Nous sommes en présence d'un esprit libre dont les certitudes parfois dérangent. Nous survolons cinquante années d'observations artistiques, littéraires et politiques. Nous plongeons aussi dans ce XVIIIè trop souvent, à tort, résumé à un siècle de libertinage. Nous regardons et écoutons (mieux car l'amour qu'il leur porte nous y incite) peintres et musiciens. Ah! Bach! Mozart ! au point de lire : "Gracq "Deux ou trois fois compassé. Et puis une remarque : "Je n'aime pas Mozart". Bonsoir". Il passe son chemin, inutile de s'attarder.
Nous découvrons quelques réflexions et portraits d'autres écrivains et philosophes, nous pénétrons par la porte
Sollers dans un univers clos qu'il nous livre sans pitié.
Nous l'accompagnons, homme lucide, intelligence éblouissante et écrasante, ego marqué, coup publicitaire indirect ou volontaire (citations de ses
oeuvres - inutile d'aller plus loin, lisez-les - débuts de plusieurs romans - cela nous donnera-t-il vraiment l'envie de lire?), légèretés qui adoucissent l'âpreté d'une écriture complexe qu'il nous faut décoder - le Monde
Sollers - quelques phrases venin qui nous font sursauter - et souvent nous approuvons sa lucidité et souvent nous nous demandons : pourquoi ce mépris?, des passions qui nous touchent - Mozart,
Rimbaud,
Baudelaire,
Lautréamont,
Nietzsche, Venise, Europe..., une humanité que l'on entrevoit -Ah! Mais il est comme tout homme - les
femmes bien-aimées dont il parle avec réserve, le fils qu'il évoque pudiquement...
Livre étrange, kaléidoscope que l'on tourne et retourne : certaines images plaisent, d'autres heurtent mais n'est-ce pas cela
Sollers? ("de Sollus et ars : tout à fait industrieux, habile, adroit, ingénieux "- tout est dit). On est pris dans le tourbillon des mots, on aime, on déteste, on court, on peine, on râle, on rejette...En arrive-t-on au point du mépris de l'intelligentsia qui le poursuit? Non parce que , je le cite "on n'a rien compris, mais on a, de ce fait, beaucoup mieux compris que ceux qui ont mal compris". Bref on tente d'expliquer, d'excuser. C'est le temps qui dira ce qu'il reste en nous de cette lecture. Lire? Ne pas lire? A chacun sa liberté.