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Critique de ptitsoph


Un siècle américain une saga de près de 2000 pages de l'auteure américaine Jane Smiley.
Une saga en trois volumes : Nos premiers jours 1920 – 1953, Nos révolutions 1954- 1986 et L'âge d'or de 1987 à 2016.
J'ai commencé le premier volume au tout début du confinement et je me suis accordée une petite parenthèse littéraire avec deux romans sortis en janvier. Très vite, j'ai eu envie de retrouver les personnages très incarnés et j'ai donc enchaîné les tomes 2 et 3 sans aucune lassitude.

L'auteure raconte l'histoire de la famille Langdon, des fermiers originaires d'Allemagne installés en Iowa. Les premiers chapitres nous présentent le couple fondateur de la saga : Rosanna et Walter. La vie est dure dans les champs de maïs mais aussi à la maison. Les grossesses se suivent et nous faisont connaissance dès leur naissance avec les enfants de la fratrie Langdon qui à leur tour se marieront et enfanteront. Jane Smiley suit le schéma basique d'une saga familiale mais elle y apporte son talent et son art du récit.
Chaque chapitre correspond à une année de temps, les personnages évoluent vite, les enfants grandissent et partent pour leurs études, les situations professionnelles ou personnelles changent.
Les personnages sont très vite identifiables mais ne sont jamais caricaturaux, pour ma part j'avais une préférence pour Arthur, membre de la CIA mais j'étais intéressée par l'évolution des autres protagonistes. L'auteure tisse une toile complexe entre eux tous.

Le style de l'auteure m'a un peu déroutée sur les cent premières pages car j'aime beaucoup les auteurs de type nature writing comme Ron Rash.
Ici l'écriture semble plus simple, un peu plate, voire sans relief, mais ce n'est qu'une illusion. Certes la toile de fond est constante : la vie rurale est monotone, rythmée par les intempéries qui menacent les récoltes. Mais les bouleversements de la grande Histoire apportent leur lot de surprises et de chagrins au sein de la famille Langdon. Les scènes les plus émouvantes sont effleurées par l'auteure qui esquisse via ces héros ordinaires des gestes immémoriaux qui nous bouleversent : un enfant câliné sur des genoux, une lettre anodine envoyée par un fils parti à la guerre à sa mère.

Certains motifs sont récurrents comme les très jeunes hommes de la famille qui partent à la guerre, 39/45,Vietnam et Irak, mais loin d'être un artifice c'est plutôt une connivence qui s'installe avec le lecteur. La guerre restant une fumisterie, une boucherie.
Les réunions de famille rythment également le récit : Thanksgiving, Noël, mariage puis enterrements permettent aux hommes et aux femmes éloignés de se retrouver un temps.

C'est aussi un roman sociétal et féministe qui sur prés d'un siècle nous révèle en filigrane l'évolution des moeurs et de la société : émancipation des femmes, reconnaissance des noirs et des homosexuels.
Enfin et surtout c'est un roman écologique car Jane Smiley n'a pas choisi par hasard de planter son décor dans une ferme de l'Iowa. L'arrière grand-père Walter travaillait de ses mains, puis son fils Joe à commencer à cultiver du maïs hybride artisanal et à utiliser des pesticides, Jesse, le petit-fils lui est pris dans l'engrenage infernal des OGM, des graines achetées à crédit qui endettent sa ferme.
C'est un constat amer qui est dressé sur l'Amérique d'aujourd'hui même si le livre a été fini avant l'élection de Donald Trump. La politique étrangère au Moyen Orient dictée par des intérêts économiques, le manque de prise en charge des laissés pour compte de la société, la main mise des trusts financiers sur l'économie des USA et du monde etc...
Le dernier livre refermé et posé, je me suis sentie orpheline mais je sais que tous ces magnifiques personnages Rosanna, Arthur, Andy, Minnie, Joe, Henry, vont continuer à m'accompagner un long moment.
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