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Citations sur Les sept nuits de la reine (28)

De tous les mystères que j'ai rencontrés sur terre, le corps est le plus grand. Rien qui ne soit plus menacé, plus soumis aux lois de la destruction, de l'entropie et de la déchéance. Rien qui ne soit plus à même de capter l'éternité, de se faire le détecteur du frôlement des dieux, de leurs allées et venues parmi les hommes.
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Qui sait encore que la vie est une petite musique presque imperceptible qui va casser, se lasser, cesser si on ne se penche plus vers elle ?
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Quand je reçus dans les bras ce fils qui venait de naître, j'eus une révélation qui m'électrisa. Moi qui jusqu'alors avais cru à l'existence des "bébés", je cessai sur-le-champ d'y croire.Cette minuscule créature que je contemplais les yeux écarquillés était une personne à part entière, crissante d'histoire et de mémoire et qui, de ses yeux couverts de pruine, fouillait l'opacité du jour à la rencontre de quelqu'un.
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Vous le savez tout comme moi : ce qui reste d'une existence, ce sont ces percées de présence sous l'enveloppe factice des biographies.
Je vous envoie le récit de sept nuits (sans omettre la nébuleuse des jours qu'elles éclairent).
Pourquoi sept nuits ?
Parce que Dieu a créé le monde en sept jours et l'a confié aux hommes, Il a donné aux femmes la garde des nuits. Il faut en comprendre la raison. Les nuits sont trop immenses, trop redoutables pour les hommes. Non, bien sûr, que les femmes soient plus courageuses ; elles sont seulement plus à même de bercer sans se poser de questions ce que la nuit leur donne à bercer : l'inconnaissable.
Nos longues conversations ont porté fruit.
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Ainsi, nous naissons déjà blessés. Frau Holle le savait. Débiteurs insolvables de créances non identifiées, nous ravivons d'anciens contentieux par notre naissance même.
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On peut guérir de son enfance comme d'une plaie.
Et elle ajoutait après un silence : "Mais il faut le vouloir."
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Le réflexe ancien qui consiste à vouloir attacher à notre sort les êtres qui nous émeuvent s'est mystérieusement dénoué.
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[…] Je me suis demandé quelle est cette force indécelable à l’œil et qui tient ensemble notre vie qui, d’une multitude atomisée d’instants, parvient à faire une unité. De quelle nature est-il cet invisible mortier ?
Je crois le savoir désormais… c’est la nuit, la face cachée aux regards.
Tout ce qui a constitué nos vies et continue de le faire, les formes et les contours du monde mani­festé, les espérances, les attentes, les séparations et les jubilations, tout trouve sa consistance ultime dans le formidable alambic de la nuit[…]

[…] Quand je demande à ceux que je rencontre de me parler d’eux-mêmes, je suis souvent attristée par la pauvreté de ma moisson.
On me répond : je suis médecin, je suis comptable…j’ajoute doucement… vous me comprenez mal : je ne veux pas savoir quel rôle vous est confié cette saison au théâtre mais qui vous êtes, ce qui vous habite, vous réjouit, vous saisit ?
Beaucoup persistent à ne pas me comprendre, habitués qu’ils sont à ne pas attribuer d’importance à la vie qui bouge doucement en eux[…]
[…] Qui sait encore que la vie est une petite musique presque imperceptible qui va casser, se lasser, cesser si on ne se penche pas vers elle ?
Les choses que nos contemporains semblent juger importantes déterminent l’exact périmètre de l’insignifiance : les actualités, les prix, les cours en Bourse, les modes, le bruit de la fureur, les vanités individuelles. Je ne veux savoir des êtres que je rencontre ni l’âge, ni le métier, ni la situa­tion familiale : j’ose prétendre que tout cela m’est clair à la seule manière dont ils ont ôté leur manteau. Ce que je veux savoir, c’est de quelle façon ils ont survécu au désespoir d’être séparés de l’Un par leur naissance, de quelle façon ils comblent le vide entre les grands rendez-vous de l’enfance, de la vieillesse et de la mort, et comment ils supportent de n’être pas tout sur cette terre.

Je ne veux pas les entendre parler de cette part convenue de la réalité, toujours la même, le petit monde interlope et maffieux : ce qu’une époque fait miroiter du ciel dans la flaque graisseuse de ses conventions!
Je veux savoir ce qu’ils perçoivent de l’immensité qui bruit autour d’eux.
Et j’ai souvent peur du refus féroce qui règne aujour­d’hui, à sortir du périmètre assigné, à honorer l’immensité du monde créé.
Mais ce dont j’ai plus peur encore, c’est de ne pas assez aimer, de ne pas assez contaminer de ma passion de vivre ceux que je rencontre.
Vous le savez tout comme moi : ce qui reste d’une existence, ce sont ces moments absents de tout curriculum vitae et qui vivent de leur vie propre ; ces percées de présence sous l’enveloppe factice des biographies

Une odeur

Un appel

Un regard

Et voilà les malles, les valises, les ballots solidement arrimés dans les soutes qui se mettent en mouvement, s’arrachent aux courroies et aux cordages et vont faire chavirer le navire de notre raison quotidienne !
Non qu’à ces moments-là nous devenions fous. Loin de là.
Un instant, à l’enfermement, à l’odeur confinée du fond de navire a succédé le vent du large.
L’illimité pour lequel nous sommes nés se révèle.
De même que les poumons lors du premier inspir se remplissent brusquement d’air et arrachent au nouveau-né un cri, les bannières de mémoire soudain lâchées dans le vent se déploient et claquent.
Le souvenir de sa royauté atteint l’esclave au fond des cales. La conscience passe en un instant de ce qu’on appelle pour un navire les ” oeuvres mortes “, confinées sous la ligne de flottaison, aux ” oeuvres vives” que baignent les embruns et la lumière.[…]

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