Rendez-vous à la malouinière

Jamais l'hiver n'avait paru plus dur et plus long. A travers les vitres embuées, la banlieue parisienne gravait des eaux-fortes noires et blanches, dans la neige et la suie, la misère et le sordide.

Tous les ans, au moment de Pâques, Mme Carbec avait coutume de quitter sa résidence malouine et s'installait dans sa maison des champs, la "Couesnière", située à quelques kilomètres sur la route de Dol.
C'était là une habitude familiale, remontant à l'époque de la Compagnie des Indes, lorsque devenus trop riches pour se contenter de leurs hôtels alignés au garde-à-vous face à la mer, quelques armateurs, négociants et capitaines avaient fait bâtir des demeures de bel aspect, moitié manoirs moitié châteaux.
Enfouis dans la verdure d'un lieu-dit dont le nom avait été vite accolé au patronyme des nouveaux propriétaires, on les avait bientôt appelées des "malouinières".....
(extrait du "prélude" inséré en début de l'édition de poche parue en 1989)

J'appartiens à une génération où les hommes étaient plus souvent chasseurs que gibier !

Les voyages sont comme les femmes, ils forment la jeunesse !
Courteline

Je sais ce que le bonheur de vivre, je le tiens serré dans ma main, comme une pomme ronde, parfois comme un caillou.

Entre l'Aisne et l'Oise, on attaquait, bille en tête, la forteresse ennemie dite Chemin des Dames : on l'enlevait dès le premier jour et on exploitait la rupture provoquée jusqu'à la dislocation totale des forces de l'ennemi en appliquant les mêmes mots d'ordre, vitesse, violence, brutalité, qui avaient réussi à Verdun pour reconquérir Douaumont. "Ma méthode", disait le général Nivelle, sûr de ses talents et de son étoile.

Pour les cas désespérés, une formule lapidaire "pourrait mieux faire s'il utilisait ses indéniables facultés intellectuelles" était destinée à effacer de l'esprit des familles le doute d'avoir engendré un crétin. Elle ne manquait jamais son but, surtout lorsqu'elle s'adressait à quelque betteravier situé entre l'Oise et l'Aisne, ambitieux de siéger un jour au conseil général.

S'il vous arrive de soigner de près notre nouveau généralissime, n'oubliez pas que, d'après certains historiens, Napoléon a perdu la bataille de Waterloo parce que ce jour-là ses hémorroïdes l'empêchaient de se tenir à cheval. Vous voyez où peut se placer le génie des grands chefs !

Ma mère disait : " Les Carbec ne sont pas susceptibles mais il ne faut pas effleurer leurs sabots !"

Le bonheur, je n'en ai jamais manqué parce que, pour moi, le bonheur c'est ... comment expliquer cela ? c'est une disposition d'être, un état permanent, quelque chose qu'on porte en soi, un peu comme la respiration.