISANCE - Gabriel Hanotaux 0:39 - MÉNAGE - Claude Roy 0:51 - MODESTIE - Laurent de la Beaumelle 1:01 - MONDE - Comte de Oxenstiern 1:11 - MOQUERIE - Léon Brunschvicg 1:21 - MORT - Alphonse Rabbe 1:31 - MOT - Michel Balfour
N : 1:42 - NAISSANCE ET MORT - Alexandre Dumas 1:55 - NÉANT - Villiers de L'Isle-Adam
O : 2:07 - OISIVETÉ - Noctuel 2:21 - OPINION DES FEMMES - Suzanne Necker 2:41 - OPTIMISME - André Siegfried
P : 2:52 - PARAÎTRE - André Gide 3:02 - PARLER - Maurice Donnay 3:14 - PARLER SANS BUT - Oscar Comettant 3:26 - PAROLE - Pierre Dac 3:38 - PASSION - Comte de Saint-Simon 3:49 - PÈRE - Francis de Croisset 4:00 - PERFECTION DE LA FEMME - Alfred Daniel-Brunet 4:12 - PESSIMISME - Ernest Legouvé 4:24 - PEUPLE - Gustave le Bon 4:35 - PHILOSOPHIE - Georges Delaforest 4:49 - PLEURER - Malcolm de Chazal 4:57 - POSE - Jean Commerson
R : 5:16 - RAISON - Albert Samain 5:28 - RÉCEPTION - Fernand Vandérem 5:45 - RÉFLÉCHIR - Julien Benda
5:56 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Henry Becque : https://libretheatre.fr/wp-content/uploads/2017/02/Becque_Atelier_Nadar_btv1b53123929d.jpg Jean de Villemessant : https://www.abebooks.fr/photographies/Disdéri-Hippolyte-Villemessant-journaliste-patron-Figaro/30636144148/bd#&gid=1&pid=1 Gabriel Hanotaux : https://books.openedition.org/cths/1178 Claude Roy : https://www.gettyimages.ca/detail/news-photo/french-journalist-and-writer-claude-roy-in-1949-news-photo/121508521?language=fr Laurent Angliviel de la Beaumelle : https://snl.no/Laurent_Angliviel_de_La_Beaumelle Léon Brunschvicg : https://www.imec-archives.com/archives/collection/AU/FR_145875401_P117BRN Alexandre Dumas : https://de.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Dumas_der_Ältere#/media/Datei:Nadar_-_Alexander_Dumas_père_(1802-1870)_-_Google_Art_Project_2.jpg Villiers de L'Isle-Adam : https://lesmemorables.fr/wp-content/uploads/2020/01/2-Villiers-jeune.jpg Noctuel : https://prixnathankatz.com/2018/12/08/2008-benjamin-subac-dit-noctuel/ Suzanne Necker : https://www.artcurial.com/en/lot-etienne-aubry-versailles-1745-1781-portrait-de-suzanne-necker-nee-curchod-1737-1794-huile-sur#popin-active André Siegfried : https://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/02/09/31001-20160209ARTFIG00272-andre-siegfried-figure-tutelaire-de-la-geographie-electorale-contemporaine.php André Gide : https://www.ledevoir.com/lire/361780/gide-et-le-moi-ferment-du-monde Maurice Donnay : https://www.agefotostock.com/age/en/details-photo/portrait-of-charles-maurice-donnay-1859-1945-french-playwright-drawing-by-louis-remy-sabattier-from-l-illustration-no-3382-december-21-1907/DAE-BA056553 Oscar Comettant : https://fr.wikipedia.org/wiki/Oscar_Comettant#/media/Fichier:Oscar_Comettant-1900.jpg Pierre Dac : https://www.humanite.fr/politique/pierre-dac/presidentielle-1965-pierre-dac-une-candidature-moelle-732525 Saint-Simon : https://www.britannica.com/biography/Henri-de-Saint-Simon Francis Wiener de
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