Je suis marié à Lise depuis onze ans. Je suis toujours amoureux d’elle comme au premier jour. Peut-être est-ce le fait de ne pas vivre constamment ensemble, peut-être est-ce également parce que je vis dangereusement et que cela exacerbe notre passion, je m’en fiche, j’adore son parfum, j’adore son corps, j’adore ses seins et cette façon qu’elle a de m’accueillir en elle… Je ne vais voir aucune prostituée et je n’ai aucune maîtresse, contrairement à mes nombreux frères d’armes pour lesquels nos longues périodes d’abstinence semblent impossibles à vivre. Moi, je me garde tout entier pour l’excitation de nos retrouvailles qui sont, malgré le temps qui passe, si intenses que je me sens parfois sur le point d’en pleurer.
Les Arts sont pour les oisifs, les Sciences me chagrinent… L’humanité cherche. L’humanité progresse. Une grande nouveauté sillonne ces campagnes, que les paysans appellent fusil. Des balles de plomb frappent le gibier avec une précision mortelle. Je pourrais être blessé.
Il y a toujours quelque chose de honteux chez l’homme qui fait appel à son argent pour se payer ce que la nature devrait lui octroyer tout naturellement.
L’amour me faisait peur, on est toujours effrayé par ce qu’on ne connaît pas.
Depuis que je suis né, j’ai toujours pensé qu’une malédiction me poursuivait. Enfant, j’étais malingre, pâlot, et bien que mon visage possédât d’immenses yeux transparents comme une rivière, l’adolescence fit de moi une figure spectrale, dégingandée, dont les filles se moquaient incessamment.
Est-ce à cause de cette nature ingrate que j’ai toujours cherché à plaire ?
Les animaux peuvent avoir autant de vice que les humains.
Amélie avait des difficultés à nouer des relations amicales avec ses semblables. Elle se trouvait trop ronde, trop petite, trop insipide. Elle compensait le vide chronique de sa vie en se réfugiant dans des livres qui lui permettaient d’imaginer des existences moins ordinaires que celle qui était justement la sienne. Son besoin d’affection se retrouvait dans sa passion pour les animaux, en particulier pour les chats, à qui elle vouait une admiration sans bornes. D’ailleurs, elle était tellement sensible à la détresse animale que jamais elle n’aurait pu passer à côté de l’un de ces félins en perdition sans songer à le secourir.
Elle n’avait pas envie de voir cet homme s’incruster dans son salon alors qu’elle attendait l’arrivée imminente de la police. Elle tenta de lui barrer le passage mais le représentant avait l’habitude de ces femmes qui s’interposent sans conviction. Le sourire toujours aussi large, il la repoussa fermement vers l’intérieur de la maison. Lina envisagea de crier. Puis elle aperçut le facteur qui, de loin, lui faisait un petit signe de la main. Elle décida que ce n’était pas le moment d’attirer l’attention. Mieux valait continuer à demeurer cette femme à la timidité maladive, celle qui était incapable de s’imposer, de donner un avis pertinent sur quoi que ce soit, même à son mari qu’elle connaissait pourtant bien, peut-être justement à son mari, qui avait été le pire de tous.
La ville était un leurre qui me ferrait. Je voulais voir de mes propres yeux, avec mon propre jugement, ce monde qui m’avait renié, ce monde qui m’avait marginalisé au point de m’enfermer hors de lui-même.
Je me forçai à travailler pour me changer les idées mais, bien entendu, je n’y parvins guère. Difficile de se concentrer sur un sujet médiatique lorsqu’on a le bas-ventre tout émoustillé !