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Critique de kielosa


Cet ouvrage du couple fondateur des thrillers modernes scandinaves, je l'ai lu en 1973 en Néerlandais, comme les 9 autres de leurs livres à suspense autour de leur commissaire légendaire de Stockholm, Martin Beck. Après le décès de Per Wahlöö en 1975, Maj Sjöwall, née en 1935, a continué à écrire, mais hélas à un rythme plus lent et avec moins de succès.

En 2003, elle a publié avec l'auteur de livres à suspense néerlandais, Tomas Ross, un thriller qui m'a également bien plu "La femme qui ressemblait à Greta Garbo". C'était sûrement la raison de sa présence à la foire annuelle du livre à Anvers. le stand de son éditeur néerlandais se trouvait, malencontreusement, tout près de celui de notre gloire nationale, Pieter Aspe, aussi bien qu'à côté de la longue file qui attendait une dédicace de mon compatriote, elle avait l'air de se retrouver isolée sur une île abandonnée. J'étais scandalisé et gêné et je l'ai invité à aller boire un thé à la cafétéria. Elle est comme sur ses photos : une femme d'un certain âge à l'esprit vif et foncièrement aimable. Pas du tout la réserve et distance nordique. Grâce à Aspe, j'ai eu aussi ma dédicace : "For Jean-Pierre with kind regards, Maj Sjöwall - 1-11-2003" et un quart d'heure des plus mémorables souvenirs littéraires.

Personnellement, je suis absolument persuadé que ce soit grâce au duo Sjöwall et Wahlöö que la Scandinavie - Suède, Norvège, Danemark et Islande (car ce serait un péché d'oublier Arnaldur Indriđason) - est, à mon avis, au sommet de cette forme spécifique de littérature. Dans ma critique de "Deadline" de Liza Marklund, j'avais noté, pour rigoler, le 1er octobre 2017, que probablement dans ces pays au programme de l'enseignement secondaire figure, en exclusivité mondiale par ailleurs, des cours de "thrillerologie". Maintenant, je sais que ce monstrueux succès d'une rimbanbelle de jeunes talents est dû à l'académie Sjöwall-Wahlöö.

Tant qu'à faire, j'ai sélectionné le thriller de leur dizaine glorieuse qui m'a plu le plus et qui leur a valu également le prestigieux Prix Edgar-Allan-Poe américain en 1971. Pour l'équivalent russe, le Prix Lénine littéraire, il a fallu à notre Maj attendre un peu plus longtemps : 2013.

En 2011, une BD est sortie "Le policier qui rit" avec des dessins de Martin Viot chez l'éditeur Casterman. N'étant pas un inconditionnel de cette forme artistique, je dois dire que je ne l'ai pas (encore) lu.

Ce "Krimi" du couple est finalement le seul qui a été porté à l'écran. En l'occurrence par le réalisateur américain Stuart Rosenberg en 1973, avec un Walter Matthau qui est peu convaincant comme Martin Beck. le titre de la version cinématographique est : "Le flic ricanant".

Ce polar est le 4e de la série de Beck et son équipe à Stockholm et il n'a strictement rien perdu de l'actualité que nous connaissons. le duo, dans cette série, avait essayé de mettre en évidence tout ce qui n'allait pas dans leur pays, considéré partout cependant, notamment pour des motifs sociaux, comme un État exemplaire.
Cette collection a débuté avec "Roseanna" en 1965 et s'est terminée 10 ans après, avec " Les Terroristes ". En 1975, longtemps donc avant l'apparition de Daesh et d'autres groupes de fanatiques malades.

Dans ce récit, un bus à impériale est découvert en biais sur le trottoir d'une rue de la capitale suédoise avec à bord l'horreur : 9 morts, 7 hommes et 2 femmes flingués à la mitraillette, parmi lesquels le chauffeur de l'autobus, un citoyen algérien du nom de Mohammed Boussi et le jeune inspecteur de la brigade criminelle de Stockholm, Åke Stenström.

Neuf morts et comme indice exploitable : RIEN ! Strictement rien qui permette à Martin Beck et ses compagnons pourtant bien motivés, à cause de l'hécatombe épouvantable et la liquidation d'Åke, MM. Gunvald Larsson, Fredrik Melander, Einar Rönn et son fidèle coéquipier Lennart Kollberg, de commencer une enquête comme il faut. Chez les journalistes c'est pareil : rien, "ingenting, nothing, nada, niente, tipota, nichego, Nichts et niks", ce qui inquiète grandement le chef de police Hammar, qui craint la réaction d'une presse impatiente.

Notre Martin se demande ce que le timide inspecteur Stenström de même pas 30 ans d'âge faisait dans cette galère et si c'est lui qui a suscité les foudres du ciel ? La fiancée d'Åke, Åsa Torell, 24 ans et employée dans une agence de voyages, déclare que son amoureux était très occupé ce dernier temps... ce qui étonne nos inspecteurs puisqu'ils viennent de traverser une période exceptionnellement calme !

Bref, une histoire extraordinairement compliquée et au bout de 48 heures, le grand espoir disparaît lorsque la seule victime pas massacrée sur place, meurt à l'hôpital. le témoignage du survivant et unique témoin, Alfons Schwerin, est court et rajoute plutôt au mystère. En réponse aux questions de l'inspecteur Rönn avant de trépasser tout à coup la bouche pleine de sang, il a laissé sur le magnéto : "Qui a tiré ?" "Dnrk." "À quoi ressemblait-il ?" "Samalson." Des réponses qui n'offrent proprement aucun clou à Beck et compagnie.

Je n'en dirai pas plus. À vous de passer quelques excellentes heures avec ce thriller historique, que j'ai relu au bout de 46 ans avec le même enthousiasme. Eh non, l'oeuvre de Maj Sjöwall et Per Wahlöö n'a pas vieilli du tout et ce serait foncièrement injuste que leur nom vînt à disparaître.
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