L'appât

- Au fait, tu n'as pas fait des photos de mariage pour quelqu'un du labo de la criminelle ?
Eckert acquiesça de la tête.
- Si. La fille d'un des responsables s'est mariée il y a une quinzaine de jours. Je viens de terminer les tirages.
- Ce serait sympa si tu t'arrangeais pour qu'ils nous accélèrent les tests médicamenteux de Korman. Pourquoi tu ne garderais pas les photos jusqu'à ce qu'ils nous transmettent les résultats des analyses de tissus et de sang ?
- Tu veux que je prenne leur premier-né en otage, pendant que j'y suis ?

Un bruit de griffes sur la vitre de la cuisine attira son attention. A l'intérieur, le matou obèse de Korman grattait en geignant.
- Merde ! J'ai l'impression d'être gardien de zoo, pas détective aux homicides ! Enfin bref ! Tu gardes la baraque, je vais nourrir le fauve. Il faudrait aussi que j'appelle la SPA. Ce qui me désole, c'est qu'au bout du compte, s'il ne trouve pas acquéreur, le minet va finir piqué.
- Ne dramatise pas. Peut-être qu'un des fils Korman le prendra. Iris leur a parlé hier soir. Aux dernières nouvelles, ils cherchaient un vol pour aujourd'hui.
Scheiber cogna contre la vitre.
- Tu entends ça, le matou ? Tu as une journée de sursis. Mais si personne ne veut de toi, c'est Sing Sing pour les chats, j'en ai peur.

- Viens Lucas, murmura celle-ci. on va s'occuper du petit déjeuner tous les deux.
Le gamin sauta du lit en s'écriant :
- Des gaufres !
Et il partit au pas de course dans le hall avec la légèreté d'un troupeau d'éléphants.
- Mince alors. C'était quoi ce truc ? s'enquit Eckert au bout du fil.
- Le bruit ? C'est le dernier cri des technologies de pointe. On appelle ça contraception sonore.

- Je vous dis adieu, mon ami. Et souvenez-vous bien de ceci : personne au monde ne désire avec plus de passion qu'un Russe. Méfiez-vous de qui désire trop.