J'ai d'autres problèmes, et ça, Mme Beaulieu et M. Théophile ne le savent pas. Ils n'imaginent pas ma vie en dehors des murs en carton de leur classe.
Près du feu, je lisais et c'était tellement facile de lire.
Il y a tant de silence dans les livres et dans le feu.
il préfère détruire Mme beaulieu,parce que c'est une femme,qu'elle n'a même pas vingt-cinq ans,qu'elle est toute petite et qu'elle ne ressemble pas à une commissaire de la télé.
En ,voyant les pneus crevés,M.théophile a hurlé "bande de salauds!" et il a montré son poing en direction des arbres."bande de lâche ! Quelle exemple vous donnez avos petits frères ?criminels !"
Mucahit de l'école de Henri Wallon de Vénissieux
Nadine nous faisait mettre en rang, deux par deux, dans le couloir et la classe, il y avait une frontière. Quand on franchissait la frontière, on devait respirer un grand coup, elle disait qu'on entrait dans un autre espace. C'est drôle, au début, je la trouvais débile, mais, au bout de quelque temps, j'aimais ça, respirer, franchir la frontière, m'assoir tranquillement à ma place et l'écouter.
Au collège Camille-Claudel, entre la rue et la grande cour, entre la grande cour et le hall, entre le hall et le couloir, entre le couloir et la classe, les frontières sont des passoires, et il n'y a pas de douaniers. Les élèves entrent en parlant, ils jettent leur cartable sur les tables. Si le prof n'élève pas la voix, ils continuent. Si le prof élève la voix, ils s'arrêtent, à peine une minute, et ils recommencent. Déjà la moitié de mes profs ont abdiqué.
-- Abdiquer : renoncer à agir, se déclarer vaincu --
Ceux de cette meute-là, je l'ai remarqué dès le premier jour, ils ne baissent pas les yeux quand on leur parle. Ils n'ont jamais peur, de personne. Même leurs rires ne sont pas des rires, mais des rictus.
Devant moi, les tours forment des lignes comme les mailles d'un filet dont on ne peut s'échapper.
Quand le collège est vide, je pourrais presque l'aimer.
Manu fait partie de la meute de Tarek. Ceux qui sont dans cette meute, on passe devant eux et on s'écrase.
Mon cousin Tarek est un chef. Il ne respecte personne, mais tout le monde le respecte, c'est-à-dire que tout le monde a les jetons. (p.21)
Le collège Camille-Claudel, c'est comme chez moi. La télé est toujours allumée, des voix murmurent ou crient, et c'est toujours un film de guerre.