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Critique de SZRAMOWO


Peut-être n'insiste-t-on jamais assez, lorsque l'on évoque l'oeuvre de Simenon, sur ces romans, dont on dit qu'ils sont moins bons que les autres, ou qu'ils ne sont pas nos préférés, qui professent la foi de Simenon dans la vie, dans la rédemption, dans la capacité des humains à se réformer.
Cette affirmation est, il est vrai, très loin, de l'image que l'on garde de Simenon, celui des romans durs, celui des enquêtes de Maigret où les héros sont lâches et veules, et commettent l'irréparable en raison de cette lâcheté et de cette veulerie.
On a volontiers dit que dans ces romans, Simenon se cherchait encore, ou qu'ils étaient des récits plus autobiographiques que les autres...Voire...
Les Noces de Poitiers fait partie de ces récits délaissés et pourtant....
Tous les ingrédients d'un bon Simenon y sont. Tout d'abord l'ambiance. Comment ne pas se délecter des premières lignes, où l'on pénètre presque par effraction dans cette salle d'un restaurant de Poitiers où se déroule la fameuse noce, lorsque Gérard Auvinet, le marié, pense :
"Il n'avait pas dormi, évidemment. On ne dort pas à un dîner de noces, à plus forte raison quand ce sont ses noces à soi."
"Il cessait tout à coup d'être acteur pour devenir spectateur. Ou plutôt, ce qui devint vite angoissant, il devint spectateur sans cesser d'être acteur."
Le mariage d'Auvinet avec Linette est à l'image du dîner, silencieux, ennuyeux, fade, relégué dans l'arrière salle d'un restaurant de Poitiers...rien ne pourrait le sauver.
Gérard Auvinet s'y emploie, il décide de quitter la province pour Paris, d'y réussir, mais la malédiction le poursuit. Il tombe entre les mains d'activistes d'une association patriotique qui l'exploitent, puis entre celles de Lina, une femme vénale qui l'associe à ses grivèleries.
Pendant ce temps, Linette reste la femme discrète, enceinte, qu'elle a toujours été, elle attend, elle a confiance en Gérard et ne veut pas croire en la réalité.
Gérard est dans le tunnel :
"Il ne savait pas ce qu'il y avait au bout. Il ne se le demandait plus. Mais il savait qu'à un moment donné il lui faudrait en sortir."
La fin se veut heureuse, Gérard et Linette ont une fille, ils quitte Paris pour Tulle - "c'est une jolie petite ville, peu bruyante, et le climat y est fort sain" - écrit-il à sa mère - où il a décroché un travail de localier dans un journal de la Correze.
Mais Simenon ne peut se contenter de cette fin heureuse, il glisse ces pensées dans la tête de Gérard alors qu'il écrit encore à sa mère :
"Il fallait encore tricher un peu, pour eux. Mais tout cela était presque vrai, deviendrait vrai"
Et le narrateur de conclure :
(...) il prenait déjà un air important, il avait, la veille, signé un petit article de ses initiales et le soleil dessinait à son côté, sur la banquette, une ombre rassurante.
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