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Citations sur La confiture d'abricots et autres récits (14)

Mais comment cracher sur le travail qu'on a accompli pendant vingt ans avec zèle et passion ?
Cracher sur soi- même , sur le fond de son âme ?
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Quand on est un enfant, tout est facile. Ils continuaient de rire et de courir pendant les récréations. Mais toi-même, tout au long de cette année si pénible, comment avancer, comment mener filles et garçons jusqu’à des temps meilleurs, tout en sauvegardant en eux une fraîche perception du Pur et du Beau ? Comment leur apprendre, au milieu de la difformité présente, à discerner le bon droit et la nécessité de l’Ère nouvelle ? Nastenka se rappelait nettement l’enthousiasme de Chourik. Aujourd’hui encore, elle en éprouvait la contagion : en voilà un qui savait voir !

Nastenka
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C’est déjà le début de juillet. Les tilleuls sont en fleur. S’en emplir les poumons, encore, encore.
Combien nos poètes et nos écrivains ont-ils été à le rappeler ? Comme le monde est beau, mais comme les hommes le rapetissent et l’empoisonnent avec leurs haines inépuisables ! Quand donc tout cela s’apaisera-t-il ? Quand donc les gens pourront-ils vivre dans la lumière et la raison, sans entraves ni mutilations ?… Les générations en rêvent l’une après l’autre.

Ego
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C’est dans le désarroi qu’Ektov vécut les années de la guerre civile : à voir ses concitoyens s'entr’égorger avec férocité et à sentir peser la semelle de fer de la dictature bolchevique, il ne trouvait plus de sens à la vie de la Russie ni à la sienne propre. Jamais le pays n’avait rien connu d’approchant. La vie humaine avait perdu son cours normal, elle n’était plus l’activité d’êtres doués de raison ; sous les bolcheviques elle était réduite, tapie dans l’ombre et défigurée, à se frayer en petits ruisselets des chemins détournés ou finement calculés.

Ego
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Et vous savez ce qui m’a sorti de l’impasse ? La lecture des actes judiciaires du XVII et des siècles précédents. Pendant les interrogatoires et les séances de torture, les officiers de justice notaient avec exactitude et concision les paroles des accusés. Tandis que le malheureux recevait le knout, souffrait sur le chevalet ou qu’on promenait sur lui un faisceau de branches enflammées, ce qui s’échappait de sa poitrine était une langue absolument dépouillée, qui lui sortait des tripes. Et ça, c’est une nouveauté fumante ! Voici déjà mille ans que les Russes parlent cette langue-là, mais aucun écrivain ne l’a encore utilisée. Tenez » – et il faisait tomber à la petite cuiller dans une soucoupe de verre le jus épais de la confiture d’abricots –, « c’est cet ambre transparent, c’est cette couleur et cette lumière inattendues qu’il faudrait pouvoir retrouver dans la langue littéraire. »

La confiture d'abricots
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Vous dites encore que l’héroïsme est en train de devenir chez nous un fait de la vie quotidienne et que c’est le travail dans la société communiste qui donne à la vie son but et son sens. À quoi je vous répondrai, moi, que cet héroïsme et ce travail-là, ça n’est que de la boue, de la crotte qu’on engraisse avec notre sueur à nous en faire crever.

La confiture d'abricots
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On les avait mis en garde lors des séances d’éducation politique : « Éviter de trop irriter la population. » Mais aussi : « Ne vous laissez pas raconter d’histoires ; dès que de besoin : un coup de crosse en travers de la gueule ! »
Mais on notait chez les soldats une dangereuse réticence à marcher en armes contre des paysans (« nous-mêmes sommes des paysans, comment tirer sur les nôtres ? »). Et puis les bandits jetaient des tracts : « C’est vous, les bandits ? C’est pas nous qu’on va vous chercher. Quittez nos contrées, on n’a pas besoin de vous pour vivre. »


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Parfois, de toute la force déclinante de son souffle et de sa voix, il répondait que toute connaissance est un processus long, non linéaire, et que ce à quoi elle venait aujourd’hui d’accéder passerait à son tour, et qu’elle reconsidérerait encore ses vues, de nouveau et encore de nouveau, et qu’infinie est la profondeur de la pensée humaine.

Nastenka
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Il y avait quelque chose qu’il n’était pas possible de ne pas apprendre de Staline : il écoutait avec intérêt les chiffres des pertes en hommes de l’adversaire, mais ne posait jamais de question sur les siennes. Il se contentait d’éluder le problème d’un geste de la main, le pouce replié : « C’est la guerre. » Quant au chiffre de ceux qui s’étaient rendus, il ne voulait même pas le connaître. Pendant presque un mois, il interdit d’annoncer l’abandon de Smolensk, espérant toujours réoccuper la ville, hors de lui, envoyant sans cesse divisions sur divisions à l’abattoir. Et Joukov assimilait la leçon : si on suppute, pour commencer, les pertes éventuelles, si on calcule ensuite les pertes réelles, on ne sera jamais un grand capitaine. Le grand capitaine ne peut se laisser affaiblir par la pitié, et, quant aux pertes, il n’a besoin de savoir que les chiffres des renforts à prélever dans la réserve et leur délai d’acheminement. Et ne pas calculer la proportion des vies sacrifiées par rapport à un petit saillant comme celui de Ielnia.

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Les ordres émanant de l’état-major de Tambov n’étaient pas strictement militaires : telle zone de reconnaissance, telle ou telle opération à mener – mais toujours et uniquement : « attaquer et anéantir ! », « encercler et liquider ! », « sans s’embarrasser de rien ! »
Et on ne s’embarrassait pas. Seul problème : comment attraper les bandits ? comment obtenir des renseignements ? C’est que le pouvoir soviétique avait disparu des villages, ses représentants s’étaient enfuis, se terrant dans les villes ; qui interroger ? Le commandant d’armée ordonne donc de convoquer une assemblée de village. Les moujiks sont alignés sur un seul rang. « Lesquels d’entre vous sont des bandits ? » Silence. « Qu’on fusille chaque n° 10 ! » Et on le fusille sur place, devant la foule. Les femmes poussent des grands cris, hurlent. « Resserrez le rang. Lesquels d’entre vous sont
des bandits ? » On recompte, on met à part les gens à exécuter. Alors ils n’y tiennent plus, ils commencent à donner des noms. D’autres se sont enfuis à toutes jambes, dans toutes les directions, impossible de les abattre tous.

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