Pouvoir choisir précisément le mot qui sort de sa bouche, lui donner une teinte particulière, unique, qui reflète vraiment notre âme à un moment donné, c'est pourtant, selon moi, la plus grande des libertés.
On est peut-être tous des fêlés qui n'ont pas choisi leur famille, mais qui ont choisi de vivre, et qui l'oublient.
À mon avis, on sort du ventre seulement quand on sait qu'on peut y arriver. Quelles que soient les épreuves qui vont nous tomber dessus, on avait senti qu'on pourrait les supporter.
J'ai toujours manqué de motivation. En tout cas, on m'a seriné les oreilles avec ça, comme si j'étais un mollusque qui se traînait du canapé au lit depuis sa naissance. Je ne sais pas si c'est vrai. Peut-être me confiait-on uniquement des missions que je n'aimais pas, sans chercher à découvrir ce qui pouvait me faire vibrer ? Les profs me priaient de faire un effort. Moi, je priais pour qu'une tornade vienne secouer cette vie morne.
Comment se forger un destin ? J'y pense en regardant les étoiles. Quoi que je fasse, la Petite et la Grande Ourse ne bougeraient pas de place dans la Galaxie. Si on ne peut pas changer la donne, n'est-ce pas possible, tout de même, de tirer son épingle du jeu ? Comme au poker : on ne choisit pas ses cartes, ce qui n'empêche pas de gagner. À condition d'être futé et de ne pas faire l'autruche.
Espionner les autres, quel sacré manque de respect ! Parce que le respect, c'est laisser l'autre en paix s'il ne souhaite pas être vu. C'est aussi le regarder droit dans les yeux. Je ne sais pas trop, en fait, ce qu'est le respect. On m'a surtout marché sur les pieds jusqu'à présent. On m'a chanté des berceuses dans mon lit à barreaux comme on m'aurait offert des fleurs couvertes d'épines. Il y a des trous dans chaque pore de ma peau, des petits manques se sont creusés chaque fois que ma mère quittait la chambre, qu'elle ne me regardait plus.
Un peu comme ces jeunes qui se filment avec leur portable : celui qui vit, c'est celui qui a sa tête sur l'écran et que tout le monde regarde ou celui qui prend la photo ?
Si un jour la célébrité vous tombe dessus comme la fiente d'un pigeon sur la tête : fuyez. Plus personne ne vous regardera droit dans les yeux quand vous serez un demi-dieu. On vous fera des courbettes, mais vous serez traqué comme une bête. (page 132)
Si, un jour, la célébrité vous tombe dessus comme la fiente d'un pigeon sur la tête, ne perdez pas de temps à vous pavaner derrière des lunettes de soleil : fuyez.
Et il ne manquerait plus que je fasse semblant, moi aussi, d'aimer cette existence où je dois allumer un écran pour assister à un évènement trépidant et me sentir vivant.