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Critique de Aelinel


Comme pour Songe d'une nuit d'octobre de Roger Zelazny, j'ai accepté le dernier chant d'Orphée de Robert Silverberg en service presse dans l'idée de découvrir la plume de l'auteur. Et à ce titre, je remercie les éditions ActuSF pour me l'avoir envoyé. En effet, Robert Silverberg fait partie de ces auteurs classiques en SFFF que je n'ai pas encore lu et dont les ouvrages comme le recueil de nouvelles uchroniques Roma Aeterna me faisaient de l'oeil. Adorant la mythologie et surtout le personnage d'Orphée (cela me rappelle quelques souvenirs de mon bac de latin avec Les métamorphoses d'Ovide!), cette Novella était parfaite pour débuter!

Bien avant la fameuse Guerre de Troie narrée par Homère, naît le demi-dieu Orphée, fils du roi de Thrace, OEagre et de la Muse de la poésie, Calliope. Avec une ascendance pareille, rien d'étonnant que le jeune garçon ne verse dans les Arts, d'autant plus que le dieu Apollon le prend sous son aile. Lui dispensant son savoir, le dieu solaire lui fait également don d'une magnifique lyre en or. Orphée devenu poète et musicien acquiert ainsi une solide renommée. Mais, les dieux peuvent s'avérer cruels et ce qu'ils donnent d'un côté, il peuvent aussi le reprendre de l'autre. Orphée l'apprendra à ses dépens lorsqu'il éprouvera l'amour pour la belle Eurydice puis la douleur de la perte…

L'édition d'Hélios se compose de trois parties :
– Une préface du traducteur Pierre-Paul Durastanti dans laquelle il replace le dernier chant d'Orphée par rapport à la bibliographie de Robert Silverberg.
– La novella le dernier chant d'Orphée de Robert Silverberg qui fait approximativement 120 pages (la plus longue novella de l'auteur depuis dix ans selon Pierre-Paul Durastanti).
– Une interview de Robert Silverberg par l'auteur Éric Holstein. J'en parle maintenant pour éviter d'y revenir plus tard mais j'ai trouvé l'interview vraiment très étrange, les questions d'Eric Holstein tombant souvent à côté.

Le mythe d'Orphée est l'un des plus connus de la mythologie gréco-romaine. Toutefois, contrairement aux autres héros, Orphée possède une certaine originalité et n'utilise pas la force (Héraklès, Achille), l'intellect (Ulysse) ou les femmes (Thésée, Jason) pour arriver à ses fins. Au contraire, il triomphe des épreuves en utilisant l'art (musique, chant et poésie) et les émotions qui en découlent pour faire fléchir ses adversaires :
– dans l'épisode très émouvant de la mort d'Eurydice, Orphée part aux Enfers afin de ramener son amante emportée par une morsure de serpent. Il émeut Perséphone et son époux Hadès par son chant et sa poésie afin qu'ils acceptent de laisser partir Eurydice.
– lors de l'expédition des Argonautes, au début, il n'a qu'un rôle pratique de chef de nage, c'est à dire qu'il rythme la cadence des rameurs par sa musique. Puis, il accompagne Jason sur le lieu de la Toison d'Or, gardé par un serpent géant. Il joue un rôle plus actif en aidant la princesse Médée à endormir le gardien.

Il n'est donc pas étonnant que Robert Silverberg ait repris le mythe d'Orphée car ce dernier est issu d'une longue tradition artistique depuis l'Antiquité. En effet, il n'est pas rare de trouver le célèbre chanteur et musicien sur des fresques ou des mosaïques de villas romaines, entourés d'animaux sauvages pacifiés par son charme. Il a également inspiré la littérature classique (Les métamorphoses d'Ovide) et contemporaine (la pièce de théâtre Orphée (1926) de Jean Cocteur adapté plus tard au cinéma en 1950) ainsi que la musique, notamment des Opéras (L'Orféo de Monteverdi en 1607) ou des ballets (Orpheus d'Igor Stravinski en 1947).
Pour en revenir au texte de Robert Silverberg, il se caractérise par sa forme testamentaire. En effet, le narrateur est Orphée lui-même et s'adresse à son fils Musée pour lui narrer sa vie. le titre le dernier chant d'Orphée et le début de la novella augurent donc de la fin sans surprise.

Le personnage d'Orphée est très drôle dans le sens où il est très conscient d'être un demi-dieu. Il semble assez sûr de lui et de son Art, se pense supérieur aux Humains et trouve Jason très stupide! Mais, il n'en est pas pour autant rebutant car ses épreuves (la perte de son amour pour Eurydice, son rôle dans l'expédition des Argonautes et sa fin atroce) attire la sympathie du lecteur. Quant au style littéraire de Robert Silverberg, je suis assez partagée : si la première partie sur Eurydice est assez poétique et émouvante, la seconde partie sur l'expédition des Argonautes manque un peu de souffle épique. C'est raconté de manière très linéaire et anecdotique : j'aurais voulu que cette partie soit un peu plus développée.

En conclusion, je suis très heureuse d'avoir découvert la plume de Robert Silverberg : ma lecture du dernier chant d'Orphée a été très agréable mais sans être le coup de coeur auquel je m'attendais. Toutefois, cette novella a éveillé ma curiosité et il me plairait de lire aujourd'hui Roma Aeterna.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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