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Critique de Melpomene125


Au pied du sapin, entre une tablette et un iPhone, « mon précieux » dont je « caresse le visage le matin pour voir si tout va bien », peut-être un livre en papier sera-t-il aussi présent. Lui aussi peut être touché, caressé, capter l'attention et offrir une évasion hors du quotidien.

Pourquoi pas celui-ci : Les Chemins secrets de la liberté qui transporte le lecteur en un temps où le mot « évasion » existait au sens propre ?

Ce livre est l'histoire fictive de Julilly et Lisa qui, malgré leur jeune âge, s'enfuient de la plantation du Mississippi où elles sont esclaves. Elles tentent de gagner le Canada, pays où l'esclavage est interdit. Elles sont aidées dans leur fuite par le « Chemin de fer souterrain », un réseau clandestin grâce auquel de nombreux esclaves ont pu atteindre le pays de la liberté. « Arriveront-elles au bout de leurs souffrances ? » La quatrième de couverture m'avait tout de suite attirée.

Ce roman passionnant est très bien écrit. Il m'a fait découvrir Martin Luther King car un petit extrait très abordable de ses discours apparaît au tout début. Il peut être lu en famille, il n'est ni trop violent, ni trop romancé. Je remercie l'autrice d'avoir écrit un si beau texte à destination des enfants, qu'elle ne prenait pas pour des idiots. Ce roman a été publié en France dans les années quatre-vingt, je ne sais pas s'il est encore édité mais je crois qu'il mériterait de l'être. Pour aborder le thème délicat de l'esclavage sans traumatiser les enfants, il est, selon moi, parfait.

La biographie de Barbara Smucker, née en 1915, indique qu'elle « a consacré sa vie et ses livres aux opprimés ». Ce dont le monde a « désespérément besoin, dit-elle, c'est de justice, de vérité, de patience, d'amour et de bonne volonté ». « Journaliste, auteur d'encyclopédies, elle n'a cessé d'étudier, de s'informer, d'ouvrir les yeux, les oreilles, l'esprit sur ses semblables. Mais ce qu'elle préfère à tout, c'est écrire pour les enfants, leur faire connaître l'histoire des humains. »

À la fin de ce roman, elle donne la parole, sous forme de citations, à deux abolitionnistes, Alexander Ross : "Lorsque j'ai entrepris d'aider les esclaves à retrouver leur liberté, je ne me leurrais nullement sur les dangers qui m'attendaient ni sur la mort rapide et sans nul doute cruelle qui serait mon lot si mes plans et mes desseins étaient découverts." et Levi Coffin, un quaker : "Je m'élève contre l'esclavage, et je crois, en mon âme et conscience, que c'est un péché contre Dieu et un crime contre l'Homme que d'assujettir un être humain, rabaissant l'image de Dieu à celle d'une bête qu'on achète et qu'on vend au marché comme un boeuf ou comme un pourceau."

La religion qui, trop souvent, pousse les hommes à s'entre-tuer, a incité les quakers à risquer leur vie pour aider d'autres hommes. C'est assez rare pour être souligné.

Il n'y a pas très longtemps, je répondais à une question : quels sont les livres de littérature jeunesse que vous avez préférés, qui vont ont marquée?

Je répondais, comme peut-être autant d'idées de cadeaux pour les enfants, qui soient de nature à leur donner le goût de lire et de découvrir l'histoire d'autres êtres humains : Les Chemins secrets de la liberté de Barbara Smucker, du soleil sur la joue de Marilyn Sachs et Les Étoiles cachées de Régine Soszewicz. Les deux derniers évoquent avec finesse et subtilité, sans créer de traumatismes, le sujet douloureux des persécutions antisémites en France durant la Seconde Guerre mondiale. Chacun d'eux mériterait une chronique et d'être lu et relu, seul ou en famille.

J'ajouterais aussi les romans de Bernard Clavel que j'ai "dévorés", adolescente, depuis ce fameux soir de Noël 1992 où j'ai trouvé au pied du sapin La Maison des autres, premier tome de la Grande Patience, qui raconte l'histoire de Julien Dubois. Jeune homme de quatorze ans, il entre en apprentissage chez un pâtissier, en 1937. Il découvre l'amitié, la solidarité ouvrière, le sentiment de responsabilité… Les autres tomes n'ont pas tardé à suivre : Celui qui voulait voir la mer, le Coeur des vivants et Les Fruits de l'hiver. Captivée, j'ai suivi Julien devenir un homme, traverser la Seconde Guerre mondiale, connaître les joies et les tourments de l'amour avec Sylvie… D'autres livres ont suivi comme La Révolte à deux sous, le Voyage du pèreBernard Clavel disait que la langue est belle quand elle s'adresse à tout le monde. Ses romans populaires ont souvent été source de réflexion pour moi.

Je vous souhaite à tous de joyeuses fêtes de fin d'année !
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