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Critique de dourvach


"Le Coup-de-Vague" est un roman sublimement (et très subtilement) "ordinaire" de la veine littorale/rurale des années trente de Georges SIMENON : il parut en 1939 aux éditions Gallimard, quelque part dans une pastille d'espace-temps se situant à proximité de "Les Demoiselles de Concarneau" [1936], "La Marie du Port" [1938] et "Le Bourgmestre de Furnes" [1939].

Son "argument" selon WIKIPEDIA, le voilà... [Veuillez donc occulter soigneusement de votre champ de vision tout le passage suivant "entre guillemets"... si vous préférez ne pas savoir] :

" Au « Coup-de-Vague », le travail de la ferme, combiné au commerce des moules, dépend dans tous ses détails des deux tantes de Jean : Hortense et Émilie. Ce sont les tantes qui, pour le bien de tous, décident de tout. Jean, qui a été élevé par elles, accomplit son travail par habitude, sans en demander davantage. Il n'a guère de soucis, jusqu'au jour où Marthe Sarlat, qui est secrètement son amie, lui annonce qu'elle est enceinte. Mais là encore, une fois mises au courant, ce sont les deux tantes qui prennent l'affaire en main : elles amènent Marthe chez une sage-femme, puis chez un gynécologue. L'avortement se fait sans que Jean ait eu son mot à dire. Il épouse pourtant Marthe, poussé à ce mariage par Hortense qui cède elle-même aux pressions du père de Marthe. Justin Sarlat, en effet, bien qu'abruti par la boisson, connaît sur la naissance de Jean des choses que celui-ci ignore et que les deux soeurs, en particulier Hortense, préfèrent ne pas voir divulguer : le père de Jean était au Gabon depuis trois ans lorsque l'enfant est né d'une mère qu'on prétend être une jeune fille de Saintes, morte en couches. Marthe et Jean habiteront au «Coup-de-Vague». de santé fragile, la jeune femme reste longtemps alitée. Les deux familles ne sympathisent pas. Mal acceptée par les deux soeurs, Marthe finit par révéler à son mari que l'une de ses tantes est en réalité sa mère. Cependant, la besogne routinière de chaque jour, plus forte que tout, épargne à Jean de s'attarder à cette pénible révélation. La santé de Marthe, dont Jean se sent de plus en plus éloigné, se détériore, et ce sont de nouveau les tantes qui interviennent. Elles arrangent pour Jean un voyage à Alger, en vue de régler une affaire d'exportation. Lorsque Jean revient, sa femme, opérée durant son absence, est morte. Sortant de sa soumission habituelle, il est pris d'une violente crise de nerfs due à la conscience qu'il a soudain de sa responsabilité. Mais la vie de la ferme a ses exigences : bientôt, le travail reprend, organisé par les deux tantes, effaçant petit à petit les souvenirs..."

On y marche en bottes et à l'heure des marées, parfois dans la nuit, parfois sous le grand cagnard, au mieux dans le petit jour, donc... Quoi qu'il en soit, vos bottes cirés feront "Pflouîtchhhh..." en s'enfonçant dans la vase noirâtre qui recouvre l'estran. On y déterre ces "fruits de la mer" tout bardés de leur froide cuirasse de calcaire...

Les deux tantes (Hortense et Emilie) d'un Jean devenu adulte sont clairement abusives (bien sûr sans l'imaginer un seul instant...) mais doublement "protectrices" de leur neveu : le même matriarcat vampirisant à l'oeuvre dans "Les Demoiselles de Concarneau", avec ces deux vieilles filles de soeurs bas-bretonnes qui protégeaient l'infortuné Jules Guéret, responsable d'un accident de circulation mortel et nocturne... Jules tombait peu ou prou amoureux de la mère du gamin, n'osant pas avouer sa culpabilité...

Evènement imprévu : Jean Laclau (28 ans) rencontre puis se met à aimer Marthe Sarlat...

Le subconscient des deux punaises va devoir saper le couple que Jean essaye de construire avec Marthe.

Jean ne se méfie pas. Il se laisse faire...
Un neveu falot et consentant.
Les punaises elles-mêmes ne se rendront compte de rien. Ce sera "pour son bien", après tout... La scène doucereuse (pudique et à ellipses) de l'avortement semi-clandestin qu'elle doit subir (dans l'anonymat d'un divan d'examen d'un Cabinet de Saintes ou La Rochelle) : atroce et inoubliable. Filière de soins douteuse, de la Sage-femme au gynécologue maladroit... Par procuration, les deux soeurs "vampires" auront saigné une autre femme pour récupérer "leur petit" (dont l'une des deux taupes se révèlera être sa propre mère)... Diarchie blême toujours en surplomb... Increvables. Tragiques et absurdes Parques... Tragiques et sournoises conséquences d'un acte saboté qui saigneront peu à peu, à son tour, notre petit-coeur-de-lecteur-qui-en-aurait-vu-bien-d'autres, de plus en plus terrorisé...

C'est dur.
Toujours au plus près de la vérité des êtres... de ces gens qui se croient "ordinaires", "gens de peu"...
Mille visages de la médiocrité humaine, de Province ou d'ailleurs...
Avec de vrais morceaux de poésie (fugace) à l'intérieur.
Des stries de lumière sortant d'un nuage noir envahissant un ciel de crépuscule penché sur l'Atlantique.
C'est du vécu d'auteur, fin observateur des moeurs du littoral vendéen.
C'est Simenon.
C'est de la littérature.
C'est immortel, je le crains...
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