J'aime que tu ne dises rien, que tu sois comme absente,
Tu m'entends de très loin, ma voix ne t'atteint pas,
On dirait que tes yeux viennent de s'envoler,
On dirait qu'un baiser t'a refermé la bouche.
(Pablo Neruda)
Ici les types de ma classe ne savent pas ce que c'est un pays pauvre, ce qui s'appelle pauvre.
Ils n'ont jamais vu de maisons faites avec du carton et des boîtes de conserve.
Ils ne veulent pas me croire quand je leur dis qu'elles s'écroulaient quand il y avait trop de vent ou de pluie.
On a beau vouloir arrêter le temps, les heures vous filent entre les doigts.
M. Berger nous a fait discuter sur une oeuvre de Brecht que la classe était allée voir la semaine d'avant et qui s'appelle "l'Exception de la Règle".
Moi, je l'avais trouvée formidable parce qu'on y voit que les riches achètent les juges et que la justice est pas du tout impartiale. ça m'intéresse parce que là-bas, au Chili, les juges condamnent les gens pauvres pour un oui, pour un non, tandis que les riches ils peuvent même tuer en toute tranquillité.
Là-bas, au Chili, les juges sont de vrais pantins.
En France, je ne sais pas.
A Santiago, les nuits sont courtes et il y a cent fois plus de soleil qu'à Paris et mille fois plus d'oiseaux, et puis il y a aussi une chaîne de montagne très belle à l'horizon, la Cordillère, qui a toujours de la neige au sommet.
Il y a aussi beaucoup d'insectes, des chiens en vadrouille et des mouches.
Ici, à Paris, il n'y a pratiquement pas de mouches, ça doit être à cause de l'hygiène.
Moi, je suis le meilleur preneur de soleil du monde. Sans doute parce qu'ici, je suis tout le temps mort de froid. Mais même avant, au Chili, on m'avait surnommé "le Lézard". Le soleil et moi, copain copain. (p.11-12)
Parfois je ne crois plus en Dieu parce que je vois que dans le monde les gens ont bien du mal à être heureux et si Dieu qui a pu faire le monde comme il voulait ne l'a pas fait heureux c'est que ou bien il n'est pas aussi puissant qu'on le dit, ou bien même il n'existe pas. (p.61)
Il y a eu une époque où j'étais l'enfant le plus triste de Paris. (p.23)
Chez moi, on est tous pour les Verts et tous antifascistes. (p.9)