Bizarrement, alors que ce "guide" Blackwell se concentre sur le Moyen-Orient, et n'évoque l'Egypte que marginalement, l'édition de poche américaine porte une fresque égyptienne ... Les guides ("companions") Blackwell couvrent à peu près tout le champ culturel, depuis les Historiens Romains jusqu'à Shakespeare ou la littérature romantique, du Moyen Orient antique à nos jours. Leur richesse et la qualité de leur information scientifique signalent assez à quel point la vie intellectuelle en langue française est tombée dans un état de provincialisme étroit.
Ce guide ou compagnon ne consacre qu'une brève première partie (mais combien précieuse, synthétique et précise, pour des périodes infiniment complexes) à l'histoire générale, depuis la sédentarisation des hommes au Moyen-Orient (10000 av. J.C.) jusqu'à la conquête macédonienne de l'empire de Darius, au -IV°s. le reste du volume, dû aux plus grands spécialistes, aborde les langues écrites et parlées, l'économie, les sociétés, et, comme il se doit, les questions de "genre" devenues obligatoires dans les universités anglo-saxonnes (deux essais sur les 32 du volume). On y apprend avec surprise qu'il valait mieux être une riche princesse en bonne santé qu'une pauvre esclave malade.
La partie culturelle est centrée principalement sur la Mésopotamie, depuis l'architecture jusqu'à la médecine (qui va avec la magie et l'astrologie). Les essais de la dernière partie ("L'héritage du Moyen-Orient antique") sont plus aventurés, et abordent les questions du monothéisme, né dans l'Israël antique, de l'individualité, de l'identité ethnique (qui a aussi une histoire) et de la liberté politique.
Ce livre remarquable n'a aucune illustration, car c'est un "paperback" et non un livre d'art, mais les essais qui le composent sont, comme le dit la quatrième de couverture, "de stimulantes introductions à un vaste ensemble de thèmes, que les encyclopédies ou les livres spécialisés traitent peu ou plus sèchement".
Un vrai coup de coeur ! Euh non, une pépite qui est une vraie claque...
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Comme Rome, l'histoire de l'Assyrie ne fut pas seulement celle de la croissance d'un empire, mais aussi d'une idée impériale. Bien que l'empire assyrien s'effondrât finalement sous les assauts combinés des Mèdes et des Babyloniens révoltés, la structure qu'il avait créée lui survécut, car il n'y eut aucune réelle tentative de retourner à l'état précédent de fragmentation politique. La contribution durable de l'Assyrie fut la création d'un fait impérial irréversible, si profondément enraciné dans la culture politique du Moyen-Orient qu'aucun modèle alternatif ne lui fit concurrence, en fait, presque jusqu'à l'époque moderne.
Paul-Alain Beaulieu, "World Hegemony, 900-300 av. J.C.", p. 49