AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,71

sur 270 notes
Dan Simmons m'a soufflée ! « L'abominable » est un roman magistral qui vient une nouvelle fois prouver le talent de conteur de Simmons.
Le titre est trompeur, enfin l'est-il vraiment ?, « l'abominable » n'est pas ce qu'on s'imagine lorsqu'on s'y attaque. Il s'agit avant tout d'un formidable récit d'aventure mais c'est aussi bien plus que ça.

Le roman se place dans le monde de l'alpinisme dans les années 30. Cet aspect est très documenté, Simmons a dû lire des tonnes d'ouvrages sur le sujet, la véracité est totale. Si les aspects techniques sont très présents, on parle crampons, cordes, équipement…, ces éléments sont rendus passionnants par l'auteur et n'amoindrissent jamais le souffle du récit. Au contraire, ces considérations techniques montrent à quel point l'alpinisme à l'époque était une véritable aventure pleine de risques et de dangers. Ces périls, Simmons les fait ressentir pleinement au lecteur. On est dans les pas des personnages, on peine avec eux, on a froid avec eux…
Le roman d'aventure se double d'un thriller de haute volée. La tension est permanente, le suspense parfaitement maîtrisé. Simmons emmène son récit dans une direction inattendue. le côté thriller du roman a une dimension historique qui tient presque du roman d'espionnage sans que jamais l'aventure ne perde de son souffle. Ce changement de cap de l'intrigue m'a vraiment surprise mais le tour de force c'est que ça parait naturel, on n'a jamais le sentiment que l'auteur a recours à un truc, ça glisse tout seul.

Ajoutez à cette construction imparable des personnages vivants et bien campés et des descriptions immersives… Voilà un roman qui atteint des sommets. J'ai adoré.

Commenter  J’apprécie          6112
Pour les amoureux de la montagne ou encore mieux pour les alpinistes, je pense que ce roman doit être un régal. Pour moi qui ne suis ni l'un ni l'autre, j'y ai trouvé des longueurs. Les descriptions parfois techniques, toujours très documentées ont été parfois un peu fastidieuses et je dois avouer que certaines pages ont été lues en diagonale. L'intrigue est tout à fait secondaire. L'intérêt de ce roman est bien plus la vision très réaliste (enfin je pense) de l'ascension, par nos 3 alpinistes, des montagnes dans des conditions extrêmes. On arrive à s'imaginer les difficultés, le froid, la dangerosité sans aucune difficulté, les descriptions sont de grandes qualités et hyper documentées. (mais un peu trop pour moi). Je ne fais sans doute pas partie du public visé par l'auteur qui, à mon avis cible des lecteurs plus avertis ! J'ai tout de même apprécié et ne vais pas bouder cet auteur !
Commenter  J’apprécie          510
8 juin 1924. George Mallory et Sandy Irvine, deux alpinistes anglais, délaissent les membres de leur expédition pour entreprendre, seuls, la dernière étape de l'ascension de l'arête nord de l'Everest. On ne les reverra jamais et, aujourd'hui encore, on ignore comment ils ont disparu et s'ils sont parvenus à atteindre le sommet avant de périr. Voilà un mystère à même d'enflammer l'imagination d'un auteur comme Dan Simmons, qui s'est justement penché sur le sort de cette tragique expédition dans un roman paru en 2013 et traduit il y a peu par les éditions Robert Laffont. Ce n'est pas la première fois que l'écrivain s'inspire d'un fait-divers historique de ce type pour en tirer un roman fantastique : je garde pour ma part un vif souvenir de ma lecture de « Terreur » consacré à l'expédition du capitaine John Franklin, disparue dans l'Arctique sans laisser de traces. Hélas ! Hélas quelle déception que cet « Abominable » qui, en dépit d'un début plein de promesses, retombe comme un soufflet ! Tout commençait pourtant bien. Après un prologue alléchant dans lequel l'auteur se met lui-même en scène et affirme avoir mis la main sur un témoignage exceptionnel rédigé par un certain Jake Perry, on se plonge avec délice dans les carnets de ce vieil alpiniste qui, sentant la fin venir, décide de revenir sur un épisode déterminant de sa vie : sa tentative clandestine d'ascension de l'Everst en 1925 en compagnie d'un petit groupe d'aventuriers. Ils sont trois, dans un premier temps, à entreprendre cette expédition périlleuse : le jeune Perry, un vétéran de la Première Guerre mondiale et ancien compagnon de cordée de George Mallory, et un talentueux guide de Chamonix. Si chacun d'entre eux entend bien réussir là où leurs prédécesseurs ont échoué, ce n'est toutefois pas le but officiel de leur voyage. En effet, au même moment de la disparition de Mallory et Irvine, un jeune alpiniste anglais suivant l'expédition principale est lui aussi porté disparu. Un témoin, un homologue allemand, prétend avoir vu Lord Percy se faire emporter par une avalanche, mais personne ne semble croire à cette théorie qui comporte de sérieuses lacunes. Certains racontent que le jeune homme paraissait être pris en chasse par des hommes armés qui l'auraient poursuivit jusque sur les pentes de l'Everest. D'autres mentionnent l'existence de mystérieuses créatures qui hanteraient la montagne et s'attaqueraient occasionnellement aux aventuriers trop téméraires. A nos trois héros de démêler le vrai du faux et, si possible, de retrouver le corps du jeune homme, ainsi que, avec un peu de chance, ceux de Mallory et Irvine.

Comme pour tous ses romans s'inspirant d'une période historique, Dan Simmons a pris soin d'accumuler une montagne d'informations. « L'Abominable » ne déroge pas à la règle et, à ce titre, s'avère passionnant, surtout dans la première partie. le contexte historique, d'abord, est remarquablement détaillé. Nous sommes en plein dans l'entre deux-guerres, et les stigmates de la première sont toujours bien visibles, que ce soit chez les anciens combattants, toujours hantés par les souvenirs des tranchées, ou chez les civils qui ont tous perdus au moins un proche dans le carnage. L'auteur nous donne également un aperçu du contexte de l'Allemagne de l'époque, humiliée par les vainqueurs, en grande difficulté économique et dans laquelle émerge une nouvelle force politique incarnée par Adolf Hitler (qui s'attelle alors en prison à l'écriture de « Mein Kampf »). Mais là où l'auteur se fait le plus minutieux, c'est en ce qui concerne l'alpinisme, sujet à propos duquel il a réuni dans ce roman une documentation colossale. On en apprend ainsi beaucoup sur les nombreuses expéditions lancées dans les années 1920 afin de « conquérir » les plus hauts sommets du monde, ainsi que sur les tragédies qu'une telle ambition n'a pas manqué de provoquer. le roman se révèle aussi très instructif concernant les techniques d'escalade ainsi que sur le matériel mis à disposition à l'époque, celui-ci nous étant présenté dans les moindres détails. La géographie de l'Everest n'aura également bientôt plus de secret pour le lecteur tant l'auteur se révèle précis dans sa description du terrain et des dangers que comporte telle ou telle partie de l'ascension. Enfin, il est extrêmement intéressant de se faire raconter de manière aussi minutieuse le fonctionnement d'une expédition de ce type, dont on peine à imaginer l'organisation et les ressources extraordinaires qu'elle nécessite. Recrutement des sherpas, installation des camps à différents niveaux d'altitude, montée du matériel, exploration du terrain… : Dan Simmons n'est, encore une fois, pas avare en détail et c'est dans ces moments que le roman se révèle vraiment passionnant car il permet une immersion totale du lecteur dans cet environnement hostile où la moindre erreur peut devenir mortelle.

Malheureusement, en dépit d'une documentation impressionnante, le roman déçoit par son intrigue bâclée. Une fois passée l'excitation de la première partie consacrée au récit de la disparition de Mallory et Irvine et à la préparation de l'expédition des trois héros, il faut bien avouer qu'on finit par s'ennuyer ferme tant l'histoire met du temps à démarrer. Les alpinistes rassemblent leur matériel, discutent de ce qui les attend là haut, évoquent les différentes routes qu'ils pourront emprunter… et c'est tout pendant un long moment. Ce n'est que lorsque les personnages finissent par parvenir sur l'Everest que le lecteur est pris d'un regain d'intérêt. Enfin, on va découvrir ce qu'il est arrivé à Mallory et Irvine et basculer dans le fantastique ! Il faut dire que l'auteur nous avait mis l'eau à la bouche avec ses histoires de yétis dont les précédentes expéditions auraient relevées des traces et que les moines des environs disent avoir aperçus dans la montagne. On attend donc, sur nos gardes, que les choses sérieuses commencent. On attend. On attend… Et puis rien ne vient. Alors certes, la montée est émaillée de péripéties liées à la météo, au froid, au manque de matériel ou de préparation, mais la menace tant attendue n'arrive jamais. En effet, en dépit de ce que sous-entend la quatrième de couverture et de ce à quoi l'auteur nous avait jusque là habitué, il ne s'agit pas là d'un roman fantastique. Pas l'ombre d'un élément surnaturel ou possiblement interprétable comme tel en vu, donc. le récit pourrait malgré tout valoir le coup : après tout, le mystère de la disparition du jeune lord anglais recherché pourrait tout à fait avoir une explication rationnelle aussi passionnante que si un élément fantastique avait été en cause. Sauf que l'explication qui nous est finalement donnée (après de très très longues digressions) est vraiment très légère et, comble de la déception, carrément prévisible. Car ce qu'on pensait depuis le début être une fausse piste cherchant à égarer le lecteur un peu trop crédule se révèle finalement être... la véritable explication. Circulez, il n'y a rien à voir !

En dépit d'une vaste biographie composée d'ouvrages de grande qualité (« Hypérion », « Terreur », « L'échiquier du mal » et tant d'autres), Dan Simmons n'a pas écrit que des chefs d'oeuvre, et ce roman en est malheureusement la preuve. En dépit d'une documentation impeccable qui nous immerge complètement dans l'ambiance de l'époque et nous fait découvrir les spécificités de l'alpinisme sur l'Everest, le roman souffre malheureusement d'une intrigue bancale et prévisible, ainsi que d'un manque de rythme qui donne l'impression que l'auteur cherche à délayer au maximum son récit. Dommage...
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
Commenter  J’apprécie          310
Dan Simmons est un de mes auteurs préférés, mais j'ai souvent du mal à entrer dans ses romans.
J'ai dû m'y reprendre à deux fois pour la série des « Cantos d'Hypérion », mais je me félicite d'avoir persévéré car ce cycle est un de mes meilleurs souvenirs de lecture.
« L'Abominable » m'a aussi demandé des efforts, les premières pages ont été laborieuses, puis petit à petit, le récit s'est mis en place et j'ai pris du plaisir à suivre le trio d'alpinistes dans son ascension de l'Everest.
*
La raison principale de mes difficultés à entrer dans le livre est que je ne m'attendais pas à un récit d'aventure, mais plutôt à un thriller fantastique, avec une petite pointe d'horreur. Je pensais que l'histoire se rapprocherait de « Terreur » du même auteur dont le scénario évolue autour d'une créature des glaces mystérieuse qui attaque des marins et s'évapore dans le froid glacé.
On suit ici trois alpinistes dans leur tentative de vaincre le plus haut sommet du monde et le yéti n'est mentionné que tardivement dans le roman et de manière très sporadique.
Alors, le titre est-il bien choisi ou est-ce un titre aguicheur ? La dernière partie du roman permet de comprendre le choix judicieux de l'auteur.
*
J'aime beaucoup cet auteur qui sait se renouveler en proposant des récits d'aventure, de science-fiction, de fantastique, d'horreur ou de policier. Dan Simmons aime s'emparer de faits divers pour construire son récit, les zones d'ombre laissant l'auteur libre d'orienter son récit vers le fantastique.
« Terreur » revient sur l'expédition maritime dans l'Arctique du capitaine Franklin en vue de découvrir le passage Nord-Ouest. L'Erebus et le Terror quitteront l'Angleterre en 1845 avant de disparaître.
« L'abominable » quant à lui, revient sur la mystérieuse disparition du célèbre alpiniste George Mallory et de son compagnon de cordée Sandy Irvine dans l'ascension de l'Everest le 8 juin 1924.

Cette affaire a créé une vive émotion dans le monde de l'alpinisme. Un témoin aurait aperçu les deux alpinistes gravissant l'arête nord-est de l'Everest en direction du sommet, avant que la brume ne s'élève et ne les dissimule au regard. Les maigres indices retrouvés sur les lieux à l'époque ne permettront pas de retrouver la trace des deux hommes, ni de savoir s'ils sont parvenus ce jour-là au sommet tant convoité. Cette énigme continue à obséder les nombreux passionnés d'alpinisme.
*
En marge de l'accident qui a coûté la vie de Mallory et Irvine, Dan Simmons nous relate, sous la forme d'un journal de bord, un autre accident, fictif celui-ci, du jeune Lord Percival Bromley et de son compagnon de cordée, un dénommé Kurt Meyer.
Un trio inattendu composé trois alpinistes passionnés monte alors une expédition ayant pour but de retrouver le corps du jeune lord : Jacob Perry, un jeune étudiant américain arrogant et narrateur de l'histoire, Richard Deacon, un ancien colonel anglais vétéran de la première guerre mondiale, et Jean-Claude Clairoux un guide français de Chamonix.
*
Ce roman est incroyablement bien documenté sur le monde de l'alpinisme. Il aurait pu ne pas me plaire, car très loin de mes goûts : je n'aime pas le froid, la neige, la glace, les pentes abruptes, j'ai le vertige, bref, la montagne, c'est un endroit magnifique et merveilleux, mais de très loin. Et bien, cette ambiance glacée, rude, vertigineuse, mortelle, bien au chaud emmitouflée dans ma couette toute douce, m'a conquise.
Pour entreprendre une aventure aussi audacieuse et périlleuse, il fallait être très courageux, totalement inconscient, voire suicidaire.
Le récit est tellement ponctué de renseignements, d'anecdotes et de détails sur l'alpinisme, le matériel et les techniques d'escalade, véritablement passionnant même pour un néophyte, que le lecteur est totalement absorbé par cette atmosphère. On vit l'expédition comme si on y était. On ressent le froid tranchant, le mal des montagnes, les difficultés pour respirer, la lumière aveuglante et impitoyable.
Une véritable immersion.
*
Si cette première partie est très intéressante, le scénario est très long à se mettre en place et peut décourager certains lecteurs qui pensaient lire un récit surnaturel sur le yéti, ce démon des montagnes. Il faut attendre le troisième quart du roman pour que l'histoire s'accélère vraiment et monte en puissance pour devenir un vrai thriller. En effet, l'expédition va être attaquée par … Je vous laisse le découvrir !
*
« L'abominable » allie plusieurs genres : roman historique, thriller, récit de voyage, fantastique. Il met du temps à se mettre en place, mais il est passionnant du début à la fin. Si vous recherchez un roman au rythme trépidant, je vous le déconseille. « L'abominable », comme « Terreur » par ailleurs, est un roman qui se vit au ralenti, qui s'apprivoise doucement. Je l'ai lu, en prenant tout mon temps, en suivant les pas de ces intrépides aventuriers. Un presque coup de coeur, à lire.
*
"Atteindre son but... Est-il dans la vie pire désenchantement ?"
Stevenson
* * * * * * * * * * * * * *
Commenter  J’apprécie          298
Je suis fascinée par les récits himalayens et j'adore Dan Simmons. L'ensemble, trouvé par hasard à la librairie, m'a fait frémir de plaisir...et je n'ai pas été déçue, tout au moins pendant les trois-quarts du livre...
Un an après l'échec de George Mallory et Sandy Irvine sur l'Everest, en 1925 donc, de puissants alpinistes présentés comme réels se lancent à leur tour dans l'aventure, sous prétexte d'aller chercher le corps d un jeune lord disparu dans une avalanche après le premier ressaut qui marque, largement au au-dessus de 8000 mètres, la première des dernières épreuves de l'ascension. La mère du disparu finance les recherches, mais nos trois gaillards comptent bien avant tout atteindre le sommet...
La préparation de l'expédition, les détails techniques ne m'ont pas ennuyée le moins du monde...toutefois, critiquant le matériel de Mallory, Dan Simmons devrait savoir que des recherches récentes ont montré qu'il était très bon et suffisant pour monter...enfin bon...
Première partie : ascension, froid, glace, montage de camp, escalade de folie, j'adore ce type de récit...Ensuite ça reste très bien en terme de narration, mais pour ce qui est du réalisme, ça pèche...Dans la zone de la mort, au-delà de 8000 mètres, où l'on peut à peine penser ni marcher, où chaque pas est une torture et où il ne faut pas rester bien longtemps, nos alpinistes ont de fort longues conversations, un souffle hors norme et des activités chronophages et multiples qui me semblent parfaitement impossibles, d'après tout ce que j'ai vu et lu...Ils auraient dû geler dix fois...Comment parler autant avec les masques à oxygène ? Y'en a même qui courent sur l'arête entre les deux ressauts...Par Reinhold Messner au secours ! de plus, le temps est splendide, pas la moindre allusion aux vents tempétueux des sommets...mais bon...C'est juste ce bémol que je mettrais.
Sinon une lecture addictive et quatre soirées de lecture fort agréable quand on est bien au chaud...

Commenter  J’apprécie          275
Après « Terreur » (2008) (l'expédition polaire arctique Franklin de 1845 et le mythique passage du nord-ouest le long duquel elle disparut), Drood (2011) (un retour crépusculaire sur certaines zones d'ombre de Charles Dickens et de Wilkie Collins) et « Collines noires » (2014) (de Little Big Horn au Mont Rushmore : la Grande Histoire US revue et corrigée par un Peau-Rouge), Dan Simmons nous propose une fois de plus, avec « L'Abominable », un pavé documentaire camouflé en roman Fantastique (quoi que ... voir plus loin). L'auteur nous raconte le monde encore rudimentaire de l'alpinisme des années 20's au service de l'Everest. Il régurgite tous les renseignements qu'il a trouvé de ci de là: les techniques de grimpe d'alors en haute altitude, les particularités météorologiques, géographiques, géologiques, géopolitiques et ethniques de l'espace himalayen, certains faits historiques de l'époque (agitant le monde et par ricochets la région) ... etc; le tout déversé en vases communicants des faits réels (à maxima) vers la fiction pure (à minima); le mix est crédible, c'est la force première de l'auteur.

L'Himalaya donc, celui des années 20's, à qui gravira enfin le plus haut sommet du monde, l'Everest (8849m).

La réalité historique fait état du premier pied vainqueur en 1953. Mais en 1925 déjà, ainsi du moins l'affirme Simmons, une autre expédition n'a-t-elle pas accompli l'exploit sans qu'on n'entende parler d'elle pour des raisons appartenant au « secret d'état » ?

Quatre de couverture : « Juin 1924. La disparition inexpliquée des alpinistes Mallory et Irvine, au cours de leur ascension de l'Everest, fait la une de la presse. Mais qui se souvient de Lord Bromley, dit « Percy », autre concurrent à la course au sommet, évaporé dans les mêmes conditions la même année ? Manque d'oxygène ? Avalanche mortelle ? Autour du camp de base, la rumeur fait état d'une mystérieuse créature des neiges alors qu'une nouvelle expédition s'élance en 1925 à la recherche des disparus... voire d'une vérité bien plus abominable encore... »

Deux anglais, un américain, un français et un indien ; cinq alpinistes chevronnés sur les flancs glacés de l'Everest ; tous (ou presque) en mission de rapatriement des corps et accessoirement d'ascension enfin réussie. Une équipe resserrée et efficace, discrète, très mobile, réactive, porteuse des dernières technologies en matière d'alpinisme, aidée d'une poignée de sherpas. Simmons nous sert la version officieuse de quelques-uns sur la piste perdue d'aventuriers disparus. Comme dans « Terreur », il use du scénario archétypal de l'expédition évaporée dans la nature hostile et ayant engendré les rumeurs les plus folles sur ce qui lui est advenu. le passage mythique du nord-ouest arctique de « Terreur » renait dans la voie inlassablement recherchée vers le sommet de l'Everest encore invaincu. Simmons brasse la réalité historique (majoritairement) à celle de son imaginaire, comblant les lacunes et les mystères laissés inexpliqués au-delà des faits connus.

« L'Abominable » est sorti en 2013 (version US), en 2019 (grand format made in France), en 2020 (année de parution poche chez Presses Pocket). 6 ans, donc, avant d'enfin débarquer chez nous ? Robert Laffont en avait de loin en loin reculé la parution. Lenteur de traduction (tu m'étonnes) ou crainte d'un accueil mitigé ? Problème autre (« Flashback », J.D. Brèque) ? le temps s'était, semble t'il, mystérieusement étiré d'un bord à l'autre de l'Atlantique pour qui guettait la VF de ce best-seller potentiel, l'enfin nouvel opus teinté de Fantastique d'un écrivain de renom qui, au-delà de certains « mauvais genres », s'était trouvé un créneau juteux dans le blanc du mainstream, cachant son Fantastique sous des habits de littérature générale. Que s'est t'il passé ? Basta si ce n'est qu'il convient peut-être de trouver l'explication dans les faiblesses et défauts de l'ouvrage.

Le pavé (cette obésité de pages était attendue, le format dodu étant devenu marque de fabrique de l'auteur) est enfin là sous mes yeux ; 957 pages bien gonflées en poche, menue police typo et rares renvois à la ligne d'un paragraphe à l'autre. Une avalanche de signes déferle dès l'introduction comme autant de cailloux rendus à la gravité, il va falloir résister pour aller jusqu'au mot « fin », là-haut, tout là-haut. Il va falloir y consacrer du temps, beaucoup de temps le lecteur tourne lentement les pages, une à une, comme l'alpiniste gravit les presque verticalités de l'Everest au ralenti, en manque d'oxygène. Près d'un millier de pages en attente ; un sacré poids en bout de bras, le demi-kilo frôlé ; pas de lest, pas de condensé, de reader's digest usant de raccourcis. La lecture s'amollit quand le détail pullule et overdose, il faut se soumettre à la lenteur qu'il impose quand, lecture en diagonales rapides inévitablement engagée, taillant dans le gras pour éliminer le superflu, on confond les versants, les arêtes, les pics, les pénitents, les moraines, les glaciers, les ressauts et les à-pics, les faces, les altitudes, les camps … On sait que l'approche sera longue et lente, que le vif du sujet enfin sous les yeux prendra du temps à s'affirmer (les deux tiers sinon même les trois quarts en lents préparatifs), qu'il y faudra de l'abnégation et de la patience. A l'égal de « Terreur » et de « Drood » ce sera une interminable attente d'hors-d'oeuvres documentaires. On va bouffer du crampon ; du mousqueton ; de la chaussure de montagne ; de la crevasse ; de corde au mètre, de ses qualités et défauts au regard de ses millimètres de diamètre ; de noeuds compliqués, de la façon de les faire et défaire ; d'avalanches meurtrières ; de piolets ; de précipices insondables ; de bouteilles et de masques à oxygène ; de rappels en à-pics ; de règles de cordée ; du bric-à-brac tout cliquetant et tintinnabulant que l'alpiniste pro des années 20's trimballait sur lui ; de l'anorak à duvet d'oie récemment breveté vs les lainages en pelures d'oignon superposées ; du sherpa vs le sahib ; du yak vs le mulet ou le cheval ; de la toile de tente battue par des vents d'outre-ciel ; de chaussettes mouillées et d'orteils gelés intégrés ; de lunettes noires contre la réverbération aveuglante du soleil sur la neige. Simmons nous avait fait le coup avec Terreur mais çà matchait, là çà coince par overdose ; Simmons s'est posé en équilibriste entre le trop et le pas assez et clairement à mon sens s'est flanqué à l'à-pic du premier.

Mais Simmons, versant Fantastique, est un conteur ; il sait y faire ; je suis allé au bout de son propos, heureux non pas tant d'en avoir enfin fini avec lui que de l'avoir lu comme un obstacle à franchir, d'avoir pris plaisir à ce qu'il m'a appris sur la très haute montagne. J'ai refermé l'épais volume avec la certitude de revenir vers les parutions ultérieures de l'auteur au gré des mêmes mécanismes de narration. On a dit de Stephen King qu'il aurait été capable de décrire le contenu de sa poubelle sans ennuyer son lecteur ; je reformulerai en précisant que ses longues digressions m'intéressent plus que ses brefs instants de frissons, on y suit avec passion cet American Way Of Life qui est le coeur de son propos d'écrivain. Simmons est du même tonneau mais d'une finalité différente et peut-être inférieure en qualité, il s'overclocke sous le poids de la documentation d'amont qu'il régurgite en aval. le bonus de le lire est dans ce qu'il apprend sur un sujet que l'on n'aurait pas chercher à approfondir autrement. C'est d'ailleurs ce qu'il a fait avec Hyperion, me remettant en mémoire ce que la SF a pu inventer avant lui. Simmons, en ce sens bon faiseur ? Oui ; sans cette qualité, comment boucler sans abandonner une aussi longue lecture gonflée (jusqu'à l'overdose) d'autant de détails techniques (à priori réservés aux spécialistes de la verticalité rocheuse et glaciaire) ? Etrange paradoxe que celui d'un auteur qui fait ronronner ce qu'il écrit au rythme ce qu'il prend ailleurs, lénifie ce qu'il raconte et qui, bon an mal an, conduit son lecteur à terme, le rendant fier d'en avoir fini et d'avoir tant appris.

Restent cependant deux gros grains de sable dans la machine :

La montagne accouche d'une souris : le(s) yéti(s) attendu(s), promis au générique d'ouverture manque(nt) à l'appel. Tout petits riquiqui les bestioles terrifiantes, à tel point qu'il n'y en a pas la moindre grosse patte griffue d'une seule. Pourtant, rien que le titre du roman déjà, « L'abominable » : quoi de plus explicite, quoi de plus attendue que leur présence ? On en trouve mention dans la 4 de couv. Simmons, lui-même, dans le corps du récit, en parle de loin en loin. Titre racoleur et 4 de couv trompeuse donc. Il me manque mes yétis (smiley boudeur). Bref, les yétis hibernent pendant les courtes périodes favorables à l'alpinisme himalayen, j'aurais au moins appris çà.

En outre le Fantastique promis s'évapore sous le roman d'aventures et d'espionnage qui longtemps se cache et peu à peu, hélas, s'impose : les armes à feu remplacent les cris de terreur dans la nuit face à la bête immonde et le tout se fait "chasse au trésor" d'un secret d'état. « L'Abominable », au final, prend goût de thriller d'altitude et s'ampute de ce que son lecteur attendait de lui en priorité: sa part fantastique. La fin est inattendue (ce qui est une qualité) mais grotesque (ce qui est un énorme défaut). La mise en abime principale (il y en a plusieurs en strates d'inégales importances) émerge des neiges éternelles comme un cheveu à la surface d'une soupe, elle m'a laissé pantois et désabusé : tout çà pour çà me suis-je dit.. !

Alors, « L'abominable », pavé pour remplacer un pied cassé d'armoire (normande) bancale ? Comment dire… ? Oui, un peu. N'empêche : le long voyage vaut peut-être le détour si la passion montagne vous anime, si les bases techniques de l'alpinisme ne vous sont pas des artéfacts lointains (presque E.T.) à l'usage de celles et ceux qui rêvent de verticalité sur fond de ciel tourmenté.
Lien : https://laconvergenceparalle..
Commenter  J’apprécie          254
Abominable,oui le désir. Abominable, le courage. Abominable, la détermination qui anime tous les alpinistes, grimpeurs, rocheux de tous poils et de toutes les latitudes. Y aller alors que l'on sait que l'on va avoir mal, peur, y perdre peut être des doigts au mieux , la vie, mais est ce une catastrophe? Pour eux pas sur...
De plus au début du siècle dernier, " en chaussettes" , je dirais, tellement l'équipement était sommaire.Les six cent premières pages sont un pur bonheur pour les fans de "grimpe", les mains et les pieds se posent avec ceux des protagonistes. l'histoire des avancées dans la technique et le matériel au cours des années "20", font presque passer pour des rigolos ceux qui aujourd'hui font la queue pour gravir les plus de 8000.
On mesure à quel point l'aventure était chevillée au corps de ces hommes, découvrir, parcourir chaque centimètre carré de la surface du globe. il ne reste plus désormais que les étoiles, pour nourrir les appétit des plus téméraires, à peu prés dix pour cent d'entre nous il parait, ceux qui font progresser notre expansion, curieusement, presque cent ans après ces découvreurs de cimes, nous levons de nouveau le nez en l'air.
Sans oublier le courage des Sherpas, qui eux en plus devaient dépasser la colère de la déesse et des dieux...
Les trois cent cinquante dernières pages, font apparaître l'abominable ou plutôt l'abomination, toujours tapis dans l'ombre et plus près que l'on croit de surgir là où on ne l'attend pas.
Encore un excellent Dan Simmons, qui nous emporte loin du plancher des vaches...
Commenter  J’apprécie          2211
L'abominable, est-ce ce sommet inatteignable que semble être l'Everest en 1925, juste après l'échec et la tragédie ayant coûté la vie aux célèbres alpinistes George Mallory et Sandy Irvine ? Ou est-ce cette créature mythique vivant au sommet des montagnes et crainte par les Tibétains ? Ou bien serait-ce une toute autre menace qui pèse sur la petite équipe d'alpinistes partie à l'assaut des pentes pour tenter le sommet et retrouver des traces d'un jeune anglais disparu lui aussi l'année précédente ?

Mieux vaut avoir du temps devant soit pour se plonger dans l'Abominable : déjà parce que ce beau pavé fait plus de 800 pages et ensuite car Dan Simmons prend son temps pour nous embarquer dans son histoire. J'ai eu un peu de mal avec le premier tiers du roman qui certes est intéressant sur le plan de la reconstitution historique mais qui décrit par le menu la préparation de la tentative d'ascension d'une nouvelle équipe, un jeune américain, un guide français et un alpiniste anglais chevronné. On a parfois du mal à comprendre l'intérêt de certaines scènes ou rencontres narrées dans le détail et j'ai trouvé certains passages un peu longuets. Heureusement le roman devient passionnant dès lors que le voyage débute et que nos aventuriers partent vers l'Inde puis le Tibet. L'auteur a parfaitement reconstitué le contexte historique et ce que j'ai trouvé le plus intéressant était de voir à quel point les expéditions des années 20 étaient complexes à organiser sur le plan logistique et surtout particulièrement mal équipées par rapport à tout ce qu'on sait maintenant du matériel indispensable en montagne. Nos héros expérimentent pour la première fois des crampons révolutionnaires, des doudounes en duvet qui font rire leurs collègues, des bouteilles d'oxygène moins lourdes et plus efficaces... et malgré tout quel courage fallait-il pour se lancer à l'assaut d'un sommet encore si mal connu dont on ne sait même pas s'il sera atteignable.

Même si j'ai dévoré ce roman malgré son nombre de pages impressionnant, je reste un peu mitigée sur mon avis final. Il faut reconnaître qu'en plus du contexte historique déjà évoqué, l'auteur a du talent pour nous embarquer dans son histoire. C'est aussi un titre qui me restera longtemps en tête, les héros sont attachants, le fait d'installer tranquillement l'action nous les rend vraiment familiers et on n'a pas envie de les quitter. Néanmoins le roman a un rythme assez étrange et parfois mal maîtrisé : tantôt on est totalement embarqué dans l'action et les scènes s'enchaînent sans souffler, tantôt l'auteur semble souffrir d'une baisse de rythme, les pages s'étirent indéfiniment et se noient dans des détails pas toujours intéressants. Plus gênant, j'ai trouvé que Dan Simmons n'exploitait finalement pas totalement le potentiel de l'histoire qu'il avait lui même créée. Quand le fantastique et l'étrange font leur intrusion dans le roman, l'ambiance devient franchement angoissante, j'ai vraiment frissonné et tourné frénétiquement les pages en quête d'une explication. Malheureusement l'auteur se saborde lui-même en offrant très rapidement une explication plus rationnelle aux événements ôtant ainsi toute part de mystère et revient à des ressors scénaristiques vus et revus qui font retomber ce livre au rang de banal thriller alors qu'il avait un potentiel beaucoup plus important. J'ai parfois soupiré devant certains rebondissements trop prévisibles, dommage d'avoir ainsi privilégié la solution de facilité.

C'est donc finalement une lecture mitigée : paradoxalement alors que j'ai souvent été agacée par ces facilités ou ces baisses de rythme, j'ai quand même dévoré ce livre et il m'a longtemps trotté dans la tête. Cela reste un roman original avec de belles descriptions d'expéditions en montagne et un contexte historique passionnant. A découvrir au moins pour ces aspects là si vous en êtes amateur !

Commenter  J’apprécie          160
En refermant ce pavé de plus de 650 pages, je suis très partagée entre un avis absolument enthousiaste sur la majeure partie du roman et une énorme déception sur 100 dernières pages !

Commençons par le positif. S'inspirant de l'histoire vraie de la disparition en 1924 de deux célèbres alpinistes britanniques, George Mallory et Sandy Irvine sur les pentes de l'Everest, Daniel Simmons nous livre un magnifique roman sur l'ascension de ce mythique sommet himalayen, dont l'écriture extrêmement documentée, précise, réaliste et inspirée force l'admiration.

1924. Trois alpinistes de renommée internationale, l'américain Jake Perry, le britannique Richard Deacon et le français Jean-Claude Clairoux sont missionnés par Lady Bromley pour retrouver son fils Percy, disparu lors de son ascension de l'Everest, dans des circonstances un peu mystérieuses. Mais les trois amis sont surtout motivés par la possibilité de profiter du gros budget que leur donne la mère de Percy pour payer l'expédition et gravir eux-mêmes l'Everest. Pendant un an, ils préparent méticuleusement l'expédition, testant et améliorant leur matériel. Enfin, ils se lancent sur les traces de Mallory, Irvine et Percy Bromley.

La préparation de l'expédition, que certains pourraient trouver longue, dure un an et couvre plus de 200 pages. Mais elle est absolument passionnante, minutieusement détaillée et permet de se familiariser avec les techniques et le matériel utilisé par les alpinistes des années 20 du XXème siècle. le romancier prend quelques libertés avec L Histoire, accélérant le temps en prêtant au trio d'amis des innovations qui n'existeront que bien des années plus tard, et qui contribueront à augmenter leurs chances de survie lors des ascensions en haute altitude : ils vont ainsi "inventer" les crampons à 12 pointes dont les 2 pointes frontales permettent l'escalade de parois de glace en réduisant considérablement sa durée, les parkas imperméabilisées en duvet d'oie plus chaudes et légères que les vestes en laine de l'époque et surtout restant sèches à l'inverse de la laine mouillée impossible à sécher avec le froid, les bouteilles d'oxygène moins lourdes à porter et plus faciles à utiliser, des cordes plus solides que les anciennes en chanvre, des bloqueurs, de nouveaux piolets etc.

Puis l'expédition commence à Darjeeling, toujours décrite de manière extrêmement immersive, relatant les allers-retours entre le camp de base, le camp II, le camp III, le IV, le V jusqu'au camp VI vers 8200 mètres d'altitude, avec les portages de matériel, l'installation des cordes et des balises de bambou pour éviter les crevasses, les problèmes d'acclimatation à l'altitude des héros qui affrontent le blizzard et les températures plus que négatives. C'est très prenant, on s'y croirait presque ! A partir des traces laissées par Mallory et Irvine, on revit dans le détail les étapes de leurs derniers jours d'expédition. Je suis plutôt néophyte en matière d'himalayisme et toute cette partie de l'ascension m'a époustouflée et passionnée. Les connaisseurs n'auront peut-être pas le même ressenti.

A partir du camp VI, l'aventure prend une tournure angoissante : un sherpa meurt d'une embolie pulmonaire, les sherpas restés au camp de base sont victimes d'une attaque sauvage et les membres de expédition sont traqués par les mystérieux attaquants qui s'en sont pris aux sherpas.

C'est à ce moment là que le roman est censé devenir fantastique comme le laisse entendre la quatrième de couverture très "marketée" et son titre qui évoque irrésistiblement la mythique créature du yéti. Mais si, comme moi, vous espériez des monstres ou toute autre entité surnaturelle, vous en serez pour vos frais. L'auteur, ou plus certainement l'éditeur, s'est livré à un petit jeu de mots sur le titre qu'on ne comprendra que dans les 100 dernières pages et qui nous fait attendre, espérer inutilement l'arrivée d'un abominable homme des neiges.
C'est avec cette révélation de la véritable nature de l'abominable qu'est venue mon immense déception : le mobile sur lequel repose toute cette intrigue et qui explique la disparition de Lord Bromley est tout simplement grotesque. Et ce qui était un génial roman d'aventures devient d'un seul coup ridicule et totalement non crédible. J'aurais préféré que Dan Simmons se casse un peu moins la tête pour trouver une explication incroyable à la disparition de Lord Bromley et se contente d'une explication rationnelle en lien avec la fabuleuse beauté et la terrible hostilité naturelles de cette zone de survie et de mort qu'est le sommet de l'Everest. Quel dommage ! Pourquoi un romancier de grande valeur, capable de nous faire vivre l'ascension du terrible ressaut Hillary, s'est-il perdu dans une intrigue qui sonne si faux ?

Je vais me consoler avec Tintin au Tibet : là au moins, il y en a un vrai d'Abominable !

Challenge multi-défis 2022
Commenter  J’apprécie          151
J'avais adoré mon excursion dans le monde de Dan Simmons via Terreur ! Ce roman était précis, détaillé et retransmettait parfaitement la peur d'un équipage isolé dans une nature mortelle. Avec L'abominable, l'auteur propose une excursion pour le sommet de l'Everest. Une expédition pleine de dangers et impressionnante. Qu'en ai-je pensé ?

Dan Simmons explore l'alpinisme et l'escalade des années 20. On sent qu'il a fait beaucoup de recherches sur les techniques, le matériel utilisé à l'époque… L'auteur détaille beaucoup les éléments, ce qui peut être passionnant pour certains et ennuyeux pour d'autres. Pour ma part, j'ai trouvé cela très intéressant, notamment toute la préparation sur comment mener une expédition de cette ampleur. Il y a ainsi beaucoup d'informations sur les difficultés à s'attaquer aux hautes montagnes. Manque d'oxygène, basses températures, perte de chaleur, glaciers… et sur les innovations développées pour les contrer : nouveaux piolets, crampons, vêtements en duvet plutôt qu'en coton… La sensation de faire face à un défi quasiment inhumain, durant lequel la mort peut frapper à tout instant, est retranscrite le long du récit.

La montagne n'est pas le seul danger ! L'aventure prend place dans les années 20. Les souvenirs de la Grande Guerre hante encore les européens. L'Allemagne voit se développer des groupuscules politiques violents. Les tensions montent crescendo avec les autres pays, à un moins que c'est même visible entre les alpinistes eux-mêmes. Jean-Claude Clairoux, gui de Chamonix, refuse de poser les pieds en Allemagne. Les grimpeurs allemands et autrichiens montent peu avec les autres. Quant au décès qui ont eu lieu lors de l'ascension de l'Everest, ils semblent suspects et attirent l'attention.

L'histoire est racontée à la première personne. Jake Perry, jeune américain idéaliste, grimpe aux côtés du Diacre et de JC. Il tient un journal qui documente toute l'aventure. Dan Simmons rend très bien un style concis et simple, emprunt de la naïveté de la jeunesse, qui donne vraiment l'impression de connaître Jake Perry, grimpeur de 23 ans issu d'une famille connue mais désargentée de Boston. Il nous présente de nombreux autres personnages, comme Richard Deacon, dit le Diacre. Ancien poète au caractère ombrageux et leader de l'expédition, j'ai aimé l'aura énigmatique qui l'entourait. Jean-Claude est peut-être un peu en retrait, mais il brille par sa dévotion, son franc-parler et ses prouesses physiques. Dan Simmons ajoute également des personnages inattendus, comme Reggie ou Pasang, dont je ne parlerai pas plus avant pour ne pas spoiler.

Ils vivent tous une expérience unique. le style clair de Simmons permet de bien mettre en avant l'aventure dans la montagne. Dan Simmons choisit de décrire avec précision les difficultés, mais aussi les dangers, parfois de manière assez crue. La souffrance à cause du manque d'oxygène qui crée des hallucinations. Les amputations, nombreuses, de doigts (main comme pieds). Comment soigner les blessures à une telle hauteur ? Évidemment, l'auteur ne nous épargne pas le risque ou les décès. Il le rappelle par ailleurs à travers divers événements, mais la mort fait partie du quotidien des alpinistes. Je suis, moi-même, très peu tournée vers la prise de risque. du coup le comportement des personnages cherchant l'adrénaline dans les activités potentiellement mortelles me fascinent.

J'ai cependant été moins convaincue que par Terreur, qui malgré sa longueur avait un bon sens du rythme. Ici, j'ai trouvé que les événements traînaient en longueur. Ce qui est étonnant, c'est que que la sensation de longueur est venue vers la fin du roman. L'épilogue prend vraiment son temps et raconte beaucoup de choses qu ne sont pas vraiment captivantes. J'ai eu l'impression que Dan Simmons ne savait pas vraiment comment terminer son récit de manière convaincante.

C'est accentué par les événements à la fin qui ne sont pas convaincants. Dans un premier temps, le fantastique est très discret. Il y a quelques références au cours du récit mais il apparaît plus clairement tardivement dans le récit. Trop tardivement que ça apparaît presque comme un ajout superflu. Ensuite, la révélation finale, qui est presque uchronique, manque vraiment de finesse.

L'abominable est recherché ! le travail autour des techniques d'escalade et l'alpinisme des années 20 est remarquablement constitué. Dan Simmons a un sens du détail extraordinaire pour mettre en scène des histoires qui offrent une grande immersion. On apprend beaucoup de choses sur les risques physiques et psychologiques de la haute montagne. Et l'auteur n'épargne pas ses personnages. Entre un contexte historique compliqué et un risque mortel constant, Dan Simmons propose une galerie de personnalités variées, qui brillent par persévérance dans la difficulté et leur caractère unique. La fin du roman traîne cependant en longueur, ce qui n'est pas aidé par des choix scénaristiques douteux et un fantastique tellement discret qu'il semble accessoire et superflu. Cela reste une lecture captivante et remarquable par sa précision historique et technique.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
Commenter  J’apprécie          142




Lecteurs (780) Voir plus



Quiz Voir plus

Connaissez-vous les 7 pèlerins allant sur Hypérion ?

Comment s'appelle le poète ?

Martin Silenus
Lénar Hoyt
Sol Weintraub
Paul Duré

10 questions
16 lecteurs ont répondu
Thème : Le cycle d'Hypérion, tome 1 : Hypérion de Dan SimmonsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..