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Citations sur Sorrowland (20)

Il n'y a pas d'église, pas de philosophie, pas d'école de pensée, il ne faut avoir confiance en rien. Croire en quelque chose, c'est faire sacrifice de vos facultés

Vern s'étonnait souvent de constater que de grandes similitudes existaient entre le pays des Caïn et le monde extérieur. Les maris qui cherchaient à dominer leurs femmes et les femmes qui ne savaient pas comment faire pour quitter leurs maris
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Elle avait le calme d'un chanteur de blues, le calme d'un lac.
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La forêt transforme le chagrin en fleurs.
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La tragédie affûtait, transformait les êtres en lames tranchantes
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Elle l’imaginait, planté tout près de leur arbre, en train de déclamer un long sermon sur les hormones, les antibiotiques et les aliments génétiquement modifiés qu’on mangeait à l’extérieur du domaine et qui stimulaient les tendances lesbiennes contre nature. Il se lamenterait sur les hamburgers qu’il lui avait laissé manger quand ils faisaient des sorties en ville et lui annoncerait qu’elle devrait se nourrir exclusivement d’aliments crus pendant toute une année pour se purifier, comme la sœur Jay, dont le seul péché, apparemment, était d’avoir une voix trop grave. Jay était, comme aimaient le dire les Caïniens, de nature hommasse : grosse, large, affable, mais d’une affabilité assez peu féminine. Ce n’est pas la forme que devrait avoir un corps de femme, avait dit Sherman dans un de ses sermons. Certes, il fallait avouer qu’il n’avait pas été jusqu’à montrer une photo de sœur Jay. Regardez les images de nos ancêtres africains, nos frères, nos soeurs, ils étaient minces, agiles et d’apparence saine. C’étaient des chasseurs, qui régnaient sur leur territoire avec grâce et beauté. C’est la nourriture de l’homme blanc qui nous a endommagés, qui a déformé et perverti nos corps. La maladie, l’obésité, le prétendu autisme, la dépression, l’homosexualité, les hommes qu’ils croient qu’ils sont des femmes et les femmes qui croient qu’elles sont des hommes.
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– Y a des toilettes à l’intérieur, répondit une femme en montrant la porte du doigt.
Vern entra en faisant grincer les gonds. S’il avait su que sa femme entrait dans un endroit pareil, Sherman aurait piqué une de ces crises… Cette idée la fit sourire. Elle pissa, assise sur des toilettes pour la première fois depuis plus d’un an. C’était vraiment comme s’asseoir sur un trône ; on était si haut. Pas besoin de s’accroupir. Elle avait envie de voler le blé des paysans et de gracier des criminels qui ne le méritaient absolument pas.
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Elle survivait. Elle fabriquait le nécessaire. Des chapeaux pour la tête de patate douce de ses enfants ; des chemises de lin, des pulls de laine, deux paires de chaussettes, des caleçons longs en peau de lapin, pour l’hiver. Tout pour ne pas mourir.
Pendant cette période, pendant des jours d’été sans fin, pendant ces jours infiniment solitaires, Vern aurait dû s’inquiéter de ce que faisaient le pays de Caïn et le démon, mais cela lui paraissait presque accessoire : il fallait s’occuper de ses jumeaux, et aussi d’elle-même. Elle ne faisait que l’essentiel et rien de plus. Une orpheline, qui creuse, qui creuse, qui avance en creusant et crée ainsi son propre monde.
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– Bon, toi, alors, comment je vais t’appeler ? demanda-t-elle au second enfant, qui était plus petit que le premier, et qui respirait avec difficulté.
C’était un albinos, comme elle : sa peau blanche comme l’albâtre brillait dans l’obscurité, comme si elle avait tenu une lanterne à la main.
– Et pourquoi pas Farouche ? dit-elle.
Ce nom lui plaisait, parce qu’il lui semblait aussi agressif que celui de son grand frère, et aussi parce que l’idée de leur donner des noms aussi inappropriés la rendait très heureuse. Tout ce qui était approprié était horrible.
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Carmichael, le petit frère de Vern, avait une fois préparé un exposé sur un projet de réintroduction des loups dans la région de Yellowstone. Certains programmes scolaires de Sherman donnaient le droit aux élèves de sortir du domaine pour aller visiter des bibliothèques. Il s’agissait, en fait, d’un moyen de recrutement : les familles noires voyaient tous ces garçons caïniens, si intelligents, si propres, et se disaient qu’elles aussi pourraient en bénéficier. Mieux valait aller au domaine béni de Caïn qu’en prison, se disaient-elles probablement.
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Des cris visqueux bouillonnaient dans la gorge de l’enfant, mais se dissipaient sur le lit de la peau de Vern. Il commençait à comprendre cette réalité : la chair de cette personne était un refuge. Il savait qu’il fallait à tout prix rechercher la chaleur qu’elle dégageait, et se rapprocher de la source de l’odeur de lait.
C’était dommage : il avait les bons réflexes, mais cela ne suffirait pas à lui sauver la vie. De terribles dangers rôdaient dans cette forêt, même si Vern avait réussi à s’y créer un véritable refuge au cours des derniers mois. Un étranger lui avait déclaré la guerre, et ses menaces se faisaient sans cesse plus explicites : une biche étripée et le fœtus de son faon mort posé sur le sol ; un raton laveur écorché et cloué au tronc d’un arbre, son corps revêtu d’une grenouillère ; et partout, partout, des lapins pendus à des branches, le cou enserré par un nœud coulant, les pattes recouvertes de chaussons de nourrissons. Le démon grimait toujours ses victimes de façon à faire allusion à la maternité et s’efforçait de coller à son thème avec l’entêtement d’un enfant de cinq ans qui préparait sa fête d’anniversaire.
Une autre fille aurait sans doute écouté ces avertissements et quitté la forêt, mais Vern préférait la violence ouverte de ces menaces à la sourde malveillance qu’elle avait connue hors des bois. Se faire prévenir qu’un malheur allait arriver lui semblait un luxe agréable. Elle n’aurait peut-être pas été la seule à fuir le domaine, si là-bas aussi il y avait eu un démon qui envoyait des messages à l’aide d’animaux massacrés.
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