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Critique de Seraphita


1925. Dans le plus grand secret, trois alpinistes s'apprêtent à gravir l'Everest. Ce sont trois hommes, un vétéran britannique de la Grande Guerre, un guide de haute montagne français et un jeune américain. Leur mission officielle, payée par une Lady britannique, est de retrouver son cousin Percy qui a disparu l'année précédente lors d'une expédition dans ces contrées. D'ailleurs 1924 a consacré la disparition de deux autres alpinistes, renommés dans ces milieux, et dont les corps n'ont pas été retrouvés. Mais alors que les 3 hommes atteignent 8500m d'altitude, ils découvrent qu'ils sont poursuivis : de qui — ou de quoi — s'agit-il et pourquoi ? Quelle abomination ces montagnes, en soi bien hostiles, cachent-elles ?

« L'abominable » est un roman écrit par Dan Simmons. La couverture ne ment pas quand, s'adressant au lecteur, elle lui dit : « la plus glaçante des histoires sur l'Everest » ou encore, rapportant les propos de Stephen King : « je suis en admiration devant Dan Simmons ». Oui, il y a de quoi. Mais, pour ce faire, il faut accepter de s'installer dans la longueur, à l'image de nos 3 alpinistes qui vont devoir se préparer minutieusement et attendre avant d'escalader. Car le bougre de roman pèse tout de même près de 700 pages !

Découpé en 3 parties — les alpinistes, la montagne et l'abominable — le roman ménage ses effets, jusqu'à presque rebuter au début tant on a l'impression d'être loin (au sens propre comme au figuré) de l'Everest tant promise sur la couverture. Mais une fois passée la première partie et pénétré sur le domaine de la montagne sacrée, on quitte vraiment le monde ordinaire pour entrer dans une toute nouvelle dimension. A couper le souffle.

Les descriptions sont saisissantes : le paysage abrupt, hostile, ses dénivelés, rocs, pièges en tous genres sont merveilleusement rendus. Et le froid tel que les protagonistes le ressentent, nous glace également. L'auteur nous fait vivre la raréfaction de l'oxygène au fil de l'escalade et ses effets non seulement sur le corps mais aussi les capacités de raisonnement. Il décrit très bien le matériel utilisé, les vêtements, bouteilles d'oxygène (le fameux « air anglais ») et les techniques d'escalade dans ces milieux périlleux. Il montre bien l'appui qu'offrent les populations locales, les sherpas, mais aussi les incompréhensions possibles entre deux mondes bien différents.

Et puis l'abominable s'invite d'une manière inattendue mais intéressante et qui étoffe encore (s'il en était besoin) la matière déjà dense du roman.

Au terme de ce marathon de lecture, on est saisi par le travail colossal que l'auteur a dû faire pour produire un roman aussi maîtrisé, qui plus est en rendant compte d'une période historique trouble, celle de l'entre deux guerres. Long certes, mais l'aventure en vaut la chandelle car au bout du bout, on ne pourra oublier ces paysages grandioses dont on a pu revenir ! Oui, assurément : la plus glaçante des histoires sur l'Everest.
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