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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Derrière ses volets mi-clos Dominique vit par procuration. Son horizon s'est limité aux fenêtres de l'immeuble d'en face.
Faubourg Saint-Honoré, dans un Paris disparu, presque provincial, Dominique observe Antoinette, l'épouse extravertie d'un mari mourant, elle observe aussi l'acariâtre belle mère, vivant dans l'appartement au-dessus de sa belle-fille. de son poste non seulement Dominique voit presque tout, mais elle devine les conversations, les mimiques, les jeux de pouvoir entre les personnages, elle va jusqu'à sentir les odeurs. Cette activité de voyeurisme comble le vide de sa propre existence. Une destinée contrariée, une impuissance à vivre et à rebondir inculquée par son éducation. Elle n'a pu s'en défaire, elle lui colle à la peau.
Dominique, bientôt 40 ans, est une célibataire endurcie, solitaire. Sans le sou elle est la dernière survivante d'une famille petite bourgeoise tombée dans le besoin.
Face à Antoinette l'attitude de Dominique sera ambivalente. Elle est tour à tour accusatrice, dénonciatrice, elle va jusqu'à jouer les corbeaux, envieuse, elle ira jusqu'à la suivre dans Paris. méprisante mais avant tout hypnotisée par la liberté et la sensualité de cette femme qui n'est pas de son monde.
Périphérique à cette obsession, le quotidien de Dominique est morne, un jeune couple de locataires qu'elle doit supporter, le poids d'une famille qui la ramène à un passé douloureux, le décès lointain d'une tante, les constantes privations. Elle ne voit plus qu' « à quarante ans, une pente à descendre sans joie ».
Dès les premières pages on est plongé dans l'atmosphère confinée de l'appartement de Dominique, on connaît ses pensées les plus cachées, ses hontes, ses malaises, ses craintes. Simenon a su restituer l'ambiance d'un lieu, d'un milieu, d'une époque ; il nous associe pas à pas comme spectateur à un drame en devenir. On est englué dans une spirale d'une pathétique auto-destruction. Plus qu'un roman policier c'est un roman de l'intime. Une belle réussite.
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Merci à vous, chartel et Maphil, qui rendez hommage à cet exceptionnel "roman dur" de l'exceptionnel Simenon. Sorte de "Fenêtre sur cour" ouverte sempiternellement par cet être délaissé qu'est la touchante Dominique, "vieille fille" qui n'aura bientôt d'autre issue que s'offrir son dernier voyage lorsque le spectacle qui semblait "animer" son existence disparaîtra de sa vue.

Je pense même à tous nos "modernes" jeunes comme vieux lecteurs de "Gala", "Voici" et autres "Closer" (...) aujourd'hui confrontés à la même solitude et si vulgairement conditionnés à (sur)vivre ainsi par procuration...

Georges Simenon - partageant mondialement son emprise artistique et éthique avec le suisse Robert Walser, l'autrichien Stefan Zweig et le bengali Rabindranath Tagore - restera sans doute l'un des (co-)empereurs de l'empathie romanesque.

Immense et prolifique, incroyable écrivain....
Lien : http://www.fleuvlitterature...
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Lire un roman dit "dur" de Simenon c'est se plonger dans un monde disparu , celui de la bourgeoisie provinciale surtout lorsqu'elle habite Paris .
Une bourgeoisie avec ses rites , ses coutumes et sa mesquinerie C'est aussi une époque révolue où le gaz , l'électricité et où l'eau courante étaient un luxe , une époque dure pour une grande partie de la population.
Dans ce roman nous suivons trois femmes , bien différentes mais qui toutes sont seules face à elles-même
Roman de la solitude , de la vie ratée mais qu'on imagine réussie chez l'autre. Roman de l'ennui également alors pour égayer sa vie on espionne un peu l'autre , on vit sa vie par procuration et on finit par s'effacer tout doucement sans déranger..
Récit court , très bien construit et dans lequel Simenon a réussi à instiller une atmosphère lourde , pesante sans jamais gâcher le plaisir de la lecture.
Du très grand Simenon.
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De sa fenêtre, retranchée dans sa chambre, Dominique observe ses voisins jusqu'au jour où elle est témoin d'un crime : lorsque M. Rouet subit une nouvelle attaque, son épouse reste dans la salle à côté, n'intervenant pas, la main sur la poignée, alors que la gouvernante est à l'étage au-dessus, auprès de la belle-mère. Elle écrit aussitôt une lettre anonyme à l'intrigante sans vraiment rien envisager. À l'aube de ses 40 ans, Dominique, fille d'un général ruiné avant sa mort, vit seule dans cet appartement qui n'est même plus le sien et sous-loue une chambre à un couple qui ne cache rien de son intimité. Car chaque sous compte pour cette vieille demoiselle. Une vie consacrée jusqu'alors à s'occuper de son père dans ses vieilles années et qui se résume aujourd'hui à survivre et sauvegarder les apparences. Ce qu'elle voit alors chez les Rouet semble lui apporter un pouvoir soudain et une raison nouvelle de vivre. Qui va vite devenir une obsession : elle commence à suivre Agnès Rouet à travers Paris, vivant par procuration ce qui se passe chez les voisins d'en face ou de l'autre côté du mur. Et met en valeur le vide de sa propre vie. Dans ce roman, Georges Simenon met en scène une femme issue de la haute-bourgeoisie reléguée à une pauvreté qu'elle réfute. Mais c'est également la famille Rouet qui y est décrite avec causticité. Un riche industriel, sa femme, son fils malade et leur belle-fille qui vivent dans l'opulence, la défiance et la haine. Et tout cela dans un style qui le caractérise : pas de descriptions inutiles, ni de développements psychologiques, seulement une succession de faits et d'événements. L'auteur ne juge pas, ni ne cherche à nous faire la morale, seule l'histoire compte. Une pépite dans une oeuvre qui en compte de nombreuses. Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu de livres de Simenon et celui-ci me donne envie d'en lire d'autres. Et je n'ai que l'embarras du choix…
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La fenêtre des Rouet met en scène une de ces héroïnes humbles et effacées dont Georges Simenon a le secret. Dominique est une femme seule, célibataire à la quarantaine lugubre, qui loue une chambre de son appartement à un jeune couple dont les sonores ébats amoureux perturbent cet être effacé et frustré. L'immeuble en face de chez elle héberge des vies dont l'observation permanente remplit sa triste existence, particulièrement la fenêtre des Rouet, famille bourgeoise dont les fondateurs occupent l'étage supérieure, tandis que le fils malade et sa jeune femme Antoinette vivent en dessous.
De cette proximité avec son voisinage, Dominique va retirer les éléments qui vont la faire vivre, elle la femme vieillissante dont personne ne remarque l'existence. La fenêtre des Rouet va devenir un personnage de ce roman de la misère. le fils Rouet, malade depuis des semaines, va mourir sous les yeux de Dominique, tout près d'Antoinette sa femme qui mettra bien peu d'empressement à le secourir. À partir de cet instant Dominique va s'approprier l'histoire de cette jeune femme attirante, si différente d'elle. Elle va enfin trouver une raison d'exister à travers une personne à l'opposé de ce qu'elle est. Mais vivre par procuration ne dure jamais longtemps…


Lien : http://www.bibnblog.fr/?p=13..
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Drame de la solitude. Dominique, vieille fille ,vit une existence sans surprise, sans relief.
Cette médiocrité du quotidien est bouleversée quand, par la fenêtre, elle voit Antoinette, sa voisine, laisser mourir son mari cardiaque sans tenter de lui venir en aide.
D'abord révoltée elle finit par admirer et envier cette Antoinette éprise de liberté.
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