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Critique de Flodopas78


Dans ce roman, Claude Simon explore la mémoire de notre passé à l'aune de deux évènements traumatiques : la guerre de 14-18 à travers la mort de son père le 27 mai 1914 et la débâcle française de mai 1940 vécue par l'auteur lui-même. Ici, pas de récit autobiographique à proprement dit. Dans ce texte, la mémoire individuelle se fond dans la mémoire collective. Les lieux et les personnages ne sont pas nommés. Les souvenirs de l'auteur sont le fil conducteur vers la grande Histoire à travers de longues phrases accumulant des descriptions précises et détaillées qui rendent parfois la lecture difficile et demande une concentration certaine. A l'opposé de la plupart des récits contemporains privilégiant phrases courtes et dialogues, Claude Simon entraîne son lecteur dans une épreuve d'intelligence et de poésie, déroutante pour le néophyte, mais réjouissante si l'on se laisse entraîner dans ce flot verbal où les quelques pauses (il y en a !) permettent au lecteur de reprendre son souffle.
Alternant les deux évènements matriciels qui se font écho et soulignent l'absurdité de la guerre où viennent se briser des vies sacrifiées, tels des bestiaux menés à l'abattoir, l'auteur fait mémoire d'un homme qui s'extirpa de sa condition de paysan grâce au sacrifice de ses deux soeurs, devint capitaine à force de pugnacité, propriétaire terrien par son mariage avec une riche héritière puis engendra un fils avant de venir mourir dans les terres labourées d'obus du nord de la France, ce même fils qui fut lui aussi propulser, vingt-six ans plus tard, dans le maelström meurtrier d'une autre guerre mondiale, comme cavalier, face aux tanks allemands. Et face aux délires guerriers, en scène d'ouverture, la quête obstinée et digne de trois femmes vêtues de noir, accompagnées d'un petit garçon, à la recherche du corps d'un officier tombé au champ d'honneur en mai 1914 alors que la pluie tombe sur un paysage dévasté de maisons en ruine et d'arbres déchiquetés.
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