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Cet ouvrage du couple fondateur des thrillers modernes scandinaves, je l'ai lu en 1973 en Néerlandais, comme les 9 autres de leurs livres à suspense autour de leur commissaire légendaire de Stockholm, Martin Beck. Après le décès de Per Wahlöö en 1975, Maj Sjöwall, née en 1935, a continué à écrire, mais hélas à un rythme plus lent et avec moins de succès.

En 2003, elle a publié avec l'auteur de livres à suspense néerlandais, Tomas Ross, un thriller qui m'a également bien plu "La femme qui ressemblait à Greta Garbo". C'était sûrement la raison de sa présence à la foire annuelle du livre à Anvers. le stand de son éditeur néerlandais se trouvait, malencontreusement, tout près de celui de notre gloire nationale, Pieter Aspe, aussi bien qu'à côté de la longue file qui attendait une dédicace de mon compatriote, elle avait l'air de se retrouver isolée sur une île abandonnée. J'étais scandalisé et gêné et je l'ai invité à aller boire un thé à la cafétéria. Elle est comme sur ses photos : une femme d'un certain âge à l'esprit vif et foncièrement aimable. Pas du tout la réserve et distance nordique. Grâce à Aspe, j'ai eu aussi ma dédicace : "For Jean-Pierre with kind regards, Maj Sjöwall - 1-11-2003" et un quart d'heure des plus mémorables souvenirs littéraires.

Personnellement, je suis absolument persuadé que ce soit grâce au duo Sjöwall et Wahlöö que la Scandinavie - Suède, Norvège, Danemark et Islande (car ce serait un péché d'oublier Arnaldur Indriđason) - est, à mon avis, au sommet de cette forme spécifique de littérature. Dans ma critique de "Deadline" de Liza Marklund, j'avais noté, pour rigoler, le 1er octobre 2017, que probablement dans ces pays au programme de l'enseignement secondaire figure, en exclusivité mondiale par ailleurs, des cours de "thrillerologie". Maintenant, je sais que ce monstrueux succès d'une rimbanbelle de jeunes talents est dû à l'académie Sjöwall-Wahlöö.

Tant qu'à faire, j'ai sélectionné le thriller de leur dizaine glorieuse qui m'a plu le plus et qui leur a valu également le prestigieux Prix Edgar-Allan-Poe américain en 1971. Pour l'équivalent russe, le Prix Lénine littéraire, il a fallu à notre Maj attendre un peu plus longtemps : 2013.

En 2011, une BD est sortie "Le policier qui rit" avec des dessins de Martin Viot chez l'éditeur Casterman. N'étant pas un inconditionnel de cette forme artistique, je dois dire que je ne l'ai pas (encore) lu.

Ce "Krimi" du couple est finalement le seul qui a été porté à l'écran. En l'occurrence par le réalisateur américain Stuart Rosenberg en 1973, avec un Walter Matthau qui est peu convaincant comme Martin Beck. le titre de la version cinématographique est : "Le flic ricanant".

Ce polar est le 4e de la série de Beck et son équipe à Stockholm et il n'a strictement rien perdu de l'actualité que nous connaissons. le duo, dans cette série, avait essayé de mettre en évidence tout ce qui n'allait pas dans leur pays, considéré partout cependant, notamment pour des motifs sociaux, comme un État exemplaire.
Cette collection a débuté avec "Roseanna" en 1965 et s'est terminée 10 ans après, avec " Les Terroristes ". En 1975, longtemps donc avant l'apparition de Daesh et d'autres groupes de fanatiques malades.

Dans ce récit, un bus à impériale est découvert en biais sur le trottoir d'une rue de la capitale suédoise avec à bord l'horreur : 9 morts, 7 hommes et 2 femmes flingués à la mitraillette, parmi lesquels le chauffeur de l'autobus, un citoyen algérien du nom de Mohammed Boussi et le jeune inspecteur de la brigade criminelle de Stockholm, Åke Stenström.

Neuf morts et comme indice exploitable : RIEN ! Strictement rien qui permette à Martin Beck et ses compagnons pourtant bien motivés, à cause de l'hécatombe épouvantable et la liquidation d'Åke, MM. Gunvald Larsson, Fredrik Melander, Einar Rönn et son fidèle coéquipier Lennart Kollberg, de commencer une enquête comme il faut. Chez les journalistes c'est pareil : rien, "ingenting, nothing, nada, niente, tipota, nichego, Nichts et niks", ce qui inquiète grandement le chef de police Hammar, qui craint la réaction d'une presse impatiente.

Notre Martin se demande ce que le timide inspecteur Stenström de même pas 30 ans d'âge faisait dans cette galère et si c'est lui qui a suscité les foudres du ciel ? La fiancée d'Åke, Åsa Torell, 24 ans et employée dans une agence de voyages, déclare que son amoureux était très occupé ce dernier temps... ce qui étonne nos inspecteurs puisqu'ils viennent de traverser une période exceptionnellement calme !

Bref, une histoire extraordinairement compliquée et au bout de 48 heures, le grand espoir disparaît lorsque la seule victime pas massacrée sur place, meurt à l'hôpital. le témoignage du survivant et unique témoin, Alfons Schwerin, est court et rajoute plutôt au mystère. En réponse aux questions de l'inspecteur Rönn avant de trépasser tout à coup la bouche pleine de sang, il a laissé sur le magnéto : "Qui a tiré ?" "Dnrk." "À quoi ressemblait-il ?" "Samalson." Des réponses qui n'offrent proprement aucun clou à Beck et compagnie.

Je n'en dirai pas plus. À vous de passer quelques excellentes heures avec ce thriller historique, que j'ai relu au bout de 46 ans avec le même enthousiasme. Eh non, l'oeuvre de Maj Sjöwall et Per Wahlöö n'a pas vieilli du tout et ce serait foncièrement injuste que leur nom vînt à disparaître.
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Quatrième d'une série de dix thrillers policiers de M. Sjöwall & P. Wahlöö dont le commissaire Martin Beck est le personnage principal. Le policier qui rit bénéficie de deux préfaces, la première de Jonathan Franzen et la seconde du couple Sean et Nicci French. Je déconseille fortement de lire cette dernière avant le roman car elle dévoile trop de détails ; dès les premières phrases, j'ai décidé de lire cette préface quand j'aurais terminé le livre et je ne peux que m'en féliciter.
Par une soirée de novembre pluvieuse à Stockholm, Martin Beck peu soucieux de rentrer chez lui auprès d'une épouse avec laquelle les échanges sont devenus très froids, joue aux échecs chez son collègue et ami Kollberg. Cette même nuit, les passagers d'un autobus à impériale sont massacrés au fusil mitrailleur, parmi les victimes un jeune flic de la criminelle sous les ordres de Beck. Que faisait Åke Stenström dans ce
bus ? Qui était visé en particulier ? Aucun indice, l'enquête s'avère difficile mais rien d'impossible pour Martin Beck et ses équipiers.
Dans cette série qui couvre les années 1965 et 1975 M. Sjöwall & P. Wahlöö sont une source de renseignements sur la société suédoise de cette époque.

Challenge Atout prix 2016-2017 – Prix Edgar Allan Poe – Meilleur roman - 1971
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Voici un classique du genre, réédité plusieurs fois depuis que ces célèbres auteurs suédois l'ont écrit en 1968. Il est le quatrième roman mettant en scène l'inspecteur Martin Beck et son équipe. La série, qu'ils nommeront Roman d'un crime, en compte dix, publiés entre 1965 et 1975. Les éditions Rivages/noir ont repris tous ces titres entre 2008 et 2020 dans une traduction corrigée. Lui, Per Wahlöö vient du journalisme, elle, Maj Sjöwall, de l'édition. Ils forment un couple à l'écriture et à la ville, l'un des couples les plus célèbres du roman policier mondial. Ils ont inspiré de nombreux auteurs de polar suédois et par extension scandinaves, qui sont légions maintenant, ce qui n'était pas du tout le cas avant eux, le genre étant auparavant dominé par le roman noir américain.

Un autobus rouge à impériale en travers du trottoir. Les policiers découvrent un véritable carnage. le chauffeur et les huit passagers ont été abattus à la mitraillette. Acte d'un déséquilibré ou d'un terroriste ? Un policier se trouve au nombre des victimes, Åke Stenström. Est-ce une simple coïncidence ? Chacune des victimes va être étudiée à la loupe par l'équipe de Martin Beck, un travail colossal très bien décrit ici, avant que n'émerge une piste. Côté enquêteurs tous sont plutôt communs, pas du tout des héros beaux et intrépides. Leur force principale résulte du collectif, là aussi une belle leçon !

Les auteurs ont l'art de créer une atmosphère et à la fois d'enraciner le récit dans l'histoire : le premier chapitre présente les deux enquêteurs Berg et Kollberg occupés à jouer aux échecs – Berg est un bon policier mais lamentable à ce jeu – alors que se déroule à Stockholm une manifestation contre la guerre du Vietnam, violemment réprimée par la police. le bus n'apparaît qu'ensuite... Pluie, obscurité participent au mystère, augmentent les émotions ressenties.

Le chapitre 21 est le chapitre qui m'a le plus marqué, un chapitre clé dans l'évolution de l'enquête. L'associé principal de Martin Beck, Lennart Kollberg se rend au domicile de Åsa Torell, la petite amie du policier assassiné dans le bus. Kollberg est un policier aguerri mais incapable au départ d'affronter la détresse de la jeune femme qui, nerfs à vif, tourne dans la pièce comme un animal en cage, enfermée dans la douleur de la perte de l'être aimé. C'est parfaitement écrit avec toute la psychologie et l'émotion possibles. Lui, calme au début, elle, nerveuse jusqu'à ce que tout bascule à un moment de l'échange. La confiance s'installe doucement et des confidences intimes précieuses pour trouver l'auteur des faits émergent enfin. Un chapitre que j'ai relu après coup car il est un récit en lui-même, à la construction complexe, parfaite !

Classique ne veut pas dire vieillot, loin de là. On est réellement au côté des enquêteurs qui progressent pas à pas dans un suspens bien présent. C'est du solide et les pièces du puzzle s'ajustent parfaitement dans les dernières pages. J'ai vraiment été surpris par la modernité de ce polar écrit il y a un demi-siècle !

L'engagement social des auteurs fait partie de l'oeuvre, lui donne une vérité. On est en 1968, le contexte historique est très riche. La Suède fait office de modèle dans un système social plutôt jalousé ailleurs. le pays n'a pas connu la guerre sur son territoire et est assez prospère. Mais tout commence à se fissurer. La contestation mondiale et des attentes nouvelles sont là, des foules importantes manifestent contre la guerre du Vietnam... La grande force des auteurs est de s'attacher à ce fond social sans que cela nuise à la grande richesse de l'intrigue. le titre le policier qui rit alors que l'ensemble est très sombre, traduit bien les contrastes de ton utilisés, le tout subtilement allégé d'humour et d'une douce ironie.

Maj Sjöwall & Per Wahlöö ont ouvert une nouvelle voie dans le genre. Par la suite Henning Mankell (mettant en scène l'inspecteur Kurt Wallander), Gunnar Staalesen (et son inspecteur Varg Veum) et bien d'autres, prolongeront l'oeuvre de ces précurseurs en développant une réflexion sociologique habilement mêlée au texte. La notoriété du polar scandinave va alors connaître un succès formidable dans le monde entier. Curieusement le policier qui rit est le dernier des dix tomes du Roman d'un crime à être réédité par Rivages/noir alors qu'il est considéré comme un des plus réussi de la série. En tout cas il m'a fortement impressionné et je compte bien reprendre un Sjöwall et Wahlöö très rapidement. Peut-être avec le premier tome dont le titre est Roseanna, voire avec la BD tirée du roman le policier qui rit, réalisée par Martin Viot et Roger Seiter.

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Vous pouvez retrouver cette chronique sur Bibliofeel avec ses illustrations : photo des auteurs dans une composition personnelle.

Lien : https://clesbibliofeel.blog
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Je vais renchérir sur la critique de latina concernant la dernière masse critique Mauvais genres de Babelio : j'avais coché trois livres, et j'ai reçu celui que je voulais le moins, et même que je ne voulais plus du tout depuis que j'avais découvert qu'il 'était dans les collections de la bibliothèque municipale (ah ben oui, il aurait fallu que je vérifie ça avant de cocher bêtement tout et n'importe quoi, je suis bien d'accord avec vous). Donc, au départ, déception. Mais la suite de mon expérience s'est révélée plus enthousiasmante que celle de latina (ça lui apprendra à ne pas être assez sélective, et toc).


Parce que finalement, le Policier qui rit, c'était tout à fait ce qu'il me fallait au bon moment. Bien entendu, l'histoire n'est pas d'une gaieté folle, mais c'était pour moi une lecture reposante, avec laquelle j'ai pris mon temps, ce qui s'adaptait par conséquent parfaitement au rythme du roman. Il se trouve par ailleurs que c'est ma quatrième enquête de Martin Beck. J'avais un très bon souvenir de Roseanna, d'une veine assez glauque, mais L'Homme au balcon (avec une intrigue glauque également) et La Chambre close m'avaient moins convaincue.


Ici, l'enquête se concentre sur un crime de masse : neuf personnes tuées dans un bus de nuit, avec probablement une arme de type mitraillette. Et parmi ces neuf personnes, un collègue de Martin Beck et de son équipe de la police criminelle. Pas d'indices, pas de témoignages, pas de pistes. Une enquête qui démarre mal, qui n'avance pas, qui se traîne.... Et qui est plus représentative des enquêtes de la police suédoise des années soixante ou de la police française d'aujourd'hui que dans bien des romans policiers. Et c'est tout l'intérêt du roman que de mettre en scène des policiers ordinaires (quoique bon, on en a quand même un doté d'une mémoire eidétique, ce qui est bien pratique), plus ou moins sympathiques selon les cas, plus ou moins doués. Qui travaillent en équipe avec plus ou moins de bonne volonté. Une équipe où chacun finit par se focaliser sur tel ou tel détail jusqu'à l'obsession, chacun de son côté.


Voilà ce qui fait tout le sel du roman de Maj Sjöwall et Per Walhlöö : une enquête pas très ordinaire étant donné le crime commis, et pourtant ordinaire par la façon dont elle est menée. On est bizarrement assez loin de la façon dont a évolué le roman policier scandinave, qui a beaucoup influencé les séries télé policières scandinaves (que généralement j'aime bien, par ailleurs) - séries qui nous balancent parfois, voire souvent, un twist à la fin de chaque épisode de chaque saison... Ce qu'on retrouve des deux côtés, en revanche, c'est l'atmosphère grisâtre, tristounette, qui est la marque de toute oeuvre policière nordique qui se respecte, et que les habitués aiment à retrouver.


Ajoutons que, contrairement à d'autres romans des deux auteurs, celui-ci est marqué par pas mal d'humour, qui se fait moins présent au fur et à mesure que l'enquête se précise et prend un certain tournant. Un bon policier, donc, qui n'a pas vieilli, et qui se lit tout seul.


Juste un truc qui me titille carrément : pourquoi a-t-on traduit ce roman à partir de la version en anglais, et non de la version originale suédoise ???



Masse critique Mauvais genres
Lien : https://musardises-en-depit-..
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En cette fin d'année 67, Stockholm est secoué par des manifestations contre la guerre du Vietnam. C'est dans cette ambiance qu'un soir, un bus est pris d'assaut par un ou plusieurs tueurs qui éliminent les neuf passagers dont le chauffeur, au fusil mitrailleur. La consternation est grande, un massacre de masse d'une telle ampleur ne s'était jamais produit en Suède. L'enquête s'avère difficile, certains des passagers ne sont pas identifiables mais ce n'est pas le cas de Ake Senstrom, jeune flic, collègue de Martin Beck qui fait partie des victimes...Que faisait-il dans ce bus, au côté d'une jeune infirmière ?, était-elle sa maîtresse ?, enquêtait-il sur une affaire en sous marin ?

Une quatrième enquête difficile, en considération de l'horreur et de l'onde de choc que produit ce massacre dans la société suédoise et de l'absence d'indices. Peu de pistes, Martin Beck et son équipe s'orientent d'abord vers l'identification des victimes et fouillent dans le passé mais les progrès sont lents...
De nouveau une plongée dans la société suédoise, presque en temps réel où l'on progresse à petit pas et le passé de certains passagers - prétexte à présenter la diversité de cette société - va peut-être donner un coup de pouce à l'enquête, c'est de toute façon la seule alternative pour Beck.
Le policier qui rit est de nouveau un plaisir de lecture, une enquête où le paramètre temps est toujours important, de même que l'absence d'outils technologiques qui nous renvoient aux vieux téléphones à cadran, aux fiches papiers, au papier carbone et qui laisse une grande place à la réflexion dans une Suède apparemment tranquille mais qui est devenu le terreau d'un meurtre de masse.
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En dehors du colossal éclat de rire final, pour les policiers chargés de l'enquête de cette ténébreuse affaire, il n'y a franchement pas de quoi s'esclaffer !
Déjà qu'il fait un temps pourri ! Stockholm sous la pluie froide de novembre 1967, en pleine guerre du Viet-Nam, avec une manifestation devant l'Ambassade américaine, cela n'a franchement rien d'attrayant. Et c'est au moment où la manifestation est enfin dispersée qu'un horrible attentat à la mitraillette se produit, tuant 8 personnes et blessant grièvement la 9ème dans un bus qui terminait sa tournée.
Parmi les victimes un inspecteur, collègue et ami des membres de la police criminelle. Neuf victimes sans lien apparent entre elles et aucun indice !
autant dire un véritable casse-tête sur lequel vont s'acharner tous les membres de la police de Stockholm.

Maj Sjöwall et Per Wahlöö vont entraîner le lecteur dans une implacable quête de la vérité. Un travail de fourmi, remarquablement détaillé par les deux auteurs qui vont "ausculter" les neufs victimes, étudier leur passé, leur mode de vie et du coup brosser un panorama édifiant de la société suédoise de l'époque, ce qu'ils font avec un regard lucide et impitoyable, fouillant dans les bas-fonds de la crapulerie et de la misère sociale.

Et c'est absolument passionnant.
Vous ne trouverez ici aucune violence gratuite, aucune scène sanglante, pas de super-flic doté de super-pouvoirs mais des enquêteurs besogneux, las aussi bien physiquement que moralement, battant le pavé dans une ville rendue sinistre par la pluie et les frimas de novembre, usant leur énergie dans des tâches fastidieuses et pas toujours constructives.

Vous suivrez pas à pas avec un intérêt grandissant les menues avancées ainsi que les échecs de ces hommes qui tous mobilisent leurs efforts pour comprendre le rôle de leur camarade Äke Stenström dans cette tuerie, jusqu'à ce que, grâce à leur enquête minutieuse, les fils conducteurs apparaissent peu à peu et se rejoignent pour mener à la vérité.

C'est écrit dans les années 60 et cela pourrait aussi bien l'être aujourd'hui tant les thèmes abordés sont toujours d'une brûlante actualité et exposés avec infiniment de talent.

Ouvrage reçu lors de la dernière Masse Critique, pour lequel je remercie Babelio et Rivages/Noir.
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Ce livre est mon premier gros coup de coeur du mois de février. N'étaient mes obligations professionnelles, je l'aurai lu d'une traite, tant il est passionnant. Sjöwall et Wahlöö réussissent le tour de force de construire un suspens haletant avec une enquête de longue haleine, quasiment racontée en temps réel.
Leurs romans commencent souvent de la même manière : un chapitre narre un événement, une enquête qui semblent ne rien avoir en commun avec le reste du livre. Illusion, car les auteurs ne laissent rien au hasard. La Suède n'est plus un pays tranquille car le premier tueur en série vient de faire irruption de manière incompréhensible. Ce crime n'ayant pas de précédent dans le pays (à moins de remontrer très loin en arrière), les policiers doivent chercher des précédents aux Etats-Unis. Ce n'est pas la première fois qu'une collaboration avec l'Amérique a lieu - voir Roseanna, évoqué par ailleurs dans le cours du récit - mais ce ne sera pas la collaboration la plus enrichissante.
Nous suivons pas à pas les enquêteurs - et je constate que la police suédoise ne comporte pas que des éléments d'élite, mais aussi des hippopotames diplômés. Nous les suivons y compris quand ils ne trouvent rien ou qu'ils se retrouvent dans une impasse. Nous découvrons tout, y compris les moments les plus délicats, comme l'identification du corps mutilé d'un collègue ou l'interrogation des proches d'une victime. Jamais de voyeurisme, jamais d'étalage de violence, l'aspect humain est toujours privilégié, au plus près du ressenti des personnages.
Bien sûr, nous rencontrons des gens ordinaires au cours de cette enquête. Nous découvrons aussi la prostitution ordinaire et les conditions de vie sordide des travailleurs immigrés. Je l'ai déjà dit dans mes précédents billets sur les romans de ces deux auteurs : rien ne semble avoir changé depuis cette époque. Nous découvrons aussi des policiers soucieux de résoudre leur enquête, d'autres avide de faire leur preuve, quitte à la jouer en solo. Ce n'est pas sans risque.
Je n'ai pas parlé de la vie privée des principaux protagonistes parce qu'elle porte bien son nom : ils en sont privés à cause de la densité de l'enquête.
Lien : http://le.blog.de.sharon.ove..
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Fusillade à Oslo ! Un bus est retrouvé immobilisé sur un trottoir avec à son bord 9 victimes, le chauffeur et 8 passagers dont un seul est encore vivant. Martin Beck et son équipe sont chargés de mener l'enquête sur ces meurtres inhabituels dans ce royaume de la social-démocratie, réputé pour son bien-être et sa sécurité (il faudra attendre dix ans de plus pour qu'un premier ministre suédois se fasse assassiner en pleine rue alors qu'il se promenait sans garde du corps, seul, tranquillement). Si la présence de nombreuses victimes dans ce bus est évidente (un trajet entre le travail et l'habitation), celle de Äke Stenström, un adjoint de Beck, et celles de deux autres personnes interrogent. Les policiers essaient de comprendre leur présence dans le bus. Il faut dire qu'ils n'ont que cela à se mettre sous la dent : pas de témoins, pas d'indice, le noir complet. Et le policier décédé semblait très occupé des derniers temps alors que la police d'Oslo connaissait une période de calme.
Contrairement à de nombreux romans policiers, les enquêtes de Sjöwall et Wahlöö avancent à petits pas. Les personnages sont des policiers ordinaires qui font leur travail avec la rigueur et la précision nécessaires mais sans coups d'éclat, avec leurs doutes, et parfois même leurs erreurs. Cela peut être rédhibitoire pour certains lecteurs mais permet aux auteurs de révéler, à travers ces enquêtes, une société avec ses failles, ses travers (le roman commence par une manifestation contre la guerre d'une Vietnam violemment réprimée par la police), loin du paradis suédois qui était décrit à cette époque (années 60 et 70). L'énigme policière n'ayant finalement qu'un rôle secondaire, laissant la place à la découverte d'un pays, d'une époque, au même titre que les romans du néo polar français. À noter que cet épisode comporte, au début du moins, quelques notes d'humour plutôt inhabituelles chez ces auteurs.
Cette série appelée Roman d'un crime est vraiment indispensable pour découvrir les origines du polar scandinave.
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Maj Sjôwall (1935-2020) et Per Wahlôô (1926-1975) vous connaissez ? Ils ont formé l'un des couples les plus célèbres du roman policier mondial
Comme le disait Maj Sjôwall au journal le matin un jour de mars 1987
« Quand Per et moi nous nous sommes rencontrés, il avait déjà écrit trois romans politiques, non policiers, qui ne s'étaient pas très bien vendus. J'étais intéressée par la criminologie, et Per avait été reporter criminel. On a commencé à discuter des romans policiers qui, dans ces années-là, en Suède, étaient très bourgeois et anglo-saxons, et on a imaginé un roman policier social qui montrerait comment la police travaillait réellement."
. Leurs enquêtes à la tonalité sociale et politique ont influencé bon nombre d'auteurs de l'école Scandinave contemporaine.

Aujourd'hui je vous propose de redécouvrir avec moi « le Policier qui rit » C'est le tout premier Sjôwall et Wahlôô que j'ai lu il y a bien longtemps et que je relis aujourd'hui avec un plaisir renouvelé tout aussi grand si ce n'est plus. Ce polar a été réédité à nouveau il y a tout juste un an et surtout il bénéficie d'une nouvelle traduction.
Mais alors que nous raconte « le policier qui rit » :
Par une soirée pluvieuse de novembre 1968, alors que la police de Stockholm est occupée par une manifestation pacifiste, les passagers d'un autobus sont massacrés au fusil mitrailleur. Derrière la façade des apparences, les réalités sordides émergent au fil de l'enquête de l'inspecteur Martin Beck. Il tente de comprendre la raison de la présence d'Ake Senström, l'un de ses adjoints, dans le bus.
On est là dans un roman policier procédural.
On aime cette intrigue très habilement concoctée et qui ne livre que lentement ses secrets, On est séduit ou bien irrité, on peut aussi être passionné par les lenteurs et la lourdeur d'une enquête réaliste mené par l'inspecteur Martin Beck avec ses maux d'estomac, son mariage raté, son obstination têtu. Pourtant si vous ne connaissez pas encore Beck, il vous sera bientôt aussi cher qu'un Harry Hole ou un Kurt Wallander‎ ou encore Erlendur Sveinsson et même qu'un Rebus ou un Harry Bosch . Car L'inspecteur Beck et son équipe poursuivent autant le mystère que le rétablissement d'un ordre bousculé. Même si Martin Beck est peut-être plus proche d'un Jules Maigret ou d'un Montalbano ou un Pepe Carvalo quoique ces trois là sont plus portés sur la bouffe que notre flic suédois.
Cette oeuvre a été influencée, on le sait par Ed Mcbain et son 87e District. Mais la série « Roman d'un crime » de Maj Sjöwall & Per Wahlöö a un coté plus social et surtout plus politique même si j'en conviens, les livres du 87e District forment un vaste panorama des mutations de la société américaine.
Dans une Suède glauque et bien éloignée des clichés habituels sur ce "paradis", un inspecteur méticuleux, besogneux, acharné, dénoue les fils compliqués d'enquêtes impossibles sur des meurtres aussi ignobles qu'incompréhensibles : étudiante américaine violée et étranglée « Roseanna », petites filles assassinées « l'Homme au balcon », passagers d'un autobus de Stockholm tous abattus au pistolet mitrailleur comme ici dans « le Policier qui rit »
Je ne crois pas que « le policier qui rit » soit le premier polar de série de dix romans mettant en scène l'enquêteur Martin Beck et son équipe, je crois même que c'est le quatrième mais comme je vous le disais c'est celui qui m'a fait découvrir au milieu des année 80 ce couple d'auteurs incroyable et il garde pour moi une saveur incomparable. Alors, laissez-vous emporter par ce roman envoûtant, cette critique au vitriol d'un pays qu'on nous a souvent présenté comme un modèle social.
Pour moi ce polar est un énorme coup de coeur pire c'est un chef d'oeuvre du genre.

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C'est la première fois que je lisais ce couple d'auteurs. « le Policier qui rit » a été écrit en 1968 et a été publié pour la première fois en France en 1970 sous le titre « le massacre de l'autobus ». C'est le quatrième livre de la série.
Tout commence avec le mitraillage des passagers d'un bus à impériale de Stockholm, tuant huit personnes et en blessant grièvement une neuvième. Des passagers qui, a priori, n'ont rien à voir les uns avec les autres. Pas de témoins, pas d'indices et plus surprenant, parmi les victimes, l'inspecteur Ake Senstrom, jeune collaborateur de Martin Beck. Ce dernier avec son équipe d'enquêteurs va tout d'abord s'intéresser au passé des victimes, cela permet au lecteur de découvrir un certain échantillon de la société suédoise mais aussi le fonctionnement du commissariat et l'avancée pas à pas de l'enquête. L'intrigue est fort bien construite, des pistes nombreuses à explorer.
[...]
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