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Critique de fanfan50


Une écriture magnifique qui se déroule sans heurts et nous entoure de ses mots envoûtants comme le parfum du « mesk el arabi ». On peut dire que j'ai adoré. Y compris quelques allusions à Meknès, une ville où j'ai vécu des années heureuses au moment de la décolonisation et de la reprise en main du pays par ses habitants. Il est vrai que j'étais adolescente et quoiqu'on ait été assez parqués dans deux immeubles à la sortie de la ville, route de Fès, j'allais quand même à l'école en vélo mais le reste du temps, j'étais dans ma chambre à étudier. Pas question de sortir seule dans le centre ville – mes parents m'ont toujours accompagnée chez des amies françaises bien sûr car si mes camarades de classe étaient aussi marocaines et juives dans le Lycée Paul Valéry en dehors de l'école, je n'avais pas tissé de liens d'amitié avec. Dommage sans doute mais je me suis rattrapée en France où venue faire des études supérieures, j'ai fréquenté des étudiants de tous les pays et retrouvé quelques marocaines avec qui j'avais étudié à Meknès. La France est un petit pays dirons-nous.
Lire Leïla Slimani, c'est me replonger dans cette ambiance mais de l'autre côté du miroir si l'on peut dire. En fait, sa mélancolie est la mienne. Si elle est apatride, je le suis aussi. Et j'aime voir si bien décrites mes propres émotions, mes sensations de rejet quand je suis arrivée en France en ayant passé toute mon enfance et mon adolescence ailleurs.
J'aimerais lire le livre de la sociologue marocaine Fatima Mernissi : Rêves de femmes qu'elle consacre à son enfance, dans un harem de la médina de Fès. Leïla Slimani l'a cité mais ne s'est pas appesanti. L'écrivain turc Ahmet Altan m'intéresse aussi. Lui qui écrivait dans une lettre envoyée au journal le Monde en septembre 2017 quelques jours avant son procès : « Je ne suis pas en prison. Je suis écrivain ». Dommage qu'il y ait tant d'atteinte à la liberté de la presse et de l'écriture dans de nombreux pays.
Sinon Leïla Slimani a cité Virginia Woolf et je trouve aussi qu'elle a vraiment « compris à quel point la condition des femmes les contraignait à vivre dans une tension constante entre le dedans et le dehors ». J'ai essayé de lire tous ses ouvrages et celui que je relis le plus fréquemment, c'est Une chambre à soi.
En tout cas, ce petit exercice littéraire auquel cette auteure s'est pliée avec grâce est un pur moment de bonheur. Je recommande cette lecture à qui veut de la légèreté, de la beauté, et aussi un peu d'élévation d'esprit car elle a convoqué beaucoup de bons écrivains pendant sa splendide nuit au Musée de Venise.
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